23e Journée internationale de la femme rurale : Les femmes appellent à un vote utile

Plusieurs personnalités sont venues honorer la femme rurale à Banfora.

Banfora, la capitale de la cité du Paysan noir a abrité la célébration de la Journée internationale de la femme rurale, le 15 octobre 2020. Placée sous le haut patronage du président du Faso, la cérémonie a enregistré la présence de plusieurs personnalités dont trois membres du gouvernement et de l’épouse du Premier ministre. C’est l’esplanade du terrain de Tatana qui a abrité l’événement qui a été riche en couleur.

Ladite journée de célébration a été placée sous le thème «Quelles stratégies de résilience des femmes rurales dans un contexte d’insécurité, de changement climatique et de COVID-19 ?». La ministre de la Femme, Laurence Ilboudo, dira que c’est dans un environnement déjà complexe où les capacités sont mises à rude épreuve qu’est apparue la pandémie de la COVID-19 contraignant la prise des mesures de confinement partiel, fermeture des frontières et des restrictions de déplacements. « Ces mesures ont contribué à fragiliser les moyens d’existence des femmes rurales et ont impacté négativement leurs activités » ; a martelé, Marie Laurence Ilboudo, ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire.

Au regard d’un tel contexte, et sous l’impulsion du Chef de l’Etat « à faire du développement du monde rural une réalité», plusieurs actions ont été mises en œuvre dont l’opérationnalisation de la Banque agricole du Faso, la création du Fonds national de la finance inclusive, l’opérationnalisation du fonds de relance économique post COVID- 19 à travers la mise en place d’une ligne de crédit au FAARF d’un montant de cinq milliards FCFA destinés aux femmes, particulièrement celles du monde rural, l’opération de cash transfert au profit de 20 000 femmes vendeuses de produits maraîchers à raison de 20 000 francs par mois pendant trois mois, pour un montant global d’un milliard deux cent vingt un millions deux cent quarante mille (1 221 240 000) FCFA, l’octroi permanent de matériels de production aux associations et groupements de femmes etc.

Outre ces actions, à l’occasion de la présente célébration 2020, Laurence Ilboudo à travers son département, a remis gracieusement un lot de matériel de production d’une valeur de 40 millions FCFA. A cela s’ajoute du matériel d’une valeur de 5 millions F CFA offert par le ministère en charge de l’agriculture et de trois tonnes d’aliments-bétail offertes par le ministère en charge des ressources animales.

Les femmes s’assument !

Conscientes de leur rôle prépondérant dans l’économie nationale et du développement du pays, les femmes rurales ont élaboré un document intitulé «Manifeste des femmes rurales pour bâtir un Burkina sans faim». A en croire Lydie Tapsoba, SG du collège des femmes de la Confédération paysanne des femmes du Faso (CPF), ce manifeste qui contient huit mesures, est destiné aux candidats à l’élection présidentielle de novembre 2020. Selon ces femmes, il «permettra un meilleur épanouissement de la femme rurale et contribuera à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ».

Du haut de la tribune, Lydie Tapsoba a appelé tous les candidats à l’élection présidentielle à «prendre connaissance de ce manifeste et d’inscrire les mesures qu’il contient en bonne place dans leur programme politique». «Nous, les femmes rurales, serons attentives à leurs discours pendant la campagne pour voir comment la femme rurale est positionnée dans leur offre politique », a-t-elle déclaré. Puis d’ajouter : «Comme nous sommes les principaux électeurs de ce pays, alors on en tiendra compte». Parallèlement, il faut noter que ce manifeste s’adresse également aux « gouvernants actuels ».

Copies ont été donc remises à la Ministre en charge de la femme pour remettre à qui de droit. En effet, selon Laurence Marie Hélène Ilboudo, ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire, la Journée internationale de la femme rurale tire ses origines de la quatrième Conférence internationale des femmes tenues à Beijing, en 1995. Portée par le groupe «Femmes en agriculture » de la Fédération internationale des producteurs, elle a été initiée pour mettre en exergue la contribution souvent méconnue des femmes rurales au développement de leur pays. Pour Laurence Ilboudo, au Burkina Faso, le secteur rural occupe une place prépondérante dans l’économie nationale.

Il emploie près de 86% de la population et est considéré comme la principale source de revenus de la couche la plus pauvre de la population. Selon le recensement général de l’agriculture 2010, les femmes représentent 52% des actifs agricoles et occupent 60% des activités de production. Que ce soit Aboubacar Soulama, maire de Banfora, madame Millogo, porte-voix des femmes de la région ou Lydie Tapsoba de la Confédération paysanne du Faso, qui se sont succédé à la tribune, tous ont reconnu que le thème choisi est une invite à une réflexion globale sur la situation que vit la femme rurale mais surtout à la proposition d’actions courageuses pour rendre la femme moins vulnérable à toutes ces situations de fragilisation.

Pour Lydie Tapsoba, déjà victimes des inégalités liées au genre, à des règles sociales en déphasage avec le temps, à des politiques souvent inadaptées, les conditions de vie de la femme rurale sont aggravées par le changement climatique, l’insécurité et tout dernièrement la COVID-19. Pour accompagner le gouvernement, le collège des femmes de la CPF a collecté des vivres, des kits d’hygiène, des vêtements, au profit des veuves et orphelins (déplacés internes) vivant dans les sites de refuge. Bientôt, la Confédération paysanne lancera une étude d’impact de la COVID-19 sur les femmes rurales. Lydie Tapsoba a exhorté ses sœurs à être plus solidaires, plus compatissantes, mais surtout plus combatives.

Mamadou YERE

 

Laisser un commentaire