Application de l’IUTS sur les indemnités « Une provocation », selon l’opposition politique

L’opposition politique a animé son hebdomadaire point de presse, le mardi 1er octobre 2019 à Ouagadougou. L’annonce du Premier ministre concernant l’Impôt unique sur le traitement et salaires (IUTS), le rapport 2018 du Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC), la crise sécuritaire dans le Bam étaient, entre autres, les points abordés par les conférenciers.

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, invité de la troisième session du Bureau politique national (BPN) du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le 28 septembre dernier a annoncé qu’à partir du 1er janvier 2020, l’Impôt unique sur le traitement et salaires (IUTS) sera appliqué sur les indemnités et primes des fonctionnaires. « Une annonce provocatrice et inopportune » par l’opposition politique au cours de son traditionnel point de presse, le mardi 1er octobre 2019 à Ouagadougou. Pour le président de l’Union pour la renaissance démocratique-Mouvement sankariste (URD-MS), Alphonse-Marie Ouédraogo, principal animateur du jour, cette sortie du chef du gouvernement n’est pas de nature à apaiser la fronde sociale, déjà en ébullition. A l’entendre, les indemnités et les primes de la Fonction publique sont exonérées de fait de l’IUTS. Ce n’est qu’à partir d’un certain seuil, a-t-il rappelé, que les indemnités de logement, de fonction et de transport sont frappées par cet impôt. « Mais dans les faits, les indemnités dépassent rarement ces seuils », a-t-il indiqué avant d’ajouter que cette décision du gouvernement vise simplement à diminuer les salaires des fonctionnaires pour « boucher des trous ». L’opposition politique s’est dite d’autant plus offusquée dans la mesure où des exonérations fiscales sont octroyées par le pouvoir en place à ses amis dans le secteur minier à hauteur de 200 milliards F CFA. Elle a donc exigé qu’avant l’exécution d’une quelconque décision sur l’IUTS, un bilan des exonérations accordées par l’Etat burkinabè depuis les dix dernières années soit fait. Le rapport 2018 sur l’état de la corruption au Burkina Faso rendu public, le lundi 30 septembre dernier, a également fait l’objet d’analyse par les conférenciers. Sur le sujet, ils se sont inquiétés du fait que la police municipale, la gendarmerie et la police nationale figurent dans le top 10 des services les plus corrompus. Pour eux, en pleine guerre contre le terrorisme, la corruption dans ces milieux devrait connaître une baisse. En outre, le président de l’URD-MS a déploré l’arrivée dans le classement de nouvelles structures telles que la Société nationale de gestion des stocks (SONAGESS) et le Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA). « Cela est regrettable au regard du rôle que joue la SONAGESS dans la crise économique et sociale que traverse notre pays et au regard de la mission assignée au CCVA en matière de sécurité du transport », a-t-il laissé entendre. De son avis, c’est aux premières autorités de donner l’exemple et de poser des actes forts pour lutter contre le fléau.
La crise sécuritaire s’est aussi invitée dans les échanges avec les hommes de média. L’opposition a condamné les attaques perpétrées contre les villages de Komsilga, de Déneon et de Alga dans le Bam ayant causé la mort d’une vingtaine de personnes le weekend dernier. Pour elle, la dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du Burkina Faso est due en grande partie à la fin de l’opération Doofu, qui avait apporté une certaine accalmie dans la zone. En guise de conclusion, les conférenciers se sont indignées et, ont déploré que le président Roch Marc Christian Kaboré, « soit préoccupé par sa réélection en 2020, au lieu de chercher des solutions ». En effet, Alphonse-Marie Ouédraogo, se fondant sur un article du journal Africa intelligence a déclaré que le président du Faso consacre beaucoup de temps et d’énergie dans les préparatifs de la campagne électorale.

Nadège YAMEOGO

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