Coronavirus à Bobo : les confidences d’un maire confiné

Le 4e adjoint au maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Alain Sanou, a été l’une des personnes confinées à Bobo-Dioulasso parce qu’ayant eu des contacts avec le ministre Stanislas Ouaro, atteint du coronavirus. Sorti de son confinement après deux semaines d’observation, il nous raconte dans cet entretien, comment il a vécu cette « retraite ».

Sidwaya (S.). Monsieur le maire, dans quel contexte vous avez été mis en confinement ?

Alain Sanou (A. S.) : Le coronavirus est une maladie qui concerne tout le monde, des autorités aux simples citoyens. J’ai été au contact avec le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, Stanislas Ouaro. Nous avons coanimé une rencontre sur les infrastructures scolaires et avons déjeuné ensemble à Bobo-Dioulasso. C’est à la suite de cela que la direction régionale de la Santé des Hauts-Bassins m’a appelé et me confiner car le ministre Ouaro avec qui j’ai eu des contacts a été testé positif au COVID-19. Les agents de la santé m’ont fait savoir que le principe veut que toute personne qui a été en contact avec une personne malade soit confinée. Ils m’ont alors conseillé de rester à la maison, de garder la distance avec les membres de la famille et de cesser toute activité, alors que moi je bouge beaucoup et je suis permanemment en contact avec la population de par mes activités politiques, sociales ou administratives en tant que 4e adjoint au maire, responsable politique et entrepreneur.

S. : Comment avez-vous vécu ce confinement ?

A. S. : A la maison, j’ai mis tous les dispositifs en place pour gérer mon isolement à domicile. Cela n’a pas été facile. Il faisait chaud. Les gens venaient à la maison et voulaient me voir. Les enfants qui n’avaient pas l’habitude de voir leur papa étaient contents que leur père soit cette fois-ci la maison, Mais tout ce monde ne pouvait pas m’approcher. Je souffrais mais je ne pouvais pas leur dire que je m’isolais à cause d’eux. A un certain moment je me demandais si je n’étais pas réellement malade. On me rassurait que je ne suis pas malade et que le temps d’incubation qui dure deux semaines n’est pas arrivé et que je n’étais pas en danger. Mais j’avais toujours peur. Je repoussais tous ceux qui essayaient de m’approcher. Je vivais en plus un problème psychologique, car il se racontait partout que le 4e adjoint au maire que je suis est malade du COVID-19. J’essayais de rassurer mes proches que je n’étais pas malade et que j’ai été confiné pour ne pas contaminer les autres au cas où je venais à être testé positif. Mais entre la menace et la maladie, les gens ne comprennent pas toujours. Je recevais seulement un seul ami tout en respectant les consignes qu’on nous a données. J’ai fait les deux semaines dans ça. J’ai même fait deux jours de plus pour me rassurer qu’il n’y avait pas de problème. La direction régionale de la Santé m’appelait chaque jour pour me rassurer et noter les moindres petits détails. C’est ainsi qu’après les deux semaines, et ne présentant aucun signe, on a mis fin à mon confinement. Mais quand je suis revenu au service après les deux semaines, les gens avaient toujours peur de moi et m’évitaient. Le chauffeur qui me conduisait subissait le même sort. Personne ne voulait l’approcher. Ça n’a pas été facile. J’ai fait des témoignages à l’une des rencontres du comité de suivi du COVID-19 à Bobo-Dioulasso et mon témoignage a permis d’envisager des dispositifs pour une meilleure prise en charge du confinement.

S. : Au regard de ce que vous avez vécu, quels conseils avez-vous à donner à la population ?

A. S. : Je demande aux uns et aux autres de ne pas se frotter et d’observer les distances édictées par les responsables sanitaires. Il faut continuer à sensibiliser la population. Il faut que chaque foyer apprenne à vivre dans le confinement. Les gens ne doivent pas attendre qu’il ait ce genre de maladie pour se confiner. Ils doivent le faire systématiquement. Le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour éviter la propagation de la maladie et je trouve que c’est assez responsable. On a fermé les écoles, les maquis et instauré un couvre-feu. Je trouve cela normal parce que si la population continue de se regrouper, la maladie ne va pas stopper. Je profite de l’occasion pour remercier les autorités pour tout l’arsenal mis en place pour arrêter la propagation de la maladie. Je rends également un vibrant hommage au personnel de la santé qui, avec le peu de moyens abat un grand travail. J’encourage les forces de sécurité qui œuvrent pour le respect du couvre-feu. J’invite la population bobolaise à respecter les consignes et à être solidaire dans ce moment difficile. L’espoir est permis et le Burkina-Faso, si plait à Dieu, retrouvera son train de vie normale.

Propos recueillis par
Adaman DRABO

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