Les cancers du sein et du col de l’utérus sont les plus fréquents chez les femmes au Burkina Faso. Les statistiques révèlent que 818 femmes meurent du cancer du sein et 775 de celui de l’utérus par an. D’où une grande campagne de mobilisation lancée par le ministère de la santé en ce mois surnommé « Octobre rose ». C’est une période durant laquelle la sensibilisation et le dépistage des cancers gynécologiques féminins s’intensifient.
Cette année encore, le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays, a célébré « Octobre rose », une période durant laquelle les femmes sont invitées à se faire dépister du cancer du sein surtout, mais aussi de celui du col de l’utérus. Ces types de cancers sont devenus un fléau qui tue chaque jour. Selon l’Observatoire mondial des cancers 2022 (GLOBOCAN), 1 372 nouveaux cas de cancers de sein ont été notifiés au Burkina Faso soit 15,3% des cas de cancers chez la femme, avec 818 décès. En référence aux données de l’annuaire statistique 2023, on a dénombré 2 571 cas de cancer de sein dans les formations sanitaires avec 111 décès. Sur 100 cancers qui surviennent chez la femme, il y a 55 qui sont des cancers du sein.
Les cancers les plus fréquents au Burkina Faso sont ceux du sein (21,6%), de la prostate (11%) et du col de l’utérus (9,9%). Face à ce problème majeur de santé publique, le ministre en charge de la santé, Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, pense qu’il est crucial d’intensifier la lutte à travers la sensibilisation, mais aussi en facilitant l’accès au dépistage et aux soins. Même si ces types de cancers sont devenus un fléau qui tue chaque jour, avec le dépistage précoce on peut sauver. Pour le ministre, cette situation traduit l’importance de la lutte. La charge du cancer du sein est croissante avec une forte incidence sur la santé ainsi que des conséquences majeures sur le plan social et économique.
C’est pourquoi, son département a mené un certain nombre d’actions. Il s’agit de la poursuite de la mesure de gratuité pour le dépistage des cancers gynécologiques et mammaires dans les formations sanitaires publiques, de la réouverture du centre de radiothérapie au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo et de la mesure de gratuité de la radiothérapie pour les femmes atteintes de cancers du col de l’utérus et du sein, instaurée le 19 avril 2023 pour trois catégories de patients.
Parmi les actions, on peut également citer la mise en place du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC) en avril 2024. Le PNLC est chargé de la coordination, de la prévention, du dépistage, de la gestion des données et de la recherche en cancérologie dans le pays. C’est un outil qui devrait permettre une synergie d’actions contre le cancer au Burkina Faso. Son coordonnateur, Pr Nayi Zongo, a affirmé qu’il y a une précocité de décès des personnes chez qui la maladie est diagnostiquée. A l’entendre, le cancer est un problème majeur de santé publique coûteux. La prise en charge d’un seul cas va au-delà d’un million F CFA, ce qui est hors de portée de la plupart des familles. Sur la vaccination contre le cancer du col de l’utérus des filles de 9 à 14 ans, il a déclaré qu’il faut mobiliser des milliers de doses, malgré la subvention.
Les cliniques mobiles mobilisées
Un fait important à ne pas occulter dans la croisade contre les cancers féminins est le déploiement de cliniques mobiles dans toutes les régions. Une grande première pour le pays. « L’objectif est de rapprocher les soins aux populations les plus vulnérables. Ce sont des cliniques mobiles qui sont déployées dans toutes les régions du Burkina Faso afin d’offrir des soins de qualité aux Burkinabè où qu’ils soient », déclare le président du Faso, capitaine Ibrahim Traoré, le 24 juillet dernier, lors de la remise de ces équipements. C’est ainsi que durant ce mois rose, ces cliniques ont parcouru des zones périphériques des villes, des campagnes pour donner la chance aux femmes de se faire dépister et de faire des échographies gratuitement.
Pour le ministre Kargougou, de milliers de femmes de toutes les contrées du pays devraient être sensibilisées au cours de ce mois d’octobre sur le cancer du sein et d’autres bénéficieront de mammographie gratuite. A l’endroit des femmes, il conseille une autopalpation régulière qui consiste à examiner soi-même ses seins afin de s’assurer de l’absence d’anomalies passagères ou persistantes, devant conduire à une visite médicale. Il a saisi l’occasion pour féliciter tous les acteurs pour leur engagement dans la lutte contre ce fléau qu’est le cancer. Il les a invités à s’investir davantage dans ce combat.
Le corps médical en a fait son cheval de bataille. Pour le Pr Charlemagne Ouédraogo, gynéco-obstétricien au CHU de Bogodogo, durant ce mois, des messages à l’endroit de la population de tout sexe sur cette maladie grave doivent être lancés. « Le diagnostic précoce ou le dépistage doit se faire pour toute femme au-delà de 45 ans par la mammographie une fois tous les deux ans. Toute jeune fille doit s’auto-palper les seins à la recherche d’une anomalie », déclare-t-il. Aux hommes, il les invite à encourager leurs femmes ou à les accompagner auprès des spécialistes pour une consultation.
Habibata WARA
