Il est un fait que les terres agricoles s’appauvrissent au fil des ans de leur exploitation, nécessitant des apports extérieurs en nutriments et en fertilisants pour espérer de bonnes récoltes, si la pluviométrie est au rendez-vous. Au-delà, les pratiques agricoles comme la jachère et la rotation des cultures se veulent comme une panachée. Depuis plus d’une année, le gouvernement de Transition a lancé l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 et l’Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024, de la souveraineté alimentaire sous-tendue par la création d’emplois décent dans le secteur agropastoral.
Cette volonté doit aller de pair avec la mécanisation agricole qui a l’avantage d’accroître la production, d’améliorer le timing des opérations, le traitement des cultures, de l’irrigation et des infrastructures, de compenser les pénuries de main-d’œuvre et d’alléger la pénibilité du labeur. Dans un contexte comme celui du Burkina Faso où une grande partie du monde rural continue d’utiliser principalement la houe manuelle pour la culture primaire, la mécanisation constitue un véritable casse-tête, surtout pour les petits exploitants. Et ce, au regard du coût des intrants de la mécanisation souvent hors de portée des familles paysannes, du manque de compétences techniques nécessaires pour adopter et exploiter de manière rentable les machines agricoles et enfin, d’une fabrication locale peu développée des machines agricoles avec son corollaire de difficultés de réparation des équipements motorisés et de la fourniture de pièces de rechange.
Toutefois, l’espoir est permis avec les politiques agricoles successives qui accordent de plus en plus une place importante à la mécanisation, avec en sus, une subvention des intrants et équipements au profit des acteurs du secteur.
L’incitation à la fabrication locale des tracteurs (avec Tropic Agro Chem par exemple), la mise en place du Fonds de l’eau et de l’équipement rural (FEER) et de la Société nationale de l’aménagement des terres et de l’équipement rural (SONATER), la création de la Banque agricole du Faso, sont autant de décisions qui, mises efficacement en œuvre, promettent de lendemains meilleurs. A cela, il faut ajouter les remises successives de tracteurs depuis quelques années, notamment en 2017 (500 tracteurs), en 2019 (400 tracteurs) et en 2022 (500 tracteurs). L’opérationnalisation de l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 et l’Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024, en plus de viser l’autosuffisance alimentaire, viennent donner un coup d’accélérateur à ce processus de mécanisation agricole. Déjà, le lundi 6 mai 2024, le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, procédait à la remise aux producteurs, de 400 tracteurs, 710 motopompes, 239 motoculteurs, 10 000 litres de produits phytosanitaires, 9 893 tonnes d’aliments concentrés (SPAI), 18 000 tonnes de semences végétales, 1 000 tonnes d’aliments poissons, 714 motos agents terrains et 68 964 tonnes d’engrais.
Mises ensemble, ces actions doivent être portées par une stratégie de mécanisation agricole à l’échelle nationale, l’adoption de pratiques agricoles durables avec le principe « produire plus avec moins », l’accès des petits exploitants au financement, l’organisation structurelle du secteur et le développement de politiques incitatives de fabrication locale des machines agricoles. C’est à ce prix et avec l’engagement sincère des acteurs que l’agriculture burkinabè pourra nourrir les Burkinabè tout en préservant l’environnement et en générant des revenus pour le monde rural .
Jean Marie TOE
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