
La 29e conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29), qui s’est achevée le 24 novembre 2024, à Bakou en Azerbaïdjan, a laissé un goût amer aux pays en voie de développement, notamment africains. Les pays riches de la planète responsables du réchauffement climatique ne s’engagent qu’à financer les pays pauvres qui subissent les effets de ce réchauffement, à hauteur de 300 milliards de dollars sur les 1000 milliards espérés.
La plupart des délégués des pays du sud qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique ne se faisaient pas trop d’illusion quant aux 1000 milliards de dollars qu’ils souhaitaient avoir. Mais ils tablaient au moins sur 500 milliards. Peine perdue. Ils se contenteront de 300 milliards de dollars annuels d’ici à 2035. Une somme déclinée en aide et en prêts que les pays riches consentent à leur octroyer. En effet, depuis 1992, les pays européens, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande sont historiquement désignés comme responsables du réchauffement de la planète.
Premier bailleur mondial de la finance pour le climat, l’Union européenne n’était pas prête à aller au-delà de ce montant. Selon elle, la plupart de ses Etats membres connaissent une dégradation de leurs finances publiques et des secousses politiques. A cela, il faut ajouter le probable retrait des Etats-Unis sur tous les accords concernant le climat. Une éventualité dont Donald Trump ne fait pas mystère, lui qui effectuera officiellement son retour au pouvoir le 20 janvier 2025.
De leurs côtés, les pays du sud exigeaient un financement beaucoup plus conséquent pour pouvoir faire face aux effets dévastateurs du changement climatique et investir dans des énergies bas carbone (énergie hydraulique, éolienne et solaire notamment) au lieu de continuer de mettre l’accent sur les énergies fossiles (pétrole et charbon). Le constat s’établit que l’Afrique n’est responsable que de seulement 4% des émissions globales de gaz à effet de serre mais subit de plein fouet les conséquences du changement climatique avec des sécheresses, des inondations récurrentes et des déplacements massifs de populations. En 2022, 7,4 millions de personnes en Afrique subsaharienne ont été contraintes de quitter leur région à cause des crises climatiques.
Financement insuffisant
Si les pays dits pauvres dont l’Afrique fait partie sont sortis très déçus des conclusions de la rencontre de Bakou, c’est parce qu’ils se rendent comptent de la grande insuffisance du montant proposé par les grands producteurs de gaz à effet de serre. Au regard du fait que ce montant comporte une partie en prêts, il est inconcevable que l’Afrique soit tenue de s’endetter dans la lutte contre le changement climatique, alors que sa responsabilité est très infime dans les émissions de gaz à effet de serre. Et c’est à juste titre que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, a tenu à indiquer que les pollueurs doivent payer.
Face à la problématique des prêts, de nombreux Etats africains plaident en faveur de subventions climatiques plutôt que de prêts.
Car les subventions ne génèrent pas de remboursements et permettent d’alléger le poids de la dette tout en accélérant la mise en œuvre de projets climatiques. Cette revendication se heurte cependant à la lenteur des négociations internationales et surtout au manque d’engagement concret des pays développés.
Ce manque d’engagement des pays concernés se vérifie par exemple aussi dans le non-respect de l’Accord de Paris signé en 2015. Il est un traité international qui oblige juridiquement ses signataires à agir dans la lutte contre le changement climatique.
Au regard de tous ces blocages et face à l’injustice climatique que subit l’Afrique, des solutions endogènes sont à explorer.
Dans ce sens, des propositions pertinentes d’acteurs du domaine du climat en Afrique pourraient être pris en compte : convertir les résidus de l’industrie agroalimentaire en énergie, réduire la dépendance aux intrants de synthèse grâce à l’agro écologie, optimiser et développer les systèmes agro forestiers, développer des variétés et modes de production plus économes en eau.
Ce dernier point a mis en exergue le génie inventif de certains paysans, notamment au Sahel. En effet, face au changement climatique, les paysans sahéliens ont innové en redécouvrant des techniques ancestrales.
Au Burkina Faso ou au Sénégal, plusieurs agriculteurs utilisent la technique séculaire du zaï qui permet aux cultures de survivre à des temps très secs.
Gabriel SAMA
