Diversité

La liste des membres titulaires de l’Assemblée législative de transition (ALT) a été dévoilée, le samedi 19 mars 2022. En attendant le choix du représentant du Centre-Nord (la seule région) qui n’a pu départager les neuf prétendants dont des leaders coutumiers, la commission adhoc de réception, d’enquête et de délibération chargée de l’opération-nalisation de l’ALT a présenté les 70 personnalités issues de toutes les couches sociales qui vont légiférer au cours de cette période transitoire.

En effet, parmi les membres de l’ALT, on retrouve aussi bien des intellectuels de haut vol, des experts, des cadres des secteurs public et privé, que des personnalités plus proches du vécu de la majorité silencieuse (garagistes, commerçants, travailleurs sociaux, éleveurs, agriculteurs, retraités, artisans). Comme si les autorités de Transition et les Assises nationales qui ont validé les documents, devant régir les organes de la Transition jusqu’aux prochaines élections démocratiques, avaient à cœur de faire émerger au sein de l’ALT, la majorité silencieuse, la figure du peuple, voire du « petit peuple » dans toute sa diversité. Et qui se retrouve devant sa responsabilité historique d’abattre les murs réels ou imaginaires qui sont dressés entre une élite politico-administrative supposée « déconnectée » des réalités et qui déciderait pour la majorité… Il reviendra prioritairement à cette Assemblée législative « inclusive » d’œuvrer avant tout à se débarrasser de l’appétence qui a prévalu, dans certaines régions, lors de la désignation des représentants, au point, par moment, de reléguer au second plan le péril sécuritaire auquel est confronté le Burkina Faso depuis 2015 et qui a, en partie, justifié l’interruption de l’ordre constitution-nel et l’avènement de cette Transition politique.

« Elus » pour leurs compétences, leur intégrité, leur impartialité, ces hommes et femmes sont donc censés être au-dessus de tout soupçon. Ils ont, au-delà des routinières missions de contrôle de l’action gouvernementale, la lourde tâche d’adopter ou de toiletter des textes de lois dans le seul intérêt de la Nation, de sorte qu’ils survivent à la Transition et mieux, amorcent les changements en faveur d’une gestion vertueuse des deniers publics, de la lutte contre la corruption… Il faut donc tirer leçon de l’expérience du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la précédente Transition politique de 2015. Elle a fait preuve d’une grande productivité légistique (une centaine de lois votées au cours d’une session unique) dont l’emblématique loi portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso, ainsi que de nombreux statuts au profit de plusieurs corporations… et dont les difficultés d’application de certaines dispositions ont engendré des remous sociaux qui ont durablement paralysé le fonctionnement de la machine administrative. L’ALT est donc avertie. Si en 2015 la durée de la Transition a été jugée trop courte pour élaborer des lois relativement irréprochables sur les principes juridiques, la présente Assemblée semble disposer de plus de marge de manœuvre temporelle. La qualité des textes est loin d’être une préoccupation marginale. Car, parfois, là où la volonté politique s’affiche dans la résolution d’une préoccupation de premier ordre, elle se heurte à la faiblesse ou à l’insuffisance des textes.

Mahamadi TIEGNA mahamaditiegna@yahoo.fr

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