Abdou Kaboré, commissaire général du SICTA : « Le bilan de la Ire édition est très positif »

Après avoir roulé sa bosse dans plusieurs médias au Burkina Faso, Abdou Kaboré s’est installé depuis près d’une dizaine d’années à Conakry en Guinée. Consultant, formateur et promoteur de l’agence de communication Talisman, il a organisé avec l’Etat guinéen en mode partenariat public-privé, le Salon international de la culture, du tourisme et de l’artisanat (SICTA) dont il en est d’ailleurs le commissaire général. Dans cette interview accordée à Sidwaya, il aborde l’idée de la création du SICTA, le choix du Burkina Faso comme pays invité d’honneur de la Ire édition, les difficultés rencontrées et les perspectives pour les éditions à venir.

Sidwaya (S) : D’où vous est venue l’idée de créer le Salon international de la culture, du tourisme et de l’artisanat (SICTA) en mode Partenariat public privé avec l’Etat guinéen ?

Abdou Kaboré (A.K.) : Il y a cinq ans de cela, après avoir découvert les potentialités culturelles, touristiques et artisanales de la Guinée, j’ai décidé d’écrire un projet. Au début, cela s’appelait le Salon international du tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat. A l’avènement du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), le ministère de tutelle a été refondé et c’est devenu le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat. J’ai juste relancé mon projet qui dormait déjà au sein de ce département. C’est ainsi que le ministre Alpha Soumah qui est le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat m’a dit que mon projet l’intéresse. Il a dit qu’on va juste le retravailler et j’ai dit ok. Il a dit au lieu de mettre hôtellerie, il préfère qu’on ajoute la culture parce que maintenant son département a la culture. C’est la raison pour laquelle il est dit le Salon international de la culture, du tourisme et de l’artisanat. C’est ainsi que la Ire édition du SICTA est née et mon agence de communication dont je suis le directeur général est porteuse du projet SICTA en partenariat avec l’Etat.

S : Au SICTA, qu’est-ce qui est exposé ou vendu ?

A.K. : Au SICTA, tout ce qui est dans les trois secteurs, la culture, le tourisme et l’artisanat est exposé ou vendu. Par exemple, nous avons tout ce qui est produit qui vient des pays voisins de la Guinée et autres tels que le Burkina qui est le pays invité d’honneur. Le Burkina est venu avec une forte délégation avec beaucoup d’artisans. Le public guinéen a été séduit par les produits que le Burkina a amenés à ce salon. Donc, les expositions, c’est tout ce qui est culturel, touristique et artisanal qu’on trouve au SICTA 2022.

S : Justement, pourquoi le choix du Burkina Faso comme pays invité de la Ire édition du SICTA ?

A.K. : Le Burkina Faso est pays invité d’honneur, ce n’est pas parce que je suis Burkinabè. Les statistiques le montrent bien. Cela fait très longtemps que nous avons le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Nous avons le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) depuis 1984. Nous avons également la Semaine nationale de la culture (SNC), le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO), la Vitrine internationale du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration de Ouagadougou (VITHRO). Vu tout ce que le Burkina Faso a eu à faire en la matière en mobilisant de nombreux pays, il était tout à fait normal qu’il soit choisi comme pays invité d’honneur. Quand nous avons proposé le Burkina, le comité d’organisation a dit qu’il n’y a pas de problème. On prend le Burkina Faso qui est un modèle en matière d’organisation et de rendez-vous des grands événements. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi le Burkina Faso comme pays invité d’honneur. Et il nous a honorés en venant avec une délégation d’une quinzaine de personnes.

S : Au terme de la Ire édition, quel bilan peut-on tirer du SICTA 2022 ?

A.K. : Le bilan de la Ire édition est très positif. Pour une Ire édition qui arrive à mobiliser plus de douze pays, c’est du jamais vu en Afrique de l’Ouest. Cela est déjà positif pour nous. C’est positif également pour nous de savoir qu’il y a des pays qui viennent de très loin pour exposer à ce salon. Pour une Ire édition, ce n’est pas évident. Au tout début du projet, le Premier ministre guinéen m’a tout simplement dit, M. Kaboré, si vous avez uniquement les pays voisins, ça me suffit. Je lui ai fait savoir qu’on aura plus que cela. Et aujourd’hui, nous sommes fiers d’enregistrer plus d’une dizaine de pays à ce premier SICTA.

S : Comme on peut l’imaginer, un tel événement ne peut pas se tenir sans difficultés. Quelles ont été les difficultés rencontrées dans l’organisation du SICTA 2022 ?

