A propos des lourdeurs administratives

Dans son adresse aux secrétaires généraux chargés de l’expédition des affaires courantes dans les ministères, le capitaine Ibrahim Traoré a insisté sur la nécessité de mettre fin aux lourdeurs administratives qui empêchent le bon fonctionnement de l’administration publique et lèsent conséquemment les usagers dans la jouissance de leurs droits. Il a aussi souligné au passage que cela était voulu dans certains cas, étant donné que des agents attendaient en retour de quoi se “mouiller la barbe” avant l’exécution des tâches pour lesquelles ils avaient été recrutés. Deux exemples permettent d’illustrer éloquemment ses propos dans deux ministères stratégiques dans la mise en œuvre d’une politique de gouvernance vertueuse et équitable.

Il s’agit de ceux en charge de la modernisation de l’administration et de l’éducation où ces pratiques pénalisent réellement les usagers. Dans le premier ministère, force est de constater que c’est la croix et la bannière pour les fonctionnaires qui prennent attache avec le ministère pour l’obtention de certains actes de gestion de leurs carrières. Imaginez un fonctionnaire qui quitte le Burkina profond (la Gnagna “concrète et métallique “ par exemple pour parler comme un illustre devancier) pour la régularisation d’un acte administratif, et qui se voit sommer de revenir dans deux semaines, alors qu’à l’heure du numérique son problème pouvait être résolu en quarante-huit heures. Une perte de temps et d’argent pour le “pauvre” agent qui pénalise non seulement ce dernier, mais surtout l’administration elle-même qui perd en efficacité et en efficience dans ce laps de temps, avec la frustration et le stress engendrés par ces va-et-vient en cette période de terrorisme où chaque voyage peut être le dernier.

Nous passons outre la gestion des cas des retraités qui mettent souvent plus d’un semestre pour rentrer en possession de leur relevé général de carrière indispensable pour jouir de leurs pensions pour nous intéresser au ministère de l’Education nationale, où, en ces périodes de rentrée scolaire, les places dans les établissements publics sont vendues au plus offrant et au dernier enchérisseur, au motif invraisemblable qu’il n’y a plus de places pour les nouveaux. Dans cette occurrence, c’est le fils du citoyen lambda qui est laissé pour compte, creusant davantage le fossé entre riches et pauvres et mettant à mal la cohésion sociale. Derrière le discours laconique du capitaine Traoré, se cache donc un véritable enjeu de développement si tant est que rien de grand ne se construit dans la division et le ressentiment. Les organismes en charge de mesurer le degré de corruption dans l’administration publique gagneraient à regarder aussi de ce côté, plutôt que de s’échiner à pointer un doigt accusateur sur les forces de sécurité et l’administration douanière à longueur d’années. Nous n’avons pas parlé du secteur de la santé où les “business “ se font désormais à ciel ouvert pour ne pas être long et ennuyeux. Les nouvelles autorités ayant donné le ton, nous pourrons à court terme, mesurer le degré d’application de cette volonté de rompre avec les pratiques du passé, étant donné que le rôle du journaliste est d’être l’historien du temps présent pour mieux éclairer l’avenir.

Boubakar SY

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