Sommet Chine-Afrique: vers un équilibre des échanges commerciaux

Le Président chinois, Xi Jinping, a réaffirmé sa volonté de renforcer la coopération économique et financière entre son pays et l’Afrique.

Le récent sommet Chine-Afrique, tenu en début septembre à Pékin a constitué un tremplin pour le géant asiatique de réaffirmer sa volonté d’approfondir ses relations avec le continent africain. Déjà premier partenaire commercial de l’Afrique, la Chine ne cesse d’étendre son affluence sur le continent où elle a accès aux ressources naturelles tandis que les échanges commerciaux entre les deux parties sont déséquilibrés.

Comme chaque trois ans depuis 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) ou Sommet Chine-Afrique, s’est tenu pour sa 9e édition, cette fois-ci dans la capitale chinoise. L’édition de 2021 a eu lieu à Dakar au Sénégal. Pas moins d’une cinquantaine de dirigeants africains ont effectué le déplacement de Pékin. Pour la partie chinoise, ce grand rendez-vous avec les dirigeants africains présente un enjeu diplomatique certes, mais aussi symbolique. Car, ce sommet a constitué le premier évènement diplomatique d’envergure organisé par la Chine depuis la survenue de la COVID-19.

Un honneur donc pour l’Afrique. Si les sommets Chine-Afrique, qui se tiennent sur le sol Chinois, drainent un grand nombre de dirigeants africains, ce n’est certainement pas pour admirer les grattes ciel à profusion de la capitale ou ses larges avenues. La doctrine de la politique extérieure de la Chine y est pour quelque chose. En effet, elle prône la non-ingérence dans les Etats mais aussi et surtout parce que la coopération ne s’arrête jamais quel que soit le type de régime politique. La position économique et commerciale de la Chine vis-à-vis de l’Afrique explique aussi cet engouement des chefs d’Etat africains pour ces rencontres sino-africaines.

50 milliards de dollars sur trois ans

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, loin devant les pays européens et les Etats-Unis. Ensuite, la remise en question de l’ordre international par Pékin trouve un écho auprès de plusieurs nations africaines qui se sentent abandonnées par leurs partenaires occidentaux. En effet, sur le continent, la Chine s’illustre à travers la construction de grandes infrastructures, comme les routes et les chemins de fer ; ce que des partenaires traditionnels n’ont pas forcement réalisé.

La Chine étant fidèle à sa diplomatie du portefeuille, le président Xi Jinping, au cours du FOCAC 2024, a promis aux dirigeants africains, un soutien financier de 50 milliards de dollars sur trois ans, avec à la clé la création d’un million d’emplois. Une partie de cette somme (29 milliards de dollars) se déclinera sous forme de prêt. Par rapport à la précédente rencontre de 2021 à Dakar, on note une hausse de 10 milliards de dollars. Le dirigeant chinois a, par ailleurs, annoncé que Pékin supprimera prochainement les droits de douane sur les produits provenant de la plupart des pays les plus pauvres du monde, dont 33 se trouvent en Afrique.

Une autre annonce a concerné de nouveaux projets d’investissements au sujet de l’énergie solaire (panneaux solaires, batteries), privilégiant ainsi la transition énergétique. Dans une logique d’élargissement des relations entre la Chine et l’Afrique, Xi Jinping a aussi présenté dix actions de partenariat, parmi lesquelles la formation des politiciens et de futurs dirigeants africains, la poursuite de l’ouverture des marchés chinois, la formation professionnelle et technique, les projets d’énergie et l’assistance militaire. Ces annonces de la partie chinoise sont de bonnes nouvelles pour les africains.

Mais, certaines questions se posent comme l’endettement de ces derniers vis-à-vis de ce soutien financier chinois. Il ressort que des pays africains ont besoin de s’endetter pour réaliser des infrastructures à grande échelle. Mais, en s’endettant massivement, ceux-ci se mettent dans un gouffre. Des pays comme le Kenya et la Zambie sont les exemples les plus cités pour illustrer ce cas. Ensuite, le président chinois a promis la création d’un million d’emplois. Quand on sait que jusque-là, la Chine n’opère pratiquement pas de transfert de technologie et envoie généralement de nombreux ouvriers chinois sur les chantiers en Afrique, on attend de voir comment s’opérera cette promesse.

A la tribune de cette rencontre, des dirigeants africains ont souhaité une coopération renforcée dans un esprit « gagnant-gagnant » et un équilibre entre les échanges commerciaux. Sur ce plan, la relation se caractérise par des échanges asymétriques et ce constat perdure. Les biens exportés par la Chine demeurent des produits manufacturés et des biens d’équipement tandis que les biens exportés par l’Afrique restent essentiellement des minéraux bruts et des produits agricoles non transformés. Un début d’équilibre des échanges commerciaux entre les deux parties pourrait être envisagé.

Gabriel SAMA