Edouard Ouédraogo, DP de L’Observateur Paalga : « Roch Marc Christian Kaboré est un héros tragique »

Le Directeur de publication (DP) de L’Observateur Paalga, Nakibéogo Edouard Ouédraogo était l’invité de l’émission Tapis d’honneur de la Radio nationale (RTB/Radio), le samedi 30 mai 2020, depuis son village natal, Zagtouli à la lisière de Ouagadougou. De la vie de son journal à celle du pays, le « Doyen » n’a occulté aucun sujet, durant deux heures d’antenne en direct.

Le tempérament avec lequel le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, gère les crises sécuritaires et sanitaires, mais aussi la fronde sociale et de façon générale, le pays, fait dire au Directeur de publication (DP) de L’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo, qu’il est « un héros tragique ». En direct sur les antennes de la Radio nationale lors de l’émission Tapis d’honneur animée par Louis Gansonré et Jean-Baptiste Bouda, le samedi 30 mai 2020, le « Doyen » comme on l’appelle affectueusement dans le milieu de la presse, a expliqué que le chef de l’Etat n’est pas maître de son destin. « Il était parti pour être l’un des successeurs naturels de Blaise Compaoré, mais tout le monde sait que les choses ne sont pas passées comme il l’aurait souhaité … Tout ce qui arrive, il n’y ait pour rien, alors qu’il n’en a pas le contrôle.

Le DG des Editions Sidwaya, Mahamadi Tiégna (gauche) et le chef de Zagtouli ont assisté à l’émission.

Vraiment, c’est un héros tragique. Je suis épaté par son espèce de calme, de flegme par lequel il gère la situation parce que quelqu’un d’autre aurait perdu son sang-froid comme le président américain Donald Trump », a-t-il notamment dit. En présence du chef du village de Zagtouli et un parterre de journalistes dont le directeur général des Editions Sidwaya, Mahamadi Tiégna (ancien stagiaire à L’Obs), celui qui a co-porté le journal sur les fonts baptismaux en 1973, est revenu notamment sur la tragique incendie de l’imprimerie du canard en juin 1984 sous la Révolution et sa remise sur pied en 1991. « Je ne veux pas personnaliser les choses. C’était le système », a-t-il répondu à ses intervieweurs qui ont demandé si Thomas Sankara était responsable de l’incendie du journal. Considéré comme conseiller de l’ombre du président Blaise Compaoré, le premier président fondateur de la Société des éditeurs de presse privée du Burkina (SEP) a nié les faits. « Blaise Compaoré ne m’a jamais donné l’occasion d’accepter ni de refuser d’être son conseiller, parce qu’il ne m’a jamais fait cette proposition. J’ai l’impression qu’on a commencé à en parler quand son régime a commencé à vaciller. C’est vraiment une tentative de diabolisation, un assassinat, de la malveillance … », a-t-il soutenu. Quant à l’insurrection d’octobre 2014, il l’a comparé au soulèvement populaire de 1966.

L’insurrection, comme le soulèvement populaire

« Que ce soit Blaise Compaoré ou Maurice Yaméogo, ils auraient pu éviter ce qui est arrivé. Maurice Yaméogo aurait dû accepter de recevoir les syndicats qui ne demandaient qu’à le voir. Quand il y a eu la grande manifestation du 28 octobre 2014, il suffisait que Blaise Compaoré dise à ses compatriotes qu’il les a compris et qu’il laisse tomber la modification de l’Article 37 », a-t-il interprété. Sur le procès du chef du desk politique d’alors de son journal, Adama Damiss Ouédraogo, impliqué dans le coup d’Etat de 2015, le « Doyen » a fait savoir qu’il avait un carnet d’adresses « impressionnant » aussi bien sur le plan national qu’international. « Il ne voulait pas que quoi que ce soit lui échappe … Je ne sais pas s’il ne s’est pas retrouvé au mauvais moment, ce jour », a-t-il commenté. De l’appréciation d’hommes politiques comme Simon Compaoré (MPP) et Zéphirin Diabré (UPC) à celle de journalistes comme Dieudonné Zoungrana, Alexandre Rouamba le Grand en passant par celle de ses collaborateurs du GERDES dont il a été le président-fondateur, il ressort que Edouard Ouédraogo est un défenseur de la liberté de la presse, d’un traitement impartiale de l’information et aussi un « maître », un « homme au grand cœur » … Vice-président de l’Union internationale de la presse francophone, écrivain, officier de l’Ordre national, officier de l’Ordre du mérite et chevalier de l’Ordre national du mérite français, Edouard Ouédraogo a terminé l’émission par un appel solennel aux Burkinabè. En effet, il les a appelés à promouvoir le vivre-ensemble, en utilisant par exemple le levier de la parenté à plaisanterie.

Jean-Marie TOE

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