Côte d’Ivoire : Le PPA-CI a du pain sur la planche

C’est fait! L’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo a lancé le weekend dernier dans la « faune » politique ivoirienne son nouveau parti. Dénommé le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), cette formation se veut, selon ses géniteurs, d’orientation socialiste et souverainiste comme leur ancien parti, le Front populaire ivoirien (FPI). Mais, contrairement à ce dernier, le PPA-CI ajoute une autre corde à son arc.

En plus de ces deux éléments fondamentaux, le nouveau parti s’inscrit dans une vision panafricaniste. Ainsi, après dix ans d’absence hors de sa mère-patrie, M. Gbagbo vient de rompre définitivement le lien ombilical qui le rattachait au FPI, un parti qu’il a, avec ses compagnons de lutte, porté sur les fonts baptismaux en 1988 après six ans d’existence dans la clandestinité.

A la suite des guéguerres de positionnement entre Laurent Gbagbo et son ancien Premier ministre, Pascal Affi Nguessan qui tenait mordicus à la direction du FPI, l’ancien président avait vite compris qu’il allait perdre le bras de fer. Rentré en « héros » au bercail après avoir été blanchi par la Cour pénale internationale au sujet de sa responsabilité dans les violences postélectorales de 2011, l’homme politique n’entend pas sortir perdant dans une guerre de succession qui l’opposera à M. Nguessan.

D’où sa décision de battre en retrait pour créer une autre formation dont il est le premier responsable. Maintenant que le divorce est consommé, la question qui demeure est de savoir si le PPA-CI saura se hisser sur la plus haute marche du podium comme ce fut le cas du FPI en 2000. Comme tout parti, le Front populaire ivoirien a connu son temps de gloire, mais également, sa période de vache maigre. En 18 ans de combat politique, l’ex-prisonnier de la Haye a pu accéder à la magistrature suprême.

Cette performance pourrait s’expliquer par le fait qu’il a été pendant longtemps le seul parti d’opposition à tenir tête au Parti unique de l’époque, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) de Félix Houphouët-Boigny. En effet, pour avoir été leader de gauche, le FPI a pu s’implanter au sein des masses sur l’ensemble du territoire national.

Ce qui lui a permis de récolter les lauriers une quinzaine d’années plus tard. Aujourd’hui, le contexte a incontestablement changé et diffère de celui des années 80. Sur l’échiquier politique ivoirien, pullule une multitude de partis. Comme figures de proue, l’on peut retenir le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) de l’actuel président Alassane Ouattara, le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié et l’actuel FPI, de Pascal Affi Nguessan. Sans oublier l’épouse du président du PPA-CI, Simone Gbagbo, en instance de divorce conjugal qui, elle également, pourrait créer aussi son propre parti. Tous ces leaders politiques sont susceptibles de taper dans la fourmilière.

Cette configuration politique rend la tâche encore dure au nouveau-né dans l’arène même si son maestro a déjà une popularité. Malgré cet atout, M. Gbagbo et son parti sont obligés d’aller au charbon. C’est peut-être conscient des enjeux actuels que l’homme politique a choisi de rester aussi longtemps en politique. Au cas où les textes réglementaires venaient à intégrer la clause limitative d’âge à 75 ans en débat actuellement, ce qui disqualifierait les trois vieux briscards de la politique ivoirienne pour les élections présidentielles de 2025, le PPA-CI à l’instar des autres partis n’aura pas le choix que de prévoir un plan B.

A cet effet, des étoiles montantes comme, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, Bertin Kouadio Konan et Adama Bictogo pourraient être mis sur orbite. Là encore, quel que soit le candidat que le PPA-CI aura à désigner, il lui faudra un nombre conséquent de lieutenants bien formés pour faire la différence. Autant dire que le nouveau parti de Laurent Gbagbo a du pain sur la planche. Fera-t-il mieux avec le PPA-CI ? « Wait and see ».

Abdoulaye BALBONE

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