CEDEAO: Le mouvement le Faso, ma Patrie juge les sanctions sur le Burkina inopportunes

Ceci est une lettre ouverte du mouvement le Faso, ma Patrie adressée au président en exercice de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à propos des sanctions et des menaces de sanctions sur le Burkina Faso.

Excellence Monsieur le Président,

A la faveur du sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement tenu le 25 mars 2022 à Accra, il a été décidé entre autres de maintenir la suspension du Burkina Faso de toutes les institutions de la CEDEAO et d’appliquer des sanctions économiques et financières à partir du 25 avril 2022 si les autorités burkinabè ne parviennent pas à trouver un chronogramme acceptable de transition au goût de la CEDEAO.

C’est au regard de la gravité des menaces brandies contre le peuple burkinabè déjà meurtri par le terrorisme et la crise humanitaire que, le Mouvement Le Faso, Ma Patrie, Organisation de la société civile burkinabè, vous adresse la présente lettre ouverte en vue d’attirer votre attention sur l’inopportunité de ces sanctions et menaces.

En effet, depuis 2016 le Burkina Faso fait face à une crise sécuritaire et humanitaire sans précèdent de son histoire. Cette situation d’insécurité a engendré prêt de 3 000 morts tant au niveau civil que militaire, plus de 1 800 000 personnes déplacées internes, plus de 3 000 établissements scolaires fermés mettant en péril l’avenir de plus de 500 000 élèves et l’inaccessibilité de près de 2/3 du territoire burkinabè. A cela s’ajoute une crise alimentaire du fait que les populations n’ont pu cultiver sur les 03 dernières années.

Aussi, bon nombre des Etats membres de la CEDEAO sont dans les tourments indescriptibles de la spirale terroriste qui gagne du terrain dans cette partie du continent.

Ainsi, après la république Fédérale du Nigéria, cette hydre terroriste s’est emparée des républiques sœurs du Mali, du Niger, du Burkina Faso, puis de la Côte d’Ivoire. Depuis quelques mois, les Républiques du Bénin et du Togo connaissent des incursions terroristes.

A ce jour, huit (8) des quinze (15) pays membres de la CEDEAO sont atteints par ce phénomène dont les conséquences sont perceptibles sur la vie des populations, sans qu’aucune action concrète militaire et humanitaire de l’institution communautaire ne soit mise œuvre pour venir en aide aux Etats éprouvés.

C’est face à ce sombre tableau au Burkina Faso, que des dignes fils du Faso ont pris leurs responsabilités afin d’arrêter la corruption et la mauvaise gouvernance qui a mis à mal la lutte contre le terrorisme.

Excellence Monsieur le Président, Le Mouvement Le Faso, Ma Patrie(MFP) s’interroge sur les fondements du refus de la CEDEAO à accepter le chronogramme consensuel de trois (03) ans de transition décidé par les Forces vives de la Nation burkinabè alors que de nombreux signes montrent la volonté du peuple et des autorités burkinabè de la transition de retrouver un processus démocratique normal une fois la question sécuritaire stabilisée.

De ces signes de bonne volonté on retient :

  • la restauration de l’état de droit par la restitution de la constitution et l’adoption d’une charte de transition ;
  • la mise en place d’organes de transition ;
  • l’impossibilité inscrite dans la charte, de la non-participation du Président de la Transition, du Premier Ministre et du Président de l’Assemblée Législative de la Transition aux élections démocratiques prochaines ;
  • le respect de la liberté d’opinion et d’expression ;
  • la libération de l’ex-président Roch Marc Christian KABORE ;
  • le renforcement de la lutte contre le terrorisme ;
  • la création du Commandement des opérations du théâtre national ;
  • la nomination d’hommes intègres et compétents au gouvernement et aux hautes fonctions de l’administration ;
  • le lancement d’une opération d’audit dans l’administration publique afin de s’attaquer à la corruption qui gangrène la lutte contre le terrorisme;
  • le projet de création des comités locaux de restauration de la paix ;
  • le renforcement de la prise en charge des PDIs

Du reste, c’est cette situation d’insécurité qui a été la raison fondamentale pour le régime déchu de reporter les élections communales de mai 2021, sans que la CEDEAO ait eu à dire un seul mot.

Tenant compte de cette réalité, les autorités ont enclenché cette transition sur trois (03) ans qui vise à sécuriser totalement le territoire, ce qui est l’aspiration première de tout le peuple burkinabé. Les autorités de la transition se donnent aussi les moyens durant cette période d’organiser le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités et le retour de l’administration dans toutes les localités du pays. Ce sont là, les bases fondamentales du retour à un processus démocratique participatif, inclusif et transparent.

Le peuple burkinabè est résilient, pour preuve l’insurrection de 2014, l’opposition au coup d’Etat de septembre 2015 et s’il n’avait pas été consentant, cette transition enclenchée en janvier 2022 n’aurait pas pu prospérée.

Excellence Monsieur le Président, au regard de tout ce qui précède, le Mouvement le Faso Ma Patrie invite la CEDEAO à :

  1. abandonner les menaces et les sanctions annoncées à l’encontre du peuple burkinabè ;
  2. accompagner les autorités de la transition ainsi que le peuple burkinabè dans sa lutte héroïque contre le terrorisme et la prise en charge des PDIs ;
  3. inclure la société civile burkinabè dont le Mouvement le Faso Ma Patrie, dans le processus de concertation sur la transition.

Si cela n’est pas fait, tout porterait à croire que les chefs d’Etats de la CEDEAO sont insensibles à la menace de disparition de notre fier et beau pays et à la souffrance du peuple burkinabè, mais sont plus soucieux du rétablissement d’un simulacre de démocratie, même si les élections devraient se faire dans des cimetières où sur un territoire au 2/3 inaccessible.

Par la présente, le Mouvement Le Faso, Ma Patrie, après la conférence de presse qu’il a animée le samedi 09 avril 2022 à Ouagadougou, vous interpelle solennellement afin que, par votre leadership éclairé, la volonté du peuple Burkinabè, soit comprise. Si au nom d’un prétendu principe, la CEDEAO ne peut accompagner le Burkina Faso dans la reconquête de son intégrité territoriale et la restauration de l’Etat de droit, qu’elle n’entrave pas la marche courageuse des dignes fils et filles par l’application des sanctions.

Recevez, Excellence Monsieur le Président, l’expression de ma Très haute considération.

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

 

Lucien ZIE

Secrétaire Général du Mouvement le Faso, ma patrie

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