A.K. : Tout événement d’envergure a toujours rencontré des difficultés. Nous avons rencontré beaucoup de difficultés en mobilisation de ressources, surtout financières. Pour une Ire édition, ce n’était pas du tout évident. On n’a pas eu un long temps pour organiser ce salon. N’oubliez pas que la Guinée est en transition. Et en transition, les choses vont vite. Par exemple, quand les ministres ont pris service, le chef du gouvernement a demandé à chaque ministre de faire son plan de travail sur une année. Ce qui fait que pour la feuille de route du ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, on ne pouvait pas inscrire des projets qui vont aller au-delà d’une année. Nous n’avons eu que trois mois pour organiser le SICTA. En trois mois, mon équipe et moi et aussi les cadres du ministère de tutelle avons travaillé jour et nuit pour pouvoir mettre cela en place. Nous avons eu des difficultés pour mobiliser certains pays. Le calendrier était trop serré. Je donne l’exemple du Brésil qui me disait qu’il viendra avec le carnaval de Rio de Janeiro mais vu le temps, il ne pouvait pas venir. Les Marocains qui voulaient venir n’ont pas pu le faire pour exposer leurs produits. On a eu ces difficultés à cause du calendrier de pouvoir mobiliser autant de pays. A Conakry, le mois de mai, c’est déjà la saison pluvieuse et on a eu des pluies qui ont dérangé quelques fois les stands. C’est tout à fait normal. A part cela, on n’a pas eu de difficultés majeures.

S : Au vu de toutes ces difficultés, quelles leçons tirez-vous pour une meilleure organisation des éditions à venir du SICTA ?

A.K. : Les leçons que nous pouvons tirer pour les éditions à venir, c’est qu’on doit s’y prendre tôt. Maintenant, nous aurons une année pour mieux préparer et accueillir beaucoup d’exposants à ce salon. C’est une question de calendrier et nous essayerons d’aller plus vite pour qu’au lendemain de la clôture du salon, la IIe édition puisse commencer. Et après l’édition 2023, nous allons aller en biennale. Pour l’édition 2022, j’appelle cela édition test, édition zéro. L’année prochaine, ce sera la vraie édition et ensuite, nous irons en biennale.

S : Quelles sont les perspectives pour les éditions futures du SICTA ?

A.K. : Pour les éditions futures, le SICTA rêve d’avoir un village à lui comme le SIAO. Le gouvernement a déjà inscrit dans le budget pour les événements à venir pour le SICTA. On aura bien sûr dans les jours à venir, un décret présidentiel qui va institutionnaliser le SICTA. Chaque année, le SICTA aura un bon budget pour pouvoir faire tout ce qui est institutionnel, les invitations, les prises en charge des personnalités qui arrivent et autres. Maintenant, les partenaires tels que les annonceurs auront toujours leurs places pour avoir plus de visibilité parce qu’on va mobiliser plus de monde. Pour l’année prochaine, nous attendons au minimum 25 000 visiteurs par jour. Pour cette année, nous sommes allés sur la base de 200 stands et pour l’année prochaine, nous serons à 250 stands. En 2023, tout notre site aura un Wifi free, pas seulement pour l’espace média. Cela permet aux gens de faire des lives et cela fait aussi de la publicité pour nous. L’année prochaine, nous visons au moins 20 pays. Dans nos perspectives, nous souhaiterons au moins qu’un chef d’Etat vienne en République de Guinée pour assister à l’ouverture du SICTA. Nous y travaillons. Mon commissariat et moi sommes en pleine œuvre et déjà en contact avec des pays amis et frères de la République de Guinée qui vont certainement répondre positivement pour l’édition 2023.

S : Est-ce que pour l’édition 2023 du SICTA, le Burkina Faso peut encore être le pays invité d’honneur ?

A.K : Je souhaiterais quand même qu’on puisse aussi donner la chance à d’autres Etats d’être des pays invités d’honneur. Mais nous souhaiterons, avoir une grosse mobilisation des Burkinabè à chaque SICTA. Quand je prends seulement les côtés artisanat et transformation, le ministre du commerce guinéen souhaiterait amener des femmes de la République de Guinée pour aller se faire former là-bas. En Guinée, on jette les mangues pendant la période de ce fruit. C’est dire qu’il y a quelque chose à faire. A Conakry, dans chaque cour, il y a des avocatiers. Les fruits tombent et pourrissent. Il n’y a pas de transformation et je sais que le Burkina est en avance. Nous souhaiterons que chaque année, l’expertise burkinabè dans chaque domaine puisse venir en République de Guinée pour aider ses frères guinéens, leur montrer la technologie qu’on utilise pour faire toutes ces transformations. Donc, le Burkina Faso sera toujours la bienvenue. Mais pour l’édition 2023, pour le pays invité d’honneur, nous sommes en train de voir au sein du comité d’organisation pour choisir un pays, peut-être ça sera un pays africain ou européen. Cela est toujours en réflexion. On boucle d’abord cette édition et à partir de lundi (NDLR : 23 mai) comme je l’ai dit, nous allons déjà commencer à travailler pour la IIe édition. Bien sûr, on doit faire le bilan de la Ire édition que nous allons remettre au gouvernement. Parallèlement, le travail de la IIe édition va commencer dès la clôture de la Ire édition.

Propos recueillis par Timothée SOME timothesom@yahoo.fr

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