Centrafrique : le retour des vieux démons ?

La situation politique en Centrafrique en cette fin d’année 2020 n’est pas celle de la sérénité. Alors que les Centrafricains s’apprêtent à désigner leurs futurs dirigeants (président et députés), le 27 décembre prochain, voilà que les vieux démons ont décidé de jouer les trouble-fêtes. En effet, trois groupes armés que sont le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le nord du pays, le groupe les 3R (Retour réclamation, réhabilitation) présent dans l’ouest et des milices anti-balaka réputées favorables à l’ex-chef d’Etat François Bozizé ont décidé le samedi dernier de fusionner en une entité, dénommée Coalition des patriotes pour le changement (CPC).

Après cette annonce à l’allure d’une déclaration de guerre, des affrontements ont aussitôt été signalés dans certaines localités du pays notamment à Mbaïki à une centaine de kilomètres au sud de Bangui, la capitale du pays. Dans la ville de Bouar, une position des forces de l’ordre à l’entrée de la ville sur l’axe Béloko a été délogée par les rebelles sans aucune résistance. Une présence inhabituelle d’hommes en armes est aussi signalée à Baboua, au nord-ouest près de la frontière camerounaise.

Ce regain de tension subite a créé et continue de semer la panique au sein de la population qui ne s’est à quel saint se vouer. Fatigués de subir les conséquences fâcheuses d’une guerre sans issue, les Centrafricains sont curieux de savoir qui en veut autant à leur cher pays. Pourtant, ils avaient l’espoir d’enterrer la hache de guerre car depuis 2018, le conflit avait fortement baissé en intensité. Le pouvoir en place n’est pas allé du dos de la cuillère pour trouver l’instigateur de cette « merde », en la personne de l’ex-président Bozizé accusé de fomenter un coup d’État. Même si ses proches s’en défendent bec et ongles, tout laisse à croire que leur mentor prépare un « cadeau de Noël » désagréable à ses compatriotes. En effet, l’ancien homme fort de Bangui a encore toujours gros sur le cœur à la suite de son éviction du pouvoir par des groupes armés en 2013. Depuis lors, le président déchu est soupçonné de soutenir les milices anti-balaka engagées dans la conquête du pouvoir par les armes.

Pour ce péché originel, il a été littéralement écarté de la course à la présidentielle du 27 décembre par la Cour constitutionnelle qui estime qu’il était sous le coup de sanctions des Nations unies pour son soutien présumé à des groupes armés responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Pour la première fois, Bozizé est explicitement accusé par les partenaires de la Centrafrique d’être responsable de l’offensive en cours ainsi que des « groupes armés alliés ». Pour avoir « saigné » financièrement dans l’organisation du scrutin, ces « amis » de la Centrafrique tiennent mordicus à cette élection et sont prêts à miser pour obtenir son aboutissement. Autant dire que les carottes sont presque cuites pour M. Bozizé. Ces groupes armés doivent se rendre compte qu’ils sont en train de filer du mauvais coton, en voulant empêcher la tenue des élections. Ils gagneraient donc à s’inscrire dans un schéma de paix, si tant est qu’ils sont attachés au développement de leur pays.

Abdoulaye BALBONE

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