Engagements du chef de l’Etat : Roch Kaboré obtient la note de 4,53/10

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) au Burkina Faso a rendu public le premier sondage de l’année 2020 sur la gouvernance du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, au cours d’un point de presse, le jeudi 11 juin 2020, à Ouagadougou.

Les Burkinabè sont de moins en moins satisfaits de la gestion du pouvoir par Roch Marc Christian Kaboré. De 5,2/10 en 2017, à 5,08 en 2018 et 4,72 en 2019, c’est la note de 4,53/10 que des citoyens enquêtés dans le cadre du Présimètre, une plateforme d’évaluation des engagements du président du Faso, lui ont attribuée pour sa gestion du pouvoir au cours du premier semestre de l’année 2020. La note a été rendue publique au cours d’une conférence de presse, organisée par le Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina Faso (CGD), dans la matinée du jeudi 11 juin 2020 à Ouagadougou.

Si ces résultats reflètent de nombreuses insatisfactions quant au respect des engagements pris par le chef de l’Etat lors de son investiture en décembre 2015, des points « positifs » ont tout de même été relevés au cours de l’enquête. Concernant le premier engagement qui est la réforme des institutions et la modernisation de l’administration, les enquêtés ont déploré, entre autres, les nominations fondées sur la proximité au lieu de la compétence, le traitement, au cas par cas, des éléments de rémunération des agents de la Fonction publique et les grèves à répétition. Ils ont, par contre salué l’audit des diplômes des agents de l’Etat et le processus de modernisation de l’Administration fiscale. Quant au deuxième engagement du président Kaboré concernant le développement du capital humain, les enquêtés ont dénoncé le faible plateau technique des hôpitaux publics, l’inadéquation entre le système éducatif et le marché de l’emploi et la politisation des financements accordés aux femmes et aux jeunes.

Ils ont, en outre, félicité le chef de l’Etat pour la mise en œuvre de la gratuité des soins pour les femmes et enfants de moins de 5 ans, la construction de lycées scientifiques et l’amélioration de la desserte en eau potable. Sur le dernier engagement qui est de dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois, les personnes enquêtées ont relevé des difficultés quant à l’accès aux financements et au poids des taxes et impôts sur les entreprises nouvellement forma-lisées. Elles se sont réjouies du renforcement des infras-tructures routières par le bitumage des voies et la construction de nouvelles routes.

Rectifier le tir

Toujours dans le cadre du sondage réalisé par le Présimètre, les personnes ressources se sont prononcées sur des questions d’actualité comme la gestion de la COVID-19, la situation sécuritaire nationale, les délestages, le dialogue avec les syndicats et la lutte contre la vie chère. Sur toutes ces questions, elles se sont dites insatisfaites à plus de 50%. La plus grande insatisfaction se situe au niveau de la lutte contre la vie chère où 83% des enquêtés ont dit être mécontents de la manière dont la question est gérée. Les actions menées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ont également été jugées « inefficaces » par les citoyens. En effet, sur 100 personnes interrogées, 88 ont déclaré que ce volet est très mal pris en charge par le gouvernement.

Le seul domaine dans lequel Roch Marc Christian Kaboré a été félicité concerne celui de l’énergie où le niveau de satisfaction, selon le sondage, est passé de 17% en 2019 à 27% en 2020. Les élections prochaines n’ont pas été occultées par le CGD lors de son enquête. A la question de savoir s’ils vont oui ou non participer au scrutin en novembre prochain, 73% des enquêtés ont répondu par l’affirmative. Les 27% restants, qui ont déclaré ne pas vouloir voter, ont estimé que les élections ne changeront rien à leur quotidien.

Ils ont tout de même décliné les priorités auxquelles le président élu devra apporter des réponses urgentes. Il s’agit de la sécurité, la santé, l’éducation, la lutte contre la corruption, etc. Et c’est cela l’autre objectif du Présimètre dont le but, selon le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, n’est pas seulement d’indexer ce qui ne va pas mais aussi et surtout d’influencer les politiques publiques prioritaires en permettant au gouvernement de connaître les attentes et les priorités du peuple. Votre sondage a-t-il un impact sur l’action du gouvernement ? « Le Présimètre est un processus qui intéresse beaucoup le gouvernement. La preuve, nos résultats sont exploités par certains servi-ces techniques et nous sommes fréquemment interpellés pour donner des informations depuis les cellules de l’Etat jusqu’au citoyen lambda», a-t-il laissé entendre. En outre, le Dr Ouédraogo a précisé qu’un représentant du gouvernement est associé à chaque sondage du CGD sauf à cette dernière enquête où « le CGD était un peu pris par le temps ».

Nadège YAMEOGO

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