Avortement sécurisé: Les réseaux sociaux pour mieux sensibiliser

La Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive (CAPSSR) a lancé, samedi 28 septembre 2019, à Ouagadougou, une campagne digitale pour promouvoir de la législation en matière d’avortement.

Hashtag « J’aime ma vie, je dis non aux avortements clandestins ». Sous ce slogan, la Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive (CAPSSR) met à contribution les réseaux sociaux pour sensibiliser et informer la population sur les conditions légales d’accès à l’avortement, selon le Protocole de Maputo, ratifié par le Burkina. A l’occasion de la Journée mondiale de l’avortement sécurisé, samedi 28 septembre 2019, à Ouagadougou, la CAPSSR a lancé, dans le cadre du projet RESOnance, une campagne en ligne. A compter de cette date et ce, jusqu’en décembre prochain, des messages et récits de vie seront diffusés sur les réseaux sociaux dans le but de promouvoir l’avortement médicalisé. La E-Campagne vise à toucher le maximum de personnes. En 2019, environs 1 300 000 burkinabé étaient sur Facebook et 16 000 autres sur Twitter. « La campagne vise à sensibiliser le public et l’ensemble des acteurs pour accroitre les opinions favorables à l’accès à l’avortement sécurisé», a expliqué Mariam Nonguierma, présidente du Conseil d’administration de la CAPSSR. Elle s’est offusquée du nombre de cas d’avortement au Burkina, alors que la législation reconnait aux femmes le droit d’interrompre une grossesse en cas de malformation de fœtus, de viol et d’inceste. L’annuaire statistique du ministère de la Santé a  enregistré 40 988 avortements en  2017 au Burkina Faso, dont 38 925 spontanés, 1 943 clandestins et 120 thérapeutiques. Les régions du Centre et des Hauts-bassins détenaient les tristes records avec respectivement 6 439 et 5 401 cas. Parmi eux, 545 et 318 l’ont été de manière clandestine. Ces avortements ont causé plus de 15 mille décès.

Protéger la femme

La question de l’avortement heurte les sensibilités, mais la pratique endeuille. Le tabou n’empêche pas le drame. A l’occasion de la journée mondiale de l’avortement sécurisé, la CAPSSR a posé le débat, à travers un panel sous le thème : « Agissons : l’avortement est un soin de santé ». L’un des panélistes, gynécologue-obstétricien au CHU-Blaise Compaoré, Dr Ousséni Compaoré, a soutenu que l’avortement est un problème de santé publique. Se référant à des donnés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il a indiqué qu’une femme qui vit en Afrique subsaharienne présente près de 200 fois plus de risques de mourir de complications liées à la grossesse qu’une autre vivant en Occident. Et la majorité de ces avortements s’opèrent dans la clandestinité. Ce qui est hautement générateur de complications et par ricochet de plus de 15% de décès maternels.  En Afrique, 3 avortements sur 4 sont clandestins selon les chiffres de 2014 de l’Institut Guttmacher. L’ONG a estimé à plus de 8.2 millions de cas entre 2010 et 2014 sur le continent. « Les avortements provoqués sont les plus grands pourvoyeurs de complications, au-delà de ses effets immédiats sur la santé individuelle de la femme » a fait noter Dr Compaoré. Pour la magistrate Somkieta Traoré, l’avortement reste une des principales causes de décès maternel évitables si la loi est appliquée. Elle a soutenu que le Burkina dispose d’un arsenal juridique favorable à la promotion de la santé sexuelle et reproductive. En plus, le Protocole de Maputo, en son article 14, fait obligation à ses signataires dont le Burkina Faso, préconise la protection de la femme par la promotion de l’avortement médicalisé. « Sa non application effective est une infraction », a-t-elle souligné. De nombreuses femmes remplissent les conditions légales mais elles ne savent pas que la loi les y autorise. Le droit à l’éducation et à l’information en matière de SSR pourrait réduire considérablement les taux d’avortements clandestins et les décès maternels, a affirmé Somkieta Traoré. Les panélistes se sont voulus clair : « il ne s’agit pas de faire l’apologie de l’avortement mais plutôt de la protection de la vie de la femme ». Ils ont plaidé pour un assouplissement de l’arsenal juridique, des us et coutumes dans le cadre de l’avortement sécurisé au Burkina Faso afin de pouvoir réduire les souffrances des femmes et jeunes filles et les décès maternels. Dans tous les cas, « dès lors qu’une femme ne veut pas d’une grossesse, il avortera peu importe, mieux vaut l’accompagner», ont-ils dit.

Djakaridia SIRIBIE

 

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