Décès de Gon Coulibaly : Secousse sismique en Côte d’Ivoire

Rentré de France jeudi dernier après un séjour médical de près de deux mois,   le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, est décédé à la surprise générale, suite à un malaise, intervenu hier en plein Conseil des ministres. Celui que la côte d’Ivoire pleure avait été désigné par le président Ouattara comme le  champion du Rassemblement des Houphouetistes pour le démocratie et la paix (RHDP) pour la présidentielle d’octobre prochain. Proche compagnon et fidèle du chef de l’Etat,  Gon Coulibaly a été de tous les combats de son mentor, alors que celui-ci avait été ostracisé par les lois dites de l’ « ivoirité » de Henri Konan Bédié, avant que les accords de Marcoussis ne lui permettent de se présenter à l’élection présidentielle avec la suite que l’on connait. D’abord secrétaire général de la présidence de la république, Gon  Coulibaly se verra propulser candidat du RHDP à la présidentielle au grand dam de certains prétendants présomptifs comme Hamed Bakayoko, mais surtout Guillaume Soro qui se voyait dans la peau du dauphin en raison des services rendus à la nation.

Depuis, « Bogota » traîne son spleen à Paris entre conférence de presse et Crush party sans réelle portée sur la vie politique ivoirienne. Là n’étant pas le propos, disons que la mort de Coulibaly rebat totalement les cartes au sein de la majorité présidentielle avec probablement une candidature de Ouattara, d’autant que ses « promos » notamment Bédié  ont déjà fait acte de candidature tandis que Gbagbo piaffe d’impatience dans son exil européen. Il vous souviendra que Ouattara avait déclaré qu’il irait à la conquête du  Graal si d’aventure un des vieux pères se présentait, et, avec la mort de Gon, rien ne l’empêche de tenir sa parole. D’autant que dans son propre camp, il ne se dégage pas  un profil costaud à même de contrarier les ambitions du sphinx de Daoukro. Accusé d’être impliqué dans  du narcotrafic, « le fils »  Hamed Bakayoko devra batailler sur le plan judiciaire pour se refaire une virginité politique. Quand à Patrick Achi, il ne semble pas avoir le background nécessaire pour la fonction, alors que le vice-président Kablan Duncan est porté disparu des radars. Il ne reste plus que le leader historique pour assurer la victoire à son camp et préparer la relève. La présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire apparaît donc comme le baroud d’honneur des héritiers politiques et spirituels de Felix Houphouët Boigny, avec en toile de fond, la nécessité pour le vainqueur de conduire à bon port le chantier de la réconciliation nationale avec les plaies de 2011 toujours  béantes. Un scrutin aux enjeux majeurs donc pour la première locomotive de l’Afrique de l’Ouest, hormis le Nigeria  et dont la paix intérieure conditionnera pour beaucoup celle de la sous-région.

Avec le chantier de la monnaie unique et le défi du terrorisme qui menace la colonne vertébrale de nos États, on ne peut que souhaiter que la Côte d’Ivoire sorte, par le haut, de ce scrutin et que le sacrifice de Gon Coulibaly, comparable à des secousses sismiques, au bord de la Lagune Ebriée, ne soit pas vain.

Boubakar SY

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