Offensive agricole : le village de Nadion réussit sa production de riz

L’aménagement sommaire d’un basfond dans le village de Nadion a permis aux producteurs d’emblaver le riz qui est actuellement en état de maturité.

Un champ de riz en phase de maturité s’étire dans un bas-fond sommairement aménagé à Nadion, localité située à quelques encablures de la commune urbaine de Léo, chef-lieu de la province de la Sissili. Pour une première expérience, ce fut un coup d’essai réussi pour la population qui a emblavé 17 hectares (ha) dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique. Encadreurs agricoles et producteurs sont émerveillés par les excellents résultats auxquels ils sont parvenus.

Sous une chaleur accablante ce jeudi 17 octobre 2024, les encadreurs agricoles sont pressés de nous conduire sur le site de production rizicole de Bakanéssan dans le village de Nadion situé à quelques encablures de Léo, chef-lieu de la province de la Sissili. Après avoir traversé un champ de sorgho, nous voici en face d’un vaste espace sommairement aménagé où le riz est en état de maturité. L’aménagement de ce site a été effectué dans le cadre de l’initiative du ministère en charge de l’agriculture dénommée offensive agropastorale et halieutique 2023-2025.

Pour un coup d’essai, ce fut donc un coup de maître. Le riz présente une belle physionomie. Il n’y a presque plus rien à faire comme activité dans ce site sinon que la récolte dans quelques semaines. Le gazouillement des oiseaux déchire le calme olympien qui règne en

Alassane Néya est ravi de cultiver le riz pour soutenir les actions du gouvernement dans sa quête
de la souveraineté alimentaire au Burkina Faso.

ce lieu. Les producteurs, eux, vaquent à d’autres occupations. Nombreux sont ceux qui s’attellent à la récolte du niébé et du maïs. Le champ de riz force l’admiration de tout visiteur. Les agents d’agriculture auraient souhaité que leur ministre vienne visiter le site à cette période où les choses sont plus concrètes.

Il pourra alors, selon eux, bien apprécier le travail des braves producteurs qui ont massivement adhéré à l’initiative. Cyprien Bihoun est le chef départemental de l’agriculture de Léo. Il est très enchanté de visiter ce site rizicole qui n’était qu’un vaste terrain boueux et broussailleux. « L’année passée à pareil moment il n’y avait absolument rien ici », introduit-il.

Au départ, les populations se sont mobilisées pour réaliser, à mains nues, des diguettes. Celles-ci ont été par la suite compactées avant de céder la place aux tracteurs de l’Etat pour le labour. « Nous avons labouré 10 ha et procédé au parcellement », indique M. Bihoun. Les producteurs ont épousé l’idée de l’offensive agropastorale et halieutique en s’adonnant à fond à la culture du riz. Comme preuve de leur engagement, ils ont utilisé des outils rudimentaires pour labourer 7 ha, portant ainsi la superficie totale du champ à 17 ha.

« Les semis ont débuté ici entre les mois de juin et juillet », rappelle le chef de service départemental de l’agriculture de Léo. Alassane Néya est le président de la coopérative Songtaaba de Nadion, une nouvelle organisation paysanne qui regroupe environ 150 membres dont plus de 100 femmes. Le visage rayonnant de joie, il ne cesse de contempler le champ de riz où les plants vacillent au gré du mouvement du vent. M.Néya atteste que les habitants ont accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’initiative présidentielle dédiée à la production du riz.

Selon ses dires, les villageois ont immédiatement répondu à l’appel du Président du Faso, Ibrahim Traoré en vue d’apporter leur contribution à l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina Faso. Les agents d’agriculture disent avoir été débordés par la foule au moment de la répartition des parcelles de production. La variété TS2, une des variétés les plus prisées par le consommateur, a été imposée à tous les producteurs. Du reste, les semences certifiées leur ont été distribuées gratuitement par les agents d’agriculture. Les bons résultats enregistrés dans ce basfond rizicole sont le fruit de l’engagement des différents acteurs.

Les techniques de production ont été inculquées aux populations à travers une formation consacrée à la culture du riz. « Les objectifs de production leur ont ensuite été dévoilés », note Cyprien Bihoun. A l’entendre, les écartements de semis et les doses de semences ont été scrupuleusement appliqués par chaque producteur. A travers une parcelle de démonstration mise en place sur ce site, les uns et les autres venaient puiser les techniques pour aller les appliquer dans leurs parcelles respectives.

A écouter l’agent d’agriculture, pas moins de 4 tonnes à l’hectare sont attendues à la récolte. Une fierté pour les acteurs qui voient leurs efforts couronnés de succès. « Les agents d’agriculture sont contents, les producteurs doivent l’être encore plus », affirme Cyprien Bihoun.

