Editorial : désenclaver les zones pastorales

Depuis quelques années, les saisons des pluies rappellent constamment aux Burkinabè, la nécessité d’avoir un bon réseau routier. Cette année encore, dame nature l’a fait savoir en ouvrant « excessivement » les vannes avec parfois des situations bien dommageables dans plusieurs localités du pays. De la Route nationale 1 (pont de Hèrèdougou) à l’axe Bobo-Bama, en passant par les axes Bobo-Orodara ou Banfora-Orodara, les trafics ont dû être interrompus du fait de la montée des eaux qui a également endommagé certaines infrastructures.

Pour y faire face, les départements ministériels en charge de l’eau, des transports et des infrastructures, mais aussi les autorités régionales ont mis les bouchées doubles pour permettre, dans des délais raisonnables, la reprise des trafics au grand bonheur des populations.

Au-delà de ces principales voies, des pistes rurales n’échappent guère à la situation, avec d’énormes conséquences sur la mobilité des populations et celle de leurs biens. Aménagées dans plusieurs régions du pays, les zones pastorales souffrent aussi de ce manque de voies d’accès praticables.

« Quand il pleut, les déplacements sont limités. Parfois, tu appelles le vétérinaire pour soigner ton animal et il ne peut pas venir, à cause de l’état de la voie ». A lui seul, ce témoignage d’un éleveur de la région du Centre-Sud (Manga) témoigne de l’impérieuse nécessité de désenclaver ces zones, afin de venir en aide aux populations des localités reculées.

En plus des questions de soins vétérinaires, l’aménagement des voies d’accès aux zones pastorales aura l’avantage de faciliter l’écoulement des produits de l’élevage tels que le lait, la viande et le bétail sur pied qui nécessite des routes praticables pour les camions et tout autre moyen de transport. Ce désenclavement permettra également de faciliter l’accès des zones aux partenaires au développement, notamment les Organisations non gouvernementales (ONG) et associations de développement qui souhaiteraient apporter des appuis techniques et financiers aux acteurs.

Dans un contexte national de mise en œuvre de l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025, les autorités de la Transition doivent donc investir dans les voies d’accès aux zones pastorales, surtout les zones pilotes, pour donner à cette volonté salvatrice d’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, toutes les chances de réussite. A cet effet, le programme d’investissement à Haute intensité de main d’œuvre (HIMO) et les travaux communautaires peuvent être mis à contribution.

Il y va de l’intérêt de tous, surtout qu’au-delà de l’élevage, les populations ont parfois du mal à accéder aux centres de santé en cette période de paludisme. Que ce soit pour les humains que pour les animaux, le désenclavement des zones pastorales s’impose donc comme une nécessité absolue. La balle est donc dans le camp des autorités, mais aussi des communautés locales, surtout qu’il est de plus en plus question de développement endogène.

Jean-Marie TOE