Elimination des mutilations génitales féminines au Burkina, le fruit des efforts

Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une problématique relative aux droits humains. Elles affectent des femmes et des jeunes filles du monde entier. On note qu’au moins 200 millions de femmes et de jeunes filles en vie ont subi une forme de mutilation génitale féminine. Si rien n’est fait pour accélérer l’éradication de cette forme de violence, environ 68 millions de jeunes filles seront excisées d’ici à 2030. Fort de ce constat, le Burkina Faso s’est engagé résolument à mettre fin à cette pratique en 1990 par la création du Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (CNLPE) avec des démembrements au niveau régional, provincial et départemental.

Cet engagement se traduit aussi par des campagnes de sensibilisation sur toute l’étendue du territoire. Pour atteindre la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines à l’horizon de 2030, le Burkina Faso a adopté une stratégie holistique basée sur la théorie des normes sociales. Elle combine la mobilisation communautaire, la prise en charge des femmes et filles victimes de l’excision et la répression des auteurs et complices de cette pratique. Durant les trente dernières années de lutte, le Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire a élaboré et mis en œuvre cinq (05) plans quinquennaux de lutte contre la pratique de l’excision. Le dernier plan quinquennal est le Plan Stratégique National 2016-2020 pour l’élimination des mutilations génitales féminines. La synergie d’actions entre les acteurs institutionnels et communautaires avec l’appui des partenaires techniques et financiers a permis d’obtenir des résultats forts appréciables. Une baisse significative de la proportion des femmes et filles excisées a été relevée, soit 67,6% en 2015 contre 75 ,8% en 2010 selon l’enquête démographique et de santé.
Ces résultats sont également les fruits des renforcements de capacité des agents de santé, des travailleurs sociaux, des enseignants, des journalistes, des acteurs de la chaine judiciaire et les animateurs des associations et ONG intervenant dans les actions de promotion de l’élimination de la pratique de l’excision. L’adoption de la loi n°025-2018/AN du 31 mai 2018 portant code pénal a permis la traduction devant les juridictions et la condamnation de deux cent quatre-vingt-quinze (295) auteurs et complices de la pratique de l’excision au cours des audiences foraines et ordinaires.

De plus, il y a l’intégration des modules sur les MGF dans les curricula d’enseignement du primaire et du secondaire dans le but de pérenniser les acquis. L’organisation des cérémonies d’engagement public d’abandon de la pratique de l’excision a favorisé la reconversion d’un grand nombre d’exciseuses. Enfin on retient l’engagement à titre d’ambassadeurs pour l’abandon de l’excision, de sept (07) grands leaders politiques, coutumiers et religieux qui sont l’épouse du chef de l’ Etat, le Mogho Naaba Baongo, le roi du Yatenga, le Dima de Boussouma, le roi de Tenkodogo, le chef suprême des Bobo mandarè et l’Emir du Liptako.

Les artistes ne sont pas en reste dans les actions de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines, plusieurs d’entre eux se sont engagés à travers des messages d’appel à l’abandon de cette pratique.

Ces efforts ont hissé le Burkina Faso au premier rang des Etats en matière de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines et ont vu le sacre du Président du Faso Monsieur Roch Marc Christian KABORE, par ses pairs de l’Union Africaine, « Champion de la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines » en 2019. Toutefois, il existe toujours des poches de résistance favorisées par la clandestinité, l’abaissement de l’âge des victimes de l’excision et la pratique transfrontalière qui touche des régions comme celles des Cascades, de la Boucle du Mouhoun, du Nord et du Sahel.

Ces défis doivent être relevés avec le concours de tous les acteurs. Pour ce faire, les actions doivent être orientées et intensifiées auprès des jeunes, dans les régions frontalières et celles à forte prévalence. Aussi la poursuite des plaidoyers auprès des leaders communautaires et religieux et des conseils municipaux demeure-t-elle indispensable pour l’atteinte des objectifs.

DCPM/ Ministère de la Femme,
de la Solidarité Nationale, de la Famille
et de l’Action Humanitaire

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