Enarques testés positifs à la COVID-19 à Bobo-Dioulasso : Des « déserteurs » livrent leur version des faits

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Dans un communiqué rendu public le dimanche 13 septembre 2020, le gouverneur de la région des Hauts Bassins a sonné l’alerte sur la désertion de 76 élèves de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Contactés, certains élèves contestent cette version de l’autorité régionale et s’en défendent. Lisez plutôt.

Adama Dabilgou : « Chacun est parti au vu et au su des gardes »
Le samedi 12 septembre 2020, les autorités militaires nous ont dit que l’équipe du Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS) devrait s’entretenir avec nous après la présentation des résultats des tests COVID-19. Nous avons attendu jusqu’au dimanche matin 13 septembre 2020. Après la communication des résultats, nous avons demandé notre sort. J’avoue que nous avons été peu rassurés. C’est pourquoi les étudiants ont quitté le camp. Chacun est parti de son propre gré, au vu et au su des gardes de la semaine. C’est la peur qui nous a fait partir. J’ai été testé positif. Pourtant, je ne suis pas malade. Actuellement, je suis en train de désherber ma cour à Ouagadougou et j’attends l’équipe pour la prise en charge.

Mariame Traoré : « On ne nous a rien dit »
Le samedi 12 septembre 2020, nous avons reçu les résultats des tests COVID-19 au GIFA. Le lieutenant nous a dit que les résultats des élèves qu’il va appeler sont confus, c’est-à-dire que ces résultats sont mélangés avec ceux des civils. Il nous a dit par la suite que ceux qui n’ont pas été appelés doivent patienter. Ensuite, on nous a appelés et nous étions une vingtaine dans notre district sanitaire et à peu près le même nombre dans les autres districts. Nous avons attendu jusqu’au soir. On ne nous a rien dit. Les résultats de deux districts sont arrivés la nuit.

Il est ressorti que ceux qui seront appelés sont des cas positifs et ceux qui ne le seront pas sont négatifs. Après l’appel, ceux dont les résultats ont été jugés confus ont été « mélangés » avec ceux qui étaient en attente. Nous avons attendu et personne n’est venu nous voir. Pourtant, on nous avait promis que l’équipe du CORUS allait venir nous rencontrer pour plus d’informations. On a constitué une délégation conduite par le délégué général de l’ENAM qui était parmi les cas confus, afin de nous situer sur notre sort. Alors qu’au même moment, sur les réseaux sociaux, on lisait qu’il y a 200 personnes parmi nous qui ont été testées positives.

C’est dans cette situation qu’on nous informe la nuit du samedi pendant le rassemblement, que des cars viendront le lendemain dimanche, chercher les cas testés positifs et les cas suspects devenus subitement positifs afin de les ramener tous chez eux pour être confinés. Nous étions environ 200 personnes concernées. Aussitôt, certains ont préféré partir le dimanche nuit à leurs frais. J’ai pris un transport en commun pour rentrer chez moi. Le délégué général des élèves a dit que ceux qui peuvent se débrouiller pour rentrer, peuvent partir puisque personne n’était malade parmi nous.

C’est quand j’étais dans le car, qu’un numéro de l’ENAM m’a appelé me demandant de joindre le 3535 afin qu’on me donne des consignes à suivre. Ce que j’ai fait. Arrivée à la maison, je me suis connectée sur facebook et j’ai lu le communiqué. Depuis la publication de ce communiqué, on m’appelle de partout pour me demander comment la maladie se manifeste alors que personne n’est malade.

Brigitte Ouédraogo : « J’ai été testée positive »
Nous avons été testés, le vendredi 11 septembre 2020, dans la matinée. Le lendemain matin, soit samedi, les résultats sont sortis. On nous a fait savoir que l’équipe du CORUS allait venir s’entretenir avec nous. J’ai été testée positive. Nous avons attendu l’équipe sans même manger. Ensuite, nous sommes allés voir la hiérarchie militaire tout en lui faisant savoir que même ceux ayant été testés négatifs ne devraient pas bouger parce qu’ils étaient toujours en contact avec nous.

La hiérarchie nous a dit qu’ils peuvent partir parce qu’ils ont été testés négatifs. Je suis convaincue que je suis négative parce que nous étions dans des conditions très difficiles. On rentre à minuit et on sort à 3 heures dans la fraîcheur et la pluie nous bat. Dernièrement, nous sommes allés au champ de tir sous la pluie. Depuis que nous avons été déclarés positifs, il y avait un seul militaire qui a passé la nuit avec nous. Certains de nos collègues sont partis la nuit mais nous, nous sommes partis le matin. On m’a dit d’appeler le 3535 sinon à partir de 6 heures hier lundi, ils allaient publier les noms mais quand je me suis connectée à 00 heure, la liste était sur le net.

Propos recueillis par
Frédéric OUEDRAOGO

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