La campagne sèche se déroule bien dans la région des Cascades. Entre Banfora et Moussodougou, un champ de maïs installé au bord de la route capte l’attention des usagers. Il est le fruit du travail acharné d’un entrepreneur agricole bien connu du nom de Moussa Koné, ancien président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA). La variété SEMAX qu’il a produite sur huit hectares dont trois hectares de semences, est prometteuse.
Un champ de maïs attire l’attention de l’usager de la route Banfora-Moussodougou en passant par l’axe Banfora-Sindou. Il présente une belle physionomie et donne l’impression d’être en campagne humide. Les épis sont bien formés, les feuilles bien fraîches et vertes. La récolte est attendue d’ici fin avril. Un ouvrier s’occupe de son entretien. Une motopompe alimentée par des plaques solaires assure l’irrigation. Aux pieds des plants de maïs sont installés des goutteurs. De l’eau y jaillit et les arrose. Le système mis en place est le goutte-à-goutte. Le propriétaire du champ n’est plus à présenter. Il se nomme Moussa Koné, entrepreneur agricole et ancien président de la chambre nationale d’agriculture (CNA) du Burkina. Homme de terrain, il n’est pas si loin des lieux. Il est à l’ouvrage dans une autre ferme située à quelques encablures de là. Difficile de faire la différence entre les ouvriers et leur patron. Dans l’enceinte de la ferme, un tas de tiges sèches de maïs jonchent le sol. M. Koné a expérimenté avec succès la production de la semence de la variété SEMAX, une première dans sa ferme. Avec un cycle de près de 100 jours, il se demande comment réussir sa production en saison humide dont la durée des pluies n’excède pas trois mois.

« Nous arrivons à produire cette variété à cause de l’irrigation d’appoint que nous avons mise en place », affirme-t-il. Si la production de la semence est en phase d’expérimentation dans son champ, ce n’est pas le cas pour la production de grains destinés à la consommation. Durant les trois dernières années, il s’est lancé dans la production de cette variété pour la consommation. Le rendement, dit-il, varie entre six et sept tonnes à l’hectare. « J’avoue que c’est une variété très performante et qui s’adapte aux conditions de cultures mais très exigeante en fumure organique », note-t-il.
Produire pour l’autoconsommation
La chance est que cet entrepreneur agricole a plusieurs cordes à son arc. Dans l’élevage, il fait également des merveilles. Il est l’un des plus gros producteurs de poulets de chair et de poules pondeuses dans la région. La fiente des poulets collectée dans sa ferme avicole est donc utilisée pour fertiliser son sol. Les superficies emblavées à la présente campagne sèche sont de huit hectares (ha) dont trois ha de semences. « La variété SEMAX, nous l’apprécions beaucoup », relève-t-il. En plus de cela, poursuit-il, elle est plus résistante aux attaques par rapport aux autres variétés. « Cela peut être dû au fait que la plante dispose d’une tige beaucoup plus robuste. Mais n’étant pas un généticien, je ne peux pas me fier à cela. C’est juste une observation », précise l’agro- businessman. La vision de M. Koné, ce n’est pas de produire pour vendre. Lui-même, de par la nature et la diversité de ses activités, éprouve un besoin énorme en maïs. « Tout ce que nous produisons est destiné à l’autoconsommation », mentionne-t-il.
En effet, il indique que son maïs sert à la fabrication d’aliments pour nourrir ses animaux. A entendre M. Koné, son ambition est de parvenir à couvrir, par sa propre production, entre 30 et 40% de ses besoins en maïs. Cet entrepreneur agricole, par ailleurs député à l’Assemblée législative de transition (ALT), assure un suivi rigoureux de ses activités. Pour bien réussir l’irrigation goutte-à-goutte, admet-il, il le faut. Le système a aussi ses contraintes que le producteur ne doit pas occulter. Il s’agit, notamment du bouchage des goutteurs lorsque l’eau contient du calcaire. Aussi, fait remarquer l’agro-businessman, ceux-ci sont également exposés aux attaques des rongeurs. Selon ses dires, le système goutte-à-goutte est certes coûteux mais efficace. Il permet, relève-t-il avec fierté, de rationnaliser l’utilisation de l’eau. Pour l’acquisition de son matériel d’irrigation, M. Koné dit avoir bénéficié d’une subvention du ministère en charge de l’agriculture. Disposer d’une bonne source d’eau est aussi une condition indispensable à la réussite du goutte-à-goutte.
« L’eau de notre forage ne contient pas de calcaire, nous l’utilisons sans avoir eu besoin de recourir à un système de filtrage », se réjouit Moussa Koné. En cas d’ensoleillement insuffisant pour faire fonctionner ses plaques solaires, celui-ci utilise un groupe électrogène pour arroser ses champs la nuit. En dépit de ces contraintes, il dit tirer son épingle du jeu.
Ouamtinga Michel ILBOUDO
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