Les centrales nucléaires fournissent de l’électricité abordable 24h sur 24 et de manière fiable et garantissent une sécurité d’approvisionnement élevée. Un avantage économique majeur pour les grandes entreprises industrielles et les services qui profitent également aux consommateurs d’électricité privés. Au regard du retard énergétique de l’Afrique, l’énergie nucléaire pourrait constituer une solution pour le continent.
Historiquement considérée comme symbole de modernité et de richesse économique, l’énergie nucléaire n’était exploitée jusqu’à présent que par une minorité de pays, notamment les plus aisés. Une grande partie du continent africain puise son énergie grâce aux énergies fossiles, comme les centrales à charbon, plus lentes et bien plus polluantes. A la suite de l’augmentation significative de sa population, le continent fait face à un véritable besoin de développement économique, industriel ou infrastructurel.
Face à ce besoin croissant d’énergie, plusieurs pays d’Afrique ont fait part de leur souhait de développer l’énergie nucléaire pour s’approvisionner en électricité.
En effet, l’Afrique voit sa population grimper en flèche et ses besoins énergétiques suivent la même tendance. Selon différentes études, le continent doit installer environ 160 Gigawatts (GW) à l’horizon 2025 et davantage en 2050 quand sa population passera à 2 milliards d’habitants (1,5 milliard actuellement).
En Afrique subsaharienne par exemple, 57 % de la population n’a pas accès à l’électricité. Pourtant, le potentiel énergétique est présent en Afrique. Qu’il s’agisse d’hydroélectricité, d’énergie éolienne, du solaire ou du nucléaire, diverses options sont offertes dans les différents pays.
Au regard des enjeux du moment, l’énergie nucléaire parait la meilleure option, selon certains experts. Et cela, dans la mesure où elle ne produit pas de gaz à effet de serre. Cette solution permettrait donc à l’Afrique de régler une partie de son problème énergétique tout en cherchant à atteindre les objectifs de la transition énergétique.
Le Niger et la Namibie sont parmi les plus grands exportateurs d’uranium au monde. Pourtant, le continent africain n’a qu’une seule centrale nucléaire en Afrique du Sud.
L’énergie nucléaire est donc très peu utilisée en Afrique pour plusieurs raisons, notamment en ce qui concerne les connaissances techniques et les infrastructures, mais aussi parce que plusieurs pays occidentaux achètent une grande partie de la production d’uranium africaine. En effet, 25 % des importations d’uranium (l’une des matières premières utilisées pour la production de l’énergie nucléaire) dans l’Union européenne proviennent du Niger.
Si l’énergie nucléaire présente des avantages certains, elle suscite néanmoins des débats par rapport à son impact environnemental. En effet, l’exploitation non maitrisée de l’énergie nucléaire peut être source d’insécurité chez les populations.
On a encore en mémoire l’accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl, dans l’ex-Union soviétique en 1986, qui a fait officiellement environ 4 000 morts. Ou encore les tsunamis au Japon en 2011 qui ont provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima. Cet autre incident a entrainé le rejet de matériaux radioactifs et forcé l’évacuation de dizaines de milliers de résidents. Officiellement, 2 200 morts ont été enregistrés parmi les personnes évacuées.
Ruée vers l’énergie nucléaire, malgré tout
Des Etats africains ont clairement indiqué leur intention de construire des centrales nucléaires. Ils prennent la suite de l’Afrique du Sud, seul pays du continent à disposer d’une usine dotée de deux réacteurs.
Si plusieurs pays possèdent déjà leurs propres réacteurs nucléaires, notamment dans le cadre de recherches médicales, seule l’Afrique du Sud est dotée d’une centrale nucléaire qui couvre une partie du réseau électrique du pays.
L’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria, le Soudan, le Burkina ont ainsi déclaré vouloir passer à la production d’énergie nucléaire. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un tiers des pays candidats à l’énergie atomique dans le monde serait africain.
En octobre 2023, à Moscou, les gouvernements burkinabè et russe ont signé un accord pour la construction d’une centrale nucléaire. Dans cette dynamique, une délégation de Rosatom, le géant russe du nucléaire, était en visite à Ouagadougou, en août dernier, pour évaluer un projet de construction d’une centrale au Burkina Faso. Au cours de cette visite, ce sont les aspects techniques permettant de jeter les préalables à la construction de la Centrale qui ont été abordés. Pour l’heure, la date de démarrage des travaux n’est pas encore connue.
Les autorités burkinabè fondent beaucoup d’espoir quant à la réalisation de ce projet important. Selon le ministre en charge de l’énergie, Yacouba Zabré Gouba, il s’agit, à travers la solution nucléaire, de résoudre une bonne fois pour toute, et dans la durée, le déficit énergétique que connait le Burkina.
A la fin de 2020, seuls 22,5 % des Burkinabè (67,4 % en zone urbaine, 5,3 % en milieu rural) avaient accès à l’électricité, selon la Banque africaine de développement. Le Burkina Faso importe une grande partie de son électricité de la Côte d’Ivoire et du Ghana, pays voisins, et en produit une autre partie localement, principalement par l’énergie hydroélectrique et solaire.
Gabriel SAMA
