Blocus économique contre Cuba : le ministre Bruno Parrilla plaide pour la fin d’une « injustice »

Bruno Rodríguez Parrilla : « Cuba a le droit de vivre sans blocus, Cuba a le droit de vivre en paix. Cuba serait mieux sans blocus ».

Ceci est la déclaration liminaire du ministre des Relations extérieures de la République de Cuba, Bruno Rodríguez Parrilla, relative au blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba. Les 2 et 3 novembre prochains, l’Assemblée générale des Nations unies va analyser pour la 30e fois d’affilée, la nécessité de lever ce blocus qui dure plusieurs décennies.

L’Assemblée générale des Nations unies analysera pour la trentième fois d’affilée, les 2 et 3 novembre prochains, le point de son ordre du jour intitulé : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique ». Cela se fera dans un contexte spécial, marqué par les effets désastreux du cyclone Ian, par les retombées d’une crise mondiale multidimensionnelle – crise économique internationale, menace imminente de récession mondiale, crise alimentaire, crise énergétique, crise sanitaire, etc.

Mais aussi dans un contexte marqué par un durcissement sans précédent du blocus appliqué à Cuba qui a démarré depuis le second semestre de 2019, quand l’administration étasunienne antérieure a décidé de suivre une politique d’asphyxie économique, de guerre économique, qui visait délibérément l’effondrement non seulement de notre économie mais aussi de notre pays et qu’elle a appliquée sans se soucier le moins du monde de ses graves conséquences humanitaires ni de ses retombées, car, même si cette politique n’atteindra jamais son objectif final, elle a incontestablement de très lourdes conséquences.

Le Rapport, disponible en ligne pour vous-mêmes, pour notre peuple et pour le corps diplomatique accrédité à La Havane, fait le point de toutes ces retombées. Le blocus en soi n’a pas changé ; ce qui a changé, c’est qu’il a été chirurgicalement mieux conçu, qu’il vise chacun des principaux revenus de notre pays, qu’’il cherche avec hargne à frapper la vie quotidienne de notre population. Son objectif, en fait, n’est pas nouveau, il est celui que prônait dès avril 1960 le sous-secrétaire d’Rtat Lester Mallory, à savoir déprimer les salaires réels et nominaux, provoquer de la faim, semer le désespoir de la population afin que celle-ci renverse le gouvernement révolutionnaire.

En 1996, la Loi Helms-Burton a mieux codifié cette politique. Et l’administration républicaine de Trump, à son tour, s’est lancée dans une politique de pression maximale, appliquant plus de deux cents sanctions de son cru, à la recherche de ce même objectif cruel. Je vais vous fournir une nouvelle donnée : d’août 2021 à février 2022, les pertes causées par le blocus se sont chiffrées à 3 806 000 000 de dollars. C’est là un record historique pour une période d’à peine sept mois ! Sans ces mesures, selon des calculs visant au plus bas, notre Produit intérieur brut (PIB) aurait pu, malgré les circonstances défavorables, enregistrer une croissance de 4,5 p. 100 durant cette même période.

Durant les quatorze premiers mois de l’administration Biden, les préjudices et les dommages causés par le blocus se sont chiffrés à 6 364 000 000 de dollars, là aussi un record. Soit plus de 454 millions de dollars par mois, ou plus de 15 millions de dollars par jour ! En soixante ans, à prix courant, les préjudices sont montés au total à 154 217 000 000 de dollars. Un montant exorbitant pour une économie aussi petite que la nôtre, pour un pays sans grandes ressources naturelles, une île sous-développée…

Oui, mais, comparées à la valeur de l’or, ces pertes, compte tenu de la dépréciation de cet étalon, se chiffrent à un total énorme de 1 391 111 000 000 de dollars ! Autrement dit, un billion de dollars, qui équivaut à un million de millions, plus 391 milliards de dollars ! Imaginez ce que Cuba aurait pu faire si elle avait disposé de ces ressources. Imaginez ce qu’elle serait aujourd’hui si elle avait disposé d’une telle masse de ressources ! Le blocus économique est le facteur central qui définit la nature même de la politique étasunienne envers Cuba.

Et, je le répète, l’administration Trump l’a durci à des degrés inouïs. Or, la politique du démocrate Biden, marquée par l’inertie absolue envers Cuba, a repris exactement celle du républicain Trump : elle n’y a apporté aucun changement. Cette conception de frappe chirurgicale continue de traquer chaque revenu, chaque source de financement et d’approvisionnement de notre pays, maintenant dans la pratique exactement les mêmes réglementations en vigueur. Ses effets sont donc plus graves et, d’un point de vue humanitaire, plus pervers et plus nocifs. Le blocus a dépassé, en qualité agressive, tout ce qui avait existé jusqu’ici (…).

Le rejet du blocus a été l’un des points les plus abordés par les chefs d’Etat ou de gouvernement lors du segment de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies qui vient de conclure. Quarante Etats ont réclamé à haute voix la cessation de cette politique. Certains ont aussi réclamé que Cuba soit retirée de la liste arbitraire, injuste, capricieuse, immorale et illégale que dresse l’administration étasunienne au sujet des Etats censément commanditaires du terrorisme. D’autres ont remercié Cuba de la coopération internationale, surtout médicale, qu’elle prête de manière modeste et silencieuse.

Ce débat général a aussi prouvé éloquemment que la politique de blocus isole et discrédite l’administration étasunienne, que la majorité des américains s’y opposent, ainsi que la majorité des Cubains vivant aux Etats-Unis et dans d’autres pays, qu’elle est rejetée par la quasi-totalité de la communauté internationale et qu’elle doit être changée parce que le monde a changé. Un jour, une administration américaine sera forcée de le faire ! La condamnation de cette politique criminelle est universelle.

Cette politique n’a pas vaincu Cuba, elle n’a pas atteint ses objectifs, même si elle provoque beaucoup de dégâts humains, cause des souffrances quotidiennes à chaque famille quand elle se réunit autour de la table, dans le noir à cause des coupures de courant, ou alors quand elle cherche des médicaments pour un malade. Oui, notre peuple souffre ! Cuba a le droit de vivre sans blocus, Cuba a le droit de vivre en paix. Cuba serait mieux sans blocus. Nous serions tous mieux sans blocus. Les Etats-Unis seraient un meilleur pays sans blocus contre Cuba. Le monde serait mieux sans blocus à Cuba. Je vous remercie.

Bruno Rodríguez Parrilla

Ministre des Relations extérieures de la République de Cuba

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