Au coin du palais : sa libido le conduit à la barre

P.N. est un jeune vulcanisateur qui a vu le jour à Saponé en 1998. Résidant au quartier Naghrin de Ouagadougou, il a comparu pour attentat à la pudeur. Parti en détente dans un débit de boisson en compagnie de ses camarades, il rencontre P.D., une fille de nationalité étrangère venue chercher de l’emploi avec deux de ses compatriotes. A la vue de P.D., P.N. tombe son sous charme, rêvant de la posséder. Il l’invite à leur table et lui offre à boire et à manger, moyennant une partie de plaisir. A la fin de la soirée, il se propose d’accompagner P.D. avec l’intention d’assouvir son désir sexuel. A quelques pas du domicile de la fille, il réclame sa contrepartie comme convenu dans le débit de boisson. C’est à ce moment, que P.D. l’informe qu’elle est enceinte de deux mois et qu’elle est même mariée. Révulsé, P.N. exige le paiement de son « investissement » sur-le-champ. Sentant le danger, P.D. prend la fuite pour se réfugier chez elle. Il l’y rejoint, déchire ses vêtements et s’apprête à la violer. Alerté par les cris de P.D., un voisin vient à son secours. Convoqué plus tard, P.N. a reconnu les faits de tentatives de viol avant de se rétracter devant le tribunal. Confondu par le procureur, il a finalement demandé la clémence des juges. Il s’en est sorti avec une peine de 12 mois de prison assortie de sursis et une amende de 500 000 F CFA. « Vous gagnerez à maîtriser votre libido », lui a conseillé le président du tribunal.


Deux maîtres de la contradiction

T.S. âgé de 30 ans et D.I., 43 ans, domiciliés à Ouagadougou, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Ouagadougou, le mercredi 10 février 2021, pour vol de motocyclettes et tentative de vol. Appelé à la barre, T.S. a littéralement nié les faits, alors que lors de sa déposition à la police, il les avait reconnus. Détenteur d’une moto volée, il a indiqué que c’est son épouse qui lui avait remis 750 000 F CFA et il aurait complété 100 000 F CFA pour l’acheter. Pourquoi avez-vous acheté une moto seconde main, alors que vous aviez la possibilité d’en avoir une neuve à ce prix ? A la question du procureur du Faso, T.S. a répliqué qu’il aimait la marque de la moto et qu’au moment où il avait la possibilité d’en acheter, les neuves n’existaient plus sur le marché. Sur la question de la tentative de vol au domicile de son voisin, T.S. a également nié les faits alors qu’il a été surpris par le frère de sa victime quand il se préparait à commettre son forfait. « J’ai vu une barrique dans la cour de mon voisin et j’ai voulu la prendre pour recueillir de l’eau très tôt le matin », a-t-il indiqué. Pourquoi attendre 1h du matin pour aller prendre la barrique ? Pourquoi avez-vous pris la fuite quand vous avez été surpris ? A ces questions, T.S. est resté sans voix. Quant à son acolyte D.I., mécanicien, il comparaissait pour détention d’une moto volée et tentative de vol. Aux interrogations des juges, il s’est inscrit dans la même logique de la négation des faits que T.S. Dans les échanges, le procureur du Faso a confondu le prévenu en exhibant ses précédentes déclarations qui étaient en porte-à-faux avec ses dires à la barre. Dans son réquisitoire, le procureur a demandé la relaxe de D.I. au bénéfice du doute pour les faits de tentative de vol, faute de preuves. Pour les faits de vol, il a opté pour une requalification en recel de motocyclettes pour T.S et D.I. Pour T.S., il a maintenu la tentative de vol aggravé. Le ministère public a requis contre T.S, 38 mois de prison dont 36 fermes assortis d’une amende de deux millions F CFA. En délibéré, le tribunal a condamné T.S. à 18 mois de prison dont six mois de sursis avec une amende de 500 000 F CFA. Son compère D.I. a écopé de 12 mois de prison, dont six de sursis avec une amende de 500 000 F CFA.


