Diplomatie burkinabè en 2022 : une année d’expression de la souveraineté nationale

L’année 2022 a été marquée par la volonté des autorités burkinabè de diversifier leur partenariat bilatéral et multilatéral pour relever les défis.

La diplomatie burkinabè en 2022, a été très active dans divers plans et a insufflé une nouvelle dynamique dans l’affirmation de la souveraineté nationale du pays en proie à de nombreux défis. Retour ces sur quelques faits marquants.

A y voir de près, l’année 2022 aura été celle pendant laquelle la diplomatie burkinabè a fait beaucoup parler d’elle sur la scène internationale, à la suite des deux coups d’Etat. D’emblée, à la différence des années antérieures et c’est ce qui retient le plus est que la politique étrangère du pays des Hommes intègres a été pilotée par une dame pétrie des questions diplomatiques, en la personne de Olivia Rouamba.

Arrivée aux affaires alors que de lourdes sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) planaient, comme une épée de Damoclès sur le Burkina, la cheffe de la diplomatie burkinabè a su travailler avec les institutions sous régionales et même internationales pour donner au Burkina la place qui lui revient dans le concert des nations. A l’exception de sa suspension des instances de la CEDEAO, le fait d’avoir été soustrait des sanctions économiques, a été pour le Burkina, un honneur pour sa diplomatie en 2022. En effet, grâce à sa dynamique diplomatie, le pays a échappé à une crise économique que redoutaient de nombreux observateurs, si les sanctions imposées aux autres pays ayant connu des coups de force lui avaient été imposées.

Face aux énormes défis, avec en prime celui de la lutte contre l’hydre terroriste, le Burkina a entrepris la diversification de ses partenaires stratégiques avec une affirmation plus accrue de sa souveraineté telle que souhaitée par nombre de ses concitoyens. C’est dans cette dynamique que la coordinatrice-résidente du Système des Nations unies, Barbara Manzi, déclarée persona non grata, le 23 décembre 2022, a été priée de quitter le territoire burkinabè. La raison est qu’elle enfreint à certaines règles de bienséance, dénoncées par la cheffe de la diplomatie burkinabè, Olivia Rouamba.

La diversification des choix stratégiques

En vue du renforcement de son partenariat avec d’autres grandes puissances, le Burkina s’est tourné, en 2022 vers la Russie. Ce qui a justifié la discrète visite du Premier ministre, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, à Moscou, le 7 décembre dernier et celui du Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, le 2 novembre, au Mali qui, lui, entretient déjà des relations privilégiées avec le pays de Vladimir Poutine. Même si ce rapprochement soupçonné entre Ouagadougou et Moscou n’est pas apprécié du côté de l’Elysée, il est le signe que les autorités de la Transition s’inscrivent résolument dans la diversification de leurs choix stratégiques pour relever les défis de l’heure.

Le moins que l’on puisse dire est que 2022 a aussi été marquée par une brouille diplomatique entre le Burkina Faso et le Ghana, après que son Président, Nana Akufo Addo, a fait des déclarations, lors du sommet Amérique-Afrique, dépréciées des autorités burkinabè. Cette situation a provoqué le rappel, pour consultation de l’ambassadeur du Burkina à Accra, le général, Pingrenoma Zagré. Dans le même temps, le diplomate ghanéen, en poste au Burkina Faso, a été entendu par le ministère en charge des affaires étrangères. Ce qui a permis de rétablir une relation de confiance entre les deux pays.

La coopération entre la France et le pays des Hommes intègres a aussi cristallisé l’attention au cours de l’année qui vient de s’achever. En effet, de plus en plus décriées par une partie de la population qui demande le départ de son ambassadeur, les relations entre l’ex- puissance coloniale et le Burkina ont été froides en 2022. Des manifestations, souvent violentes menées par des Organisations de la société civile (OSC) ont même visé la représentation diplomatique française. Celles-ci décrient l’insuffisance de la coopération franco-burkinabè qui devrait être plus visible dans la lutte engagée contre les attaques terroristes.

En plus de cela, tout récemment, le gouvernement a demandé à la France, le remplacement de son ambassadeur au Burkina, Luc Hallade, estimant qu’il n’est plus un interlocuteur fiable. Autant se demander si 2023 va être une année qui connaitra de grands bouleversements dans les relations d’amitié entre le Burkina et ses partenaires, dans sa quête de lutte contre le terrorisme, l’un de ses défis majeurs.

Soumaïla BONKOUNGOU

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