Décès de Dj Arafat : Retour sur le parcours d’un «génie»

Véritable légende du coupé décalé, DJ Arafat a marqué de son empreinte la musique africaine en l'espace d'une décennie.

Victime d’un accident de moto dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 août 2019 à Abidjan, l’artiste-musicien ivoirien DJ Arafat, à l’Etat civil, Ange Didier Huon, est mort des suites de ses blessures. Figure emblématique du coupé-décalé, il était âgé de 33 ans.

Une étoile vient de s’éteindre dans la galaxie de la musique ivoirienne et africaine. Le célèbre chanteur ivoirien DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Huon, légende du coupé-décalé, est mort hier lundi 12 août à l’âge de 33 ans, à la suite d’un accident de la circulation survenu la nuit précédente. Né en 1986, dans le quartier de Yopougon à Abidjan, en Côte d’Ivoire, DJ Arafat est le fils de l’artiste ivoirienne Tina Glamour, et du producteur feu Huon Pierre.

Au début de sa carrière, DJ Arafat est repéré par le producteur Roland «Le Binguiste» alors qu’il fredonne aux platines du « Shangaï », l’un des plus grands maquis d’Abidjan. Dans la Côte d’Ivoire encore en proie à la guerre civile, l’artiste va devenir la figure emblématique du coupé-décalé, un style musical aux rythmiques saccadées très dansantes, mixant rock, percussion et hip-hop, inventé au début des années 2000, à Paris par l’artiste-musicien ivoirien, Stéphane Doukouré alias Douk Saga.

En raison de son fort tempérament, le jeune Ange Didier Huon est surnommé « Arafat » par son entourage, en référence à l’ancien dirigeant du Fatah et de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat. Il décide d’en faire son nom de scène. DJ Arafat consacre son premier single « Hommage à Jonathan », un artiste ivoirien décédé accidentellement. La chanson devient un tube à succès. Il sort son premier album, « Goudron Noir » en 2003. Il est alors invité à Paris pour deux mois par le promoteur de spectacles, Désiré Kouadio.

Il y revient en 2005 après son second album, « Femmes ». Après l’expiration de son visa, il vit deux ans illégalement dans la capitale française où il travaille comme DJ dans un night-club, très prisé par la communauté africaine de Paris. Il sera arrêté et rapatrié en Côte d’Ivoire. A son retour, il fait un carton avec « Don de Dieu » (Roi du Kpangor), son troisième album, qui se hisse en 2008 à la tête des hits parades partout en Afrique francophone. En 2010, DJ Arafat devient le premier artiste du mouvement coupé-décalé à faire un concert en solo au Palais de la Culture d’Abidjan, la plus grande salle de spectacle de la Côte d’Ivoire.

A la fois auteur, chanteur, compositeur, producteur et arrangeur musical, l’artiste revient sur le devant de la scène, en 2008, avec un troisième album qui rencontre un grand succès. Il se hisse en tête des classements en Afrique francophone. C’est en 2010 que DJ Arafat devient réellement l’emblème du mouvement « coupé-décalé » avec un concert mémorable au Palais de la Culture d’Abidjan. En dehors de son succès musical, DJ Arafat a été pointé du doigt dans des affaires de violences conjugales.

Il a également entretenu de nombreuses rivalités avec des artistes ivoiriens tel Debordo Leekunfa. Son dixième et dernier album « Renaissance », est paru en décembre 2018 et lui a permis d’être deuxième sur le classement iTunes (logiciel de lecture musicale) le jour de sa sortie. Des «hommages et des obsèques» au niveau national sont prévus pour Ange Didier Huon-DJ Arafat, selon le ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie.

W. Aubin NANA
Sources: abidjan.net, rti.ci, 20minutes.fr

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