Contre vents et marées

Trois ans. Ce n’est pas encore un quinquennat. Mais trois premières bornes sur le chemin du mandat. L’occasion de jeter un coup d’œil rétrospectif et d’observer les traces de ses pas pour voir si l’on n’a pas dévié de sa trajectoire. Contre vents et marées, le Burkina Faso a poursuivi sa marche en avant en 2018 avec comme objectif, l’émergence, entendue comme la transition vers une économie développée. Dans cette optique, de profondes réformes structurelles ont été entreprises sur les plans politique, économique et social.

De la révision de la Constitution, dont le processus est prévu pour s’achever cette année, à la mise en œuvre de l’Assurance-maladie universelle, en passant par la refonte des salaires des agents publics et le rôle de plus en plus grand dévolu aux collectivités territoriales et au secteur privé, tout est mis en œuvre pour inverser durablement la courbe de la pauvreté et accorder des espaces de libertés plus larges aux populations. L’année 2018 a été marquée, entre autres, par le deuxième remaniement, le 31 janvier, du gouvernement du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, les congrès de certains partis politiques (UPC, CDP…), la naissance d’au moins cinq nouveaux partis politiques (FPR, NCC, OPA-BF, PUR, URD…), des crises dans certaines mairies de Ouagadougou et d’autres communes à l’intérieur du pays ainsi que la suspension du PAI de Soumane Touré.

Le rétablissement des relations avec la République populaire de Chine, ainsi que la tenue du 7e Traité d’amitié et de coopération (TAC) en Côte d’Ivoire ont également rythmé une année 2018 à très fort impact diplomatique. Les infrastructures se sont développées avec l’achèvement et la mise en exploitation de grands ouvrages de désenclavement. Il s’agit du plus long pont du Burkina Faso (309 mètres) sur le fleuve Sirba, de celui mixte de Boromo et de l’échangeur du Nord de la capitale. Il y a eu également le lancement des travaux de construction de la nouvelle voie de contournement (125 Kilomètres) de Ouagadougou, le 30 octobre, par le président Roch Marc Christian Kaboré et son homologue du Liberia, George Weah. Toutes ces réalisations l’ont été dans un contexte national marqué par de multiples attaques terroristes au Sahel, au Nord, au Sud-Ouest …et à Ouagadougou où l’ambassade de France et l’Etat-major des armées ont été ciblés, le 2 mars. Fait notable, le mode opératoire des assaillants a évolué avec l’utilisation d’engins explosifs improvisés (IED en anglais).

Les 12 mois écoulés ont surtout été caractérisés par un accroissement des moyens et des capacités opérationnels des forces armées nationales et une riposte conséquente, qui a permis de tuer dans l’œuf des projets d’attentats, de démanteler et neutraliser des cellules terroristes à Ouagadougou, le 23 mai dernier, dans le quartier Rayongo et dans d’autres localités. L’actualité socioéconomique de l’année a été dominée par la première grande manifestation de protestation contre le pouvoir, le 29 septembre, les grèves des travailleurs du ministère en charge des finances durant le premier trimestre, celles des transporteurs, les assises nationales sur le système de rémunération des agents du public, la hausse des prix à la pompe du carburant… Du côté de la justice, le procès du putsch manqué de septembre 2015 s’est ouvert le 27 février.

Les affaires Norbert Zongo et Thomas Sankara ont connu de relatives avancées. Dans la seconde affaire, la justice française a autorisé l’extradition de François Compaoré. L’Etat français, pour sa part, a levé le secret-défense sur certains documents relatifs à l’assassinat du leader de la Révolution d’août 1983. Tout compte fait, à mi-mandat, le président Roch Marc Christian Kaboré a une obligation de résultats, en matière notamment de lutte contre l’insécurité et le terrorisme par tous les moyens. Laquelle peut commander une recomposition de la classe politique.  En tous les cas, l’année 2019 sera vraisemblablement placée sous le signe des manœuvres politiques de tous genres. Toute chose qui ne doit point détourner les gouvernants de leur obligation première, à savoir assurer le bien-être social et économique des populations et faire du Burkina Faso une nation qui compte sur l’échiquier international.  Plus que jamais donc, le gouvernement devra revêtir le bleu de chauffe. L’adresse du Chef de l’Etat du 31 décembre a donné des indications claires allant dans ce sens.

 

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

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