Bientôt le forum tant attendu !

Le Conseil des ministres de rentrée du mercredi 9 septembre dernier a tranché. Le forum national sur la réconciliation nationale se tiendra du 17 au 23 janvier 2022. Après les concertations communales et les fora régionaux, la Feuille de route pour la réconciliation nationale et la cohésion sociale continue de se dérouler, s’enrichissant des solutions et des avis issus des concertations à la base. Comme quoi souvent, le temps dicte ses priorités sur le choix des hommes. En effet, annoncé pour le premier semestre de 2021, c’est bien six mois plus tard que l’événement érigé en priorité nationale par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, aura lieu.

Au-delà du fétichisme des dates, c’est bien tout le travail en amont mené par le ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale et de Cohésion sociale, Dr Zéphirin Diabré, qui pose les bases de ce que sera ce tournant dans la vie de la nation qui suscite beaucoup d’admiration. Ceux qui pensaient que ce sera « des arrangements » entre hommes politiques, en auront pour leurs frais. Sans être dans le secret des dieux, ce qui se laisse voir actuellement- la rencontre de toutes les composantes de la nation dans l’ensemble des communes du pays- est la preuve que cette réconciliation figurant en bonne place dans le programme présidentiel proposé aux Burkinabè, ne laissera aucun sujet ni personne en rade. C’est bien une rencontre de famille où même les cadets auront leur mot à dire. C’est cette spécificité qui fait la force de ce pays et que tous les Burkinabè souhaitent voir applaudie au terme du forum de janvier 2022.

Un Burkina réconcilié avec lui-même, qui surmontera les déchirures du passé, c’est le vœu exprimé par l’initiateur du programme, le Président, Roch Marc Christian Kaboré, convaincu que dans cette grisaille mondiale, seuls les Etats forts qui auront détecté les dissensions puériles pour les colmater ensemble pourront avoir voix au chapitre dans le concert des nations. Pour ce faire, chaque entité devra accepter perdre un peu de sa « glorieuse », questionner ses certitudes, voire les remettre en cause, pour qu’ensemble, les Burkinabè flétrissent la farine pour obtenir un bon tô comestible pas seulement pour les contemporains, mais pour les générations à venir. Dans le processus irréversible de réconciliation en cours, il va sans dire que les porteurs du projet qui jusque-là ont le quitus de son initiateur regardent en arrière et se rappellent que, dans un passé pas très lointain, 2001, les Burkinabè s’étaient pardonnés face aux cameras à l’occasion de ce genre de rencontres avec des résultats mitigés.

Avaient-ils suffisamment pris en compte les desiderata des populations ? La réponse est bien non. Pour la simple raison que même si les victimes ou parents de victimes avaient du bout des lèvres accepté, il restait cette phase de passage obligatoire. Qu’elle soit appelée transitionnelle, ou traditionnelle, ce que ces Burkinabè meurtris dans leur chair pour avoir perdu un être cher voulaient, c’était bien le mea culpa des présumés auteurs pour la paix du cœur et le repos éternel de leurs parents. Pour ne pas biaiser cette rencontre, il faut bannir les spécificités pour voir l’avenir de notre pays. Il faut bannir les particularismes, parce que chaque cas est une particularité. Si le principe de passer devant les juridictions est acté, alors que chacun puisse répondre de ses faits en toute responsabilité. Il n’y aura aucun paradoxe que la réconciliation à venir passe devant les juridictions. Dans un Etat de droit avec la séparation des pouvoirs, il faut avoir cette force de laisser l’exécutif mener sa lutte, au parlement de faire son travail et à la justice d’exercer ses prérogatives constitutionnelles en toute indépendance.

Avant le 17 janvier 2022, des procès dont celui emblématique du capitaine Sankara, mort assassiné le 15 octobre 1987, s’ouvriront dans un contexte où sa famille biologique, sa famille politique et les Hommes qui ont adhéré et regardé avec enthousiasme le destin de ce jeune président veulent savoir la vérité. Ont-ils raison ? Oui, autant que nous sommes, dans la même situation, nous chercherions la paix du cœur et le repos pour notre regretté si celui ou ceux incriminés venaient à donner leur part de vérité. Voici pourquoi, nulle ne doit déjà se condamner, alors qu’hier tous, nous louions l’indépendance du pouvoir de la Justice. Alors, dans ce cas de figure, les jugements annoncés constituent les meilleurs gages d’une vraie réconciliation, celle qui évitera que dans quelques années, s’ouvre un autre round de réconciliation.

Par Mahamadi TIEGNA

mahamaditiegna@yahoo.fr

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