Crise économique : « Le spectre d’une récession mondiale en 2023 », selon la Banque mondiale

Selon l’étude de la Banque Mondiale, les hausses de taux d'intérêt pourraient porter l'inflation mondiale sous-jacente (hors énergie) à environ 5 % en 2023.

Une nouvelle étude approfondie de la Banque mondiale, publiée en mi-septembre 2022, indique que la hausse générale et simultanée des taux directeurs pour répondre à l’inflation accentue le spectre d’une récession mondiale en 2023 et menace les économies de marché émergentes et en développement de crises financières, qui engendreraient des dommages durables.

La crise mondiale liée à la Covid-19 et à la guerre en Ukraine risque de plonger la planète dans une récession mondiale en 2023, avec pour conséquences d’entrainer des crises financières à dommages durables pour les économies des pays en développement et émergents.

Telle est la conclusion d’un nouveau rapport approfondi du Groupe de la Banque Mondial, rendu public en mi-septembre 2022.

Selon ledit rapport, cette crise en perspective s’explique par la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation.

Et d’ajouter que l’économie mondiale connaît actuellement sa plus forte décélération après une reprise post-récession depuis 1970.

Dans un tel contexte, les banques centrales du monde entier ont augmenté les taux d’intérêt au cours de 2022, avec un degré de synchronisation jamais observé au cours des cinq dernières décennies.

Il ressort des conclusions de l’étude, que cette tendance haussière devrait se poursuivre en 2023 ; alors que la trajectoire qui est actuellement attendue des hausses de taux d’intérêt et d’autres décisions politiques pourrait ne pas suffire à ramener l’inflation mondiale aux niveaux antérieurs à la Covid-19.

Pendant ce temps, les investisseurs attendent des banques centrales un relèvement des taux directeurs mondiaux à près de 4 % jusqu’en 2023, soit une augmentation de plus de deux points de pourcentage par rapport à leur moyenne de 2021.

Et la situation économique peut empirer s’il n’y a pas une certaine maitrise des facteurs aggravants.

Si les perturbations de l’offre et les pressions sur les marchés du travail ne s’atténuent pas, ces hausses de taux d’intérêt pourraient porter l’inflation mondiale sous-jacente (hors énergie) à environ 5 % en 2023, c’est-à-dire, près du double de la moyenne sur cinq ans précédant la pandémie, poursuit l’étude.

Pour ramener l’inflation mondiale à un taux conforme à leurs objectifs, ajoute le rapport de la Banque mondiale, les banques centrales pourraient devoir relever les taux d’intérêt de deux points de pourcentage supplémentaires, d’après le modèle utilisé dans l’étude.

Le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass : « Pour parvenir à de faibles taux d’inflation, à la stabilité monétaire et à une croissance plus rapide, les responsables publics devraient réorienter leurs priorités, afin de s’attacher non pas à réduire la consommation mais à augmenter la production »

Malheureusement, cette mesure pourrait entrainer des tensions sur les marchés financiers, avec pour effet un ralentissement de la croissance du PIB mondial de l’ordre 0,5 % en 2023, soit une contraction de 0,4 % par habitant qui correspondrait à la définition technique d’une récession mondiale, préviennent les évaluateurs.

Le rapport approfondi met également en lumière les circonstances exceptionnellement difficiles dans lesquelles les banques centrales mènent le combat aujourd’hui contre l’inflation, tout en précisant que plusieurs indicateurs historiques des récessions mondiales envoient déjà des signaux d’alarme.

S’il est vrai que les banques centrales doivent poursuivre leurs efforts pour maîtriser l’inflation, sans pour autant déclencher une récession mondiale, les actions concertées des différentes parties prenantes s’avèrent cependant nécessaires, préconise l’étude.

Pour ce qui est de la responsabilité des banques centrales, elles doivent communiquer clairement leurs décisions tout en préservant leur indépendance ; cela aurait l’avantage de contribuer à stabiliser les anticipations d’inflation et à réduire le degré de resserrement nécessaire.

Si les banques centrales des économies avancées doivent être attentives aux répercussions internationales d’un durcissement monétaire, celles des économies émergentes et en développement doivent renforcer les réglementations macroprudentielles et constituer des réserves de change.

Quant aux autorités budgétaires, elles devront soigneusement calibrer le retrait des mesures de soutien budgétaire, tout en veillant à la cohérence avec les objectifs de la politique monétaire, recommande le rapport.

Les autres responsables de la politique économique auront aussi leur partition à jouer dans la lutte contre l’inflation à travers notamment la prise de mesures énergiques pour stimuler l’offre mondiale.

De manière concrète, ils devront s’attacher à assouplir les contraintes du marché du travail, stimuler l’offre mondiale de produits de base, renforcer les réseaux commerciaux mondiaux en coopérant pour atténuer les goulets d’étranglement de l’offre mondiale, conclut le rapport.

Synthèse de Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmai.om

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