Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme : le secteur immobilier indexé

Les résultats de l’étude d’évaluation nationale des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme au Burkina Faso ont été présentés, au cours d’un forum national tenu le 5 novembre 2019, à Ouagadougou.

La criminalité financière a un impact négatif sur la stabilité, la sécurité et les efforts de développement des Etats. Pour lutter contre le fléau, le Burkina Faso a lancé, en 2017, une étude d’Evaluation nationale des risques (ENR) de Blanchiment de capitaux et de Financement du terrorisme (BC/FT). Les résultats de cette évaluation ont été présentés aux acteurs impliqués dans la lutte contre ces fléaux, lors d’un forum national tenu le 5 novembre 2019, à Ouagadougou. Selon le coordonnateur de l’étude, Robert Tondé, le diagnostic a abouti au constat que le pays des Hommes intègres présente une certaine vulnérabilité face à ces phénomènes. «Globalement, la menace en matière de blanchiment des capitaux est élevée au Burkina Faso, elle est moyennement élevée en matière de financement du terrorisme», a-t-il indiqué.

Pour le ministre de la Justice, Garde des sceaux, René Bagoro, ces résultats sont imputables à la faible capacité nationale à lutter contre le blanchiment des capitaux et aux fortes pressions à la frontière Nord du Burkina.
Conformément aux standards internationaux, on distingue 21 infractions sous-jacentes aux flux financiers illicites, parmi lesquels la corruption, la fraude, etc. a expliqué le consultant. Au Burkina Faso, les infractions les plus répandues en matière de BC/FT concernent les détournements des deniers publics et certaines opérations du secteur immobilier, a-t-il poursuivi. Et de préciser que l’étude a couvert la période 2009-2016 ; correspondant à la période pendant laquelle le pays s’est engagé dans la lutte contre les transactions criminelles à travers la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel, avec notamment la création d’une Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) en 2008, suivie de son opérationnalisation en 2009. Mais au regard des défis sécuritaires actuels, les données semblent avoir beaucoup évolué, a ajouté M. Tondé.
«Cette évaluation nationale des risques vise à identifier, à l’échelle nationale, les principales menaces, les vulnérabilités pour déterminer le niveau de risque qui en découle», a rappelé le Garde des sceaux. Le rapport de l’étude et le plan d’actions y relatif constituent des documents de référence pour les différentes parties prenantes, qui devront continuer à se les approprier et à les décliner, au regard de leur expertise sectorielle, dans leurs procédures et documents internes, a-t-il souligné.
Outre l’implication constante des pouvoirs publics, la lutte contre les flux illicites d’argent nécessite aussi la pleine mobilisation du secteur privé, confronté, en première ligne aux menaces de blanchiment des capitaux
et de financement du terrorisme.

Sauver la nation

De l’avis de la ministre déléguée chargée du budget, Edith Clémence Yaka, la réalisation de cette étude est l’aboutissement d’un travail entrepris par le Secrétariat permanent de l’évaluation nationale des risques de BC/FT, avec l’ensemble des acteurs publics et privés nationaux, sous le pilotage technique de la CENTIF. Pour elle, la pertinence de la problématique, sa sensibilité, ainsi que sa complexité commandaient cette démarche participative et inclusive. Dans la même veine, le ministre Bagoro a invité tous les Burkinabè à s’impliquer activement dans la lutte contre la criminalité financière afin de sauver la nation qui est en danger. « Il nous appartient donc, en premier chef, d’œuvrer à éradiquer ces maux pour notre propre survie et surtout pour celle de la génération à venir à qui nous devons léguer la patrie, un patrimoine commun que les générations passées ont su garder et protéger pour nous », a-t-il conclu.

Mahamadi SEBOGO
windmad76@gmail.com

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