Nadion en quête d’une retenue d’eau

Pour le DP en charge de l’agriculture de la Sissili, Yaya Tabouré,
la moisson sera plus belle que celle de l’année passée.

En dépit des difficultés qui se résument entre autres au manque de moyens roulants, de mètres rubans, de bottes, d’imperméables, de GPS et des ceintures lombaires, les agents sont tout de même déterminés à atteindre les objectifs de production. En dehors du démarrage tardif de la saison qui a suscité des frayeurs, il n’y a pas eu de difficulté majeure de nature à compromettre la bonne marche de la production, fait remarquer Yaya Tabouré, Directeur provincial (DP) en charge de l’agriculture de la Sissili. Quant aux agents d’agriculture, ils promettent de donner le meilleur d’eux-mêmes l’année prochaine pour plus de résultats, pour peu que les moyens soient mis à leur disposition.

« C’est souvent le petit matériel qui permet à l’agent d’être plus efficace sur le terrain qui nous manque », relève Cyprien Bihoun. Concernant l’engouement des producteurs autour de la riziculture à Nadion, il dira qu’il y a plus de demandeurs que de parcelles disponibles. « Beaucoup de producteurs n’ont pas eu de parcelles. Nous envisageons d’étendre les superficies l’année prochaine afin de prendre en compte tous les demandeurs », assure le chef de service départemental de l’agriculture de Léo.

La satisfaction est également de mise à la direction provinciale en charge de l’agriculture de la Sissili. Yaya Tabouré, le patron de cette direction, indique que 120 tonnes de semences certifiées et 1 100 t d’engrais ont été distribuées aux producteurs, une première dans la province. En plus de cela, poursuit-il, les tracteurs de l’Etat ont labouré gratuitement environ 770 hectares au profit des producteurs vulnérables. Enfin, ajoute-t-il, des produits phytosanitaires ont été mis à la disposition des producteurs dont les champs sont attaqués par des ravageurs et autres maladies.

A cette première phase de l’offensive agropastorale et halieutique, plusieurs aménagements sommaires ont été effectués dans la Sissili. « Dans chaque commune, il y a eu 30 ha qui ont été aménagés de manière sommaire au profit des producteurs », martèle le DP en charge de l’agriculture Sissili. Grosso modo, se réjouit-il, ce sont environ 210 ha qui ont été aménagés au profit des producteurs avec peu de moyens. Pour lui, la présente campagne agricole est fort prometteuse dans sa province.

Le chef de service départemental de l’agriculture de Léo, Cyprien Bihoun : « Beaucoup de producteurs n’ont pas eu de parcelles. Nous envisageons d’étendre les superficies l’année prochaine afin de prendre en compte tous les demandeurs ».

« Les rendements seront au rendez-vous », confie-t-il. Le directeur provincial de l’agriculture de la Sissili se garde cependant d’évoquer des chiffres en ce qui concerne les prévisions au risque de se tromper. Toutefois, il se dit persuader d’une chose, la moisson sera plus belle que celle de l’année dernière. Alors que la campagne humide tire vers sa fin, les services d’agriculture de la Sissili ont déjà amorcé les activités de la campagne sèche. Il s’agit, de l’avis de Yaya Tabouré, des actions de sensibilisation des producteurs et de préparation du terrain.

« Cela consiste à récolter les besoins en termes d’équipement, de matériel et de semences qui sont déjà disponibles », mentionne-t-il. Le vœu cher aux producteurs de Nadion est de produire également en campagne sèche. Malheureusement, le manque d’eau les empêche de mener des activités de contre-saison. Alassane Néya soutient que cette doléance a été soumise au ministre en charge de l’agriculture lors de son passage sur le site. A défaut d’une retenue d’eau, les producteurs lui ont demandé de réaliser des forages à hauts débits à leur profit.

Ce qui leur permettra de pratiquer le maraîchage en campagne sèche et de résorber en même temps le chômage des jeunes et éviter particulièrement leur émigration vers les pays voisins comme le Ghana. « Le ministre en charge de l’agriculture nous a rassurés de son soutien et veut s’assurer de l’engagement des producteurs avant de voir dans quelle mesure le problème d’eau sera résolu», souligne M. Néya. Sur cette question, Yaya Tabouré déclare que ce site a été proposé à des partenaires pour aménagement, assurant que le projet est sur de bons rails.

Il précise en outre qu’il ne s’agit pas d’une promesse mais d’une proposition qui a été bien reçue par le partenaire. Alassane Néya exhorte les autorités à ne pas perdre de vue la sécurisation du site à travers une clôture afin d’empêcher les animaux de causer des dégâts. Le directeur provincial en charge de l’agriculture prône la résilience des producteurs tout en les encourageant à maintenir la cadence pour la prochaine campagne.

Ouamtinga Michel ILBOUDO
omichel20@gmail.com