La situation catastrophique de Manchester City surtout au plan national (l’équipe a été corrigée récemment 5-1 par Arsenal) où elle végète dans le ventre mou du classement fait jaser dans les chaumières avec un argumentaire qui remet en cause les compétences du coach et son recrutement hasardeux avec entre autres, le retour infructueux de Gundogan et l’arrivée de joueurs qui ne seraient pas à la hauteur de ce grand club. Sur le premier point et même si nous n’avons jamais été un fan de Pep Guardiola qui a toujours coaché des grands clubs aux moyens colossaux et l’effectif qui va avec, il faut convenir qu’il est plus victime du vieillissement de ses joueurs et de la rupture mentale et physique qui va avec, qu’autre chose.
Après quatre titres consécutifs de champion d’Angleterre (une première) avec cerise sur le gâteau le triomphe en champion’s League l’an dernier, les héros sont repus de titres et conséquemment peu enclins à se sortir les tripes comme de par le passé. La génération De Bruyne rêve plus de derniers « gombo » à aller chercher dans les championnats dits exotiques pour se la couler douce après leur retraite. Ce d’autant que ces championnats, à l’instar de celui d’Arabie saoudite, offrent des salaires mirifiques qu’aucun cerveau « normal » ne peut refuser.
Une parenthèse pour dire que les « caprices » de star observés au niveau d’un joueur comme Vinicius Jr sont à inscrire dans cette perspective. Déjà multi titré avec le Real Madrid et convaincu que les esprits ne sont pas prêts à reconnaître vraiment son talent en Europe pour diverses raisons, le brésilien réfléchit très sérieusement au pactole que lui promettent les saoudiens et qui le ferait rentrer dans la même galaxie que des géants comme le basketteur Michael Jordan ou le golfeur Tiger Woods en moins de cinq ans. Pour un enfant des favelas brésiliennes ce n’est pas rien d’autant que le niveau de plus en plus élevé de ce championnat lui permettra de garantir sa place en équipe nationale si du moins il y avait le même niveau de performance.

Dans une perspective moyen-termiste, on peut dire que l’Arabie saoudite sera bientôt le paradis des grandes stars de la planète foot. Cela a le don d’irriter les européens car en plus de leur recul sur l’échiquier politique international, ils se verraient reléguer au second plan au niveau sportif. Une évolution dialectique inéluctable cependant au vu du rapport des forces. Déjà, la FIFA de Gianni Infantino a intégré cette donne dans sa vision prospective, avec l’octroi de l’organisation des Coupes du Monde aux pays du Golfe persique. Pour en revenir à Pep et ses boys, convenons qu’ils sont en fin de cycle et cela quels que soient leurs résultats lors de la saison en cours.
Il va falloir repartir sur de nouvelles bases sportives, et, la question fondamentale qui se pose reste de savoir si l’espagnol doit être la pierre angulaire de cette nouvelle aventure. C’est vrai que son contrat a été prolongé, mais, le catalan ne semble plus avoir la force morale pour coacher une équipe durant un exercice long et éreintant. Un break ne lui ferait pas de mal, et, à défaut une sélection nationale pourrait lui permettre de recharger ses batteries pour revenir plus fort.
De grands pays sont déjà prêts à l’accueillir à commencer par le sien où sa côte est au zénith. Guardiola pourrait donc « faire du Zidane » et attendre tranquillement dans son coin un challenge excitant. Côté argent il n’a pas trop à s’en faire même si son récent divorce a quelque peu dégarni sa tirelire. En attendant, City erre comme une âme en peine sur les terrains d’Angleterre et d’Europe. Grandeur et décadence, deux sœurs jumelles qui rythment tous les segments de la vie, ce qui doit amener les plus intelligents à tout relativiser dans leurs jugements. Mais, l’homme étant insatiable par nature, par essence et par destination, il ne convient pas de leur jeter la pierre comme nous le rappelait si bien le Christ à Copernic.
Boubakar SY