Il détourne plus de 10 millions F CFA

Condamné en 2017 à une peine de prison de 12 mois ferme pour faux et usage de faux et blanchiment, K.M., commerçant domicilié à Ouagadougou, né en 1970, était à nouveau à la barre, hier mercredi 10 février 2021, pour le détournement d’une somme de 10 800 000 F CFA. Les faits remontent à 2019, lorsque K.M. engage une affaire de vente de 30 kg d’or avec un Burkinabè résidant aux Etats-Unis. Le marché conclu, l’or devrait être convoyé aux partenaires de son compatriote qui se trouvent en Allemagne. Pour le transport de la matière précieuse, K.M. a demandé la somme de 10 800 000 F CFA, en dehors des 660 millions F CFA que devraient coûter l’or. Le Burkinabè des Etats-Unis a transféré l’argent à K.M. par l’intermédiaire de O.Z. Après moult explications, K.M. obtient son visa pour l’Allemagne. Dans les préparatifs de son voyage, il a prétendu être tombé malade. Ce qui ne lui a pas permis d’effectuer son voyage. Son partenaire d’affaires, las de voir le bout du tunnel, a convoqué K.M. à la gendarmerie pour explications. Qu’avez-vous fait de l’argent qui devait servir au transport de l’or ? « Comme je n’ai pas pu aller en Allemagne, je l’ai investi dans l’exploitation de deux sites d’or. Malheureusement, les sites ont été fermés pour trois mois et je n’ai pu avoir l’argent nécessaire pour rembourser. Je voulais vendre ma parcelle pour remettre à mon partenaire son argent, mais il se trouve qu’il y avait quelques soucis », s’est défendu K.M. Pour le procureur du Faso, K.M. a abusé de la confiance de son compatriote, alors que son récent séjour en prison devait lui servir de leçon. Il a requis la peine de 60 mois de prison ferme avec 3 millions F CFA d’amende. La défense de son partenaire d’affaires a indiqué qu’en plus de l’argent détourné, K.M. a occasionné d’autres dépenses à son client, puisque ce dernier s’est rendu en Allemagne et au Burkina Faso dans le cadre de cet achat d’or. A ce titre, il a réclamé le remboursement des 10 800 000 F CFA, de 3 714 646 F pour les dépenses et un 1 100 000 F CFA pour les frais de conseil à son client. En définitive, K.M. a été condamné à 60 mois de prison ferme.


« Je lui ai remis l’argent devant Dieu et les ancêtres »

Agé de 39 ans et père de trois enfants domicilié à Lorgo, dans la commune de Diabo, province du Gourma, Y.K.M. est secrétaire dans une coopérative chargée de faciliter le paiement des factures d’électricité dans la zone. Il a comparu au tribunal de Fada N’Gourma, hier 10 février 2021, pour détournement d’une somme d’argent de 120 800 F CFA. Les faits remontent au mois de janvier 2021. Le prévenu a reconnu avoir reçu cette somme d’argent des mains de M.F. pour le paiement de sa facture d’électricité du mois de novembre 2020. L’affaire a tourné au vinaigre, lorsque la coopérative, avec à sa tête son président, M.M., est venue interrompre le courant dans la minoterie de M.F., lui reprochant de n’avoir pas payé sa facture d’électricité. Pourtant, à en croire celui-ci, il s’est acquitté de son dû dans la seconde quinzaine du mois de janvier 2021. Décidé à couper le courant de M.F. qui ne compte pas se laisser faire, les deux seraient venus aux mains. Pourtant, les propos de M.F. ont bien été confirmés par le prévenu Y.K.M. « Quand il m’a remis l’argent, je l’ai donné, comme d’habitude, à MM, le président de la coopérative », a déclaré YKM. Faux, a rétorqué M.M. qui a affirmé n’avoir reçu ni l’argent, ni la facture. Avez-vous une preuve qui atteste que vous lui avez remis l’argent ? A cette question du procureur du Faso, le prévenu a répondu qu’il n’en a aucune. « Je lui ai remis les 120 800 F CFA devant Dieu et les ancêtres », a-t-il insisté. En fin de compte, le parquet a reconnu YKM coupable des faits d’abus de confiance pour lesquels il est poursuivi. Il a requis une peine d’emprisonnement de 18 mois dont 6 fermes et une amende d’un million F CFA. Y.K.M. devra également rétrocéder la somme à M.F. Le tribunal a suivi le ministère public dans sa réquisition et a condamné le prévenu aux différentes peines énoncées.

Rassemblées par Karim BADOLO
et Johanny SOW

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