Crisis group : « Ce que cache le jihad » au Burkina

L’ONG International Crisis group (ICG) a rendu public, le jeudi 12 octobre 2017, un rapport dénommé « Nord du Burkina Faso : ce que cache le jihad ». Elle y propose aussi des solutions pour venir à bout de la nébuleuse.
International Crisis group (ICG) dévoile « ce que cache le jihad » au nord du Burkina Faso, dans son Rapport Afrique N°254. Dans ce document de 33 pages, rendu public le 12 octobre 2017, l’ONG révèle les racines sociales de la violence djihadiste dans la partie septentrionale du pays.
Elle donne à voir également une cartographie des attaques des groupes extrémistes de janvier à septembre 2017 et une chronologie des incidents sécuritaires depuis 2015 à nos jours.
« Si l’insécurité résulte en grande partie d’une extension du conflit malien, la crise au Nord du Burkina révèle une dynamique sociale endogène », peut-on lire dans le rapport. ICG présente le groupe armé Ansarul Islamdu prédicateur Malam Ibrahim Dicko, acteur principal de l’insécurité dans le Sahel burkinabé, comme un mouvement de contestation de l’ordre social et culturel qui prévaut dans la province du Soum. En effet, explique-t-on dans l’écrit officiel, Malam Dicko se fait passer pour le porte-parole de la « majorité silencieuse », en prônant l’égalité des classes sociales et en remettant en cause la toute-puissance des chefferies coutumières et religieuses, accusées de s’enrichir aux dépens des populations.

« Ansarul Islam utilise l’Islam pour encadrer son opposition à un ordre social ossifié qui engendre une frustration généralisée », mentionne l’ONG.
En outre, ICG pense que la perception d’un Etat distant, incapable de fournir des services sociaux de base, explique l’essor du mouvement de Malam. Le contraste entre le potentiel économique du Nord et son manque d’infrastructures nourrit et renforce ce sentiment d’abandon.
Enfin, « la crise du nord du Burkina est aussi plus qu’un simple reflet de la situation au Mali central », foi de International Crisis group. De nombreuses similitudes existent des deux côtés de la frontière : déficit de développement, incapacité des Etats centraux à comprendre un territoire dans ses périphéries, fractures sociales profondes. Ce qui a permis, selon ICG, à la nébuleuse de Malam Ibrahim Dicko de bâtir sa popularité.

Les remèdes selon Crisis group

L’organisation non gouvernementale suggère à l’exécutif burkinabé des efforts complémentaires pour mettre fin à la menace djihadiste. Alors que l’ordre local continue de provoquer des frustrations et des conflits, le gouvernement et ses partenaires internationaux peuvent au mieux encourager le dialogue intercommunautaire et intergénérationnel. « Plus important encore, il faut concevoir un ordre social plus équilibré et permettre aux communautés locales de résoudre leurs différends », recommande le rapport.
Pour « réduire le fossé entre les forces de sécurité et les autorités et la population locale », l’ICG conseille d’améliorer le renseignement en fournissant aux informateurs une meilleure protection et de stimuler les activités civiles et militaires conjointes.
Les espoirs de Crisis group reposent sur une mise en œuvre réussie du Programme d’urgence du Sahel, notamment à travers la promotion de l’élevage, l’amélioration de la justice et la lutte contre la corruption. Toute chose qui réduirait les perceptions négatives de l’État et montrerait que celui-ci peut être utile au public.
Une résolution définitive de la crise dépend en partie de la stabilisation du Mali. En attendant, les deux pays doivent travailler à renforcer leur coopération judiciaire et policière, afin de faciliter les enquêtes, la gestion et la poursuite des prisonniers et des suspects, conclut International crisis group.

Synthèse de Djakaridia SIRIBIE

Ph: image d’illustration

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