Actualité judiciaire 2022 : des dossiers emblématiques vidés

L’année 2022 a été marquée par le dénouement de grands dossiers judiciaires attendus par de nombreux Burkinabè.

L’actualité judiciaire aura été l’une des plus fournies au Burkina Faso, au cours de l’année 2022. En effet, nombre de dossiers emblématiques ont connu leur dénouement, après plusieurs années d’instruction. On retient, principalement, celui du capitaine Thomas Sankara et 12 de ses compagnons dont le verdict a été rendu le 6 avril 2022, de Dabo Boukary jugé le 19 septembre et celui de l’ex-directeur général des Douanes, Ousmane Guiro dont le procès inscrit aux assises criminelles est toujours en cours.

Les Burkinabè ont été bien édifiés, en 2022, en ce qui concerne certains dossiers judiciaires qui étaient beaucoup attendus. Pour le procès du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons, débuté le 11 octobre 2021, après 35 ans d’attente, son jugement a connu son épilogue le 6 avril 2022, à la grande satisfaction des familles des victimes et des défenseurs des droits de l’hommes qui en avaient fait leur cheval de bataille, depuis son assassinat le 15 octobre 1987, au Conseil de l’Entente, à Ouagadougou.

Ce que l’on peut retenir de substantiel dans ce procès, largement couvert par les médias nationaux et internationaux, est que les trois principaux accusés dont l’ex-président, Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré ont été condamnés à la prison à vie. La Chambre correctionnelle a reconnu Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré coupables de faits d’attentat à la sûreté de l’Etat et de complicité d’assassinat. Si bien d’inculpés dans ce procès ont été condamnés, diversement, dans ce procès, il est à retenir que d’autres ont été acquittés pour des raisons de prescription de l’action publique.

Il s’agit de Alidou Diébré, Hamado Kafando et Bossobè Traoré. Ce dernier a été accusé à tort par des témoins alors qu’il était de la garde du capitaine Sankara. Un autre dossier et non des moindres longtemps attendus, notamment dans le monde estudiantin et qui a connu un aboutissement en 2022, est celui de l’étudiant Dabo Boukari, assassiné en 1990. Là encore, c’est le général Gilbert Diendéré qui a été l’un des principaux accusés. Ouvert le 19 septembre 2022, à la Chambre criminelle de la cour d’appel délocalisée au Tribunal de grande instance Ouaga II, ce procès a connu son verdict le 22 septembre 2022.

Deux autres présumés coupables ont aussi comparu aux côtés du général Diendéré. Il s’agit du lieutenant-colonel à la retraite, Mamadou Bamba et Victor Yougbaré qui a été jugé par contumace, car ne s’étant pas présenté au jugement. Tous les trois ont été reconnus coupables dans la disparition de l’étudiant Dabo Boukaré, assassiné alors qu’il était en 7e année de médecine, à l’université de Ouagadougou.

On retient que Gilbert Diendéré a été condamné à 20 ans de prison ferme et à une amende d’un million de FCFA. Quant à Mamadou Bamba, il a écopé d’une peine d’emprisonnement ferme de dix ans avec une amende d’un million de FCFA pendant que Victor Yougbaré a écopé de 30 ans de prison et 5 millions de FCFA d’amende. Un autre fait de l’actualité judiciaire qui a marqué l’année 2022, c’est bien le procès dit de l’affaire Guiro, du nom de cet ancien directeur général des Douanes.

Mis en cause, depuis 2011, parce que détenant de fortes sommes d’argent et devises étrangères estimées à près de 2 milliards FCFA, ce dossier a été d’abord jugé en 2015, sous la Transition dirigée par Michel Kafando. Et le verdict avait condamné M. Guiro à deux ans avec sursis, assortis d’une amende de 10 millions FCFA et la confiscation des sommes pour enrichissement illicite, corruption passive et blanchiment d’argent.

Toutefois, après avoir formulé un pourvoi en cassation, le procureur près la cour d’appel de Ouagadougou a renvoyé le dossier aux assises criminelles en condamnant M. Guiro aux dépens. C’est ainsi que dans le cadre de la tenue des assises criminelles, le dossier Guiro a été programmé pour se tenir le 22 septembre 2022. Mais aussitôt ouvert, ce procès a été reporté car le parquet s’est retiré évoquant la non-disponibilité de certaines pièces à conviction pour soutenir l’accusation.

Le dossier a été renvoyé aux prochaines assises criminelles de cette année 2023. Ces trois grands dossiers auront cristallisé l’attention de plus d’un, au Burkina et même à l’étranger, au regard de leur nature. C’est aussi le signe que la justice burkinabè s’est inscrite résolument dans une nouvelle dynamique en s’efforçant de renforcer son indépendance pour le bonheur des justiciables.

Soumaïla BONKOUNGOU

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