Entretien des latrines scolaires : Un casse-tête pour des écoles à Bobo-Dioulasso

Le président de l’APE du LMVTD, François-Xavier Kalmogo, souligne que des actions ont été entreprises pour améliorer le cadre d’études des élèves.

Les établissements scolaires de Bobo-Dioulasso connaissent un réel problème d’assainissement. L’entretien en particulier des latrines constitue un vrai casse-tête pour les administrateurs des écoles. C’est le constat fait par Sidwaya en ce mois de mars 2022.

Des odeurs pestilentielles se dégagent des latrines. Des sachets et souvent des bidons côtoient les murs des latrines dans un spectacle désolant. Nous sommes au lycée municipal Vinaman-Tiemounou- Djibril de Bobo-Dioulasso, en cette matinée du 1er mars 2022. Si les toilettes des enseignants et du personnel administratif sont bien entretenues, celles des élèves constituent de véritables plaies puantes dans cet établissement secondaire public d’enseignement général de la ville de Sya.

Et cela, à cause de leur mauvais entretien, mais aussi du fait des élèves. « Ce n’est pas facile de gérer les enfants. Avec un effectif de plus de 3 000 élèves pour 21 latrines, cela n’est pas facile. Par jour, si chacun doit passer là-bas, on peut imaginer déjà quel sera l’état des toilettes à la fin de la journée.

Si vous passez dans les toilettes le lendemain de leur nettoyage, vous aurez l’impression qu’elles n’ont pas été nettoyées depuis des jours », déplore le président de l’Association des parents d’élèves (APE) du lycée, François-Xavier Kalmogo. Comme l’une des raisons majeures de l’état insalubre des latrines, le président pointe du doigt l’irresponsabilité des élèves. « Ils n’utilisent pas de façon responsable les latrines.

D’où l’état insalubre et déplorable des toilettes », ajoute-t-il. Toutefois, M. Kalmogo pense que les riverains de l’établissement ont aussi leur part de responsabilité, parce qu’ils utilisent les toilettes de l’école qui n’a actuellement pas de portail. Même son de cloche pour Gemima Aminata Yago, élève en classe de 1re D au lycée Vinaman.

Déléguée générale adjointe du comité des élèves, Gemima Yago pense que les élèves sont en grande partie responsables de l’insalubrité des toilettes. « Je constate que pendant les weekends, les latrines sont nettoyées. Mais en moins de trois à quatre jours, l’état revient encore au dégout », affirme-t-elle. Elle ajoute que les élèves ne se soulagent pas avec responsabilité.

Selon la déléguée adjointe, cette mauvaise utilisation peut avoir des répercutions sanitaires « très graves » pour elle et ses camarades. « Ce mauvais état des latrines peut être la cause de contaminations infectieuses, entre autres », avance-t-elle. Si les toilettes du lycée municipal sont sales, cela signifie que ce sont les élèves qui sont sales, renchérit Aminata Remdé, une autre élève qui invite les élèves à prendre conscience et à utiliser les toilettes en toute responsabilité.

Changer de comportement

Christian Romaric Kambiré est élève en classe de 1re D et membre du journal de l’école nommé LMVTD Actu. Abondant dans le même sens que ses prédécesseurs, il estime que les élèves n’entretiennent pas vraiment les toilettes. « Certains viennent et se soulagent de n’importe quelle manière. D’autres même font le tour pour aller uriner contre le mur des toilettes et cela lézarde nos toilettes », indique-t-il.

Ce faisant, Christian Kambiré interpelle les élèves au changement de comportement afin de bien prendre soin de l’infrastructure. Il lance également un appel à l’administration afin de disposer de bouilloires dans les toilettes. « Nous les garçons, ça va encore mieux. Nous pouvons rentrer et ressortir, mais pour les filles cela n’est pas simple. Elles peuvent facilement contracter des infections sexuellement transmissibles dans ces genres de conditions.

Si elles doivent venir étudier, attraper des infections et repartir à la maison pour se soigner, cela pourra perturber leur cursus scolaire », argue-t-il. Il invite de ce fait l’administration à les aider à acquérir du matériel d’hygiène, tel que des dispositifs de lavage de mains, des bouilloires, du savons et de l’eau. Aminata Remdé, quant à elle, appelle ses camarades à être conscients dans l’utilisation de la chose publique. « Si ton cadre de vie est sale et que toi-même tu es propre, cela est malheureux », martèle-t-elle.

Une école sans toilettes

Le constat est encore pire à l’école Centre ‘’C’’ de Bobo-Dioulasso. A la tête de l’école depuis 2015, le directeur Désiré Sanou a décidé de mettre les clés des toilettes de l’école sous le paillasson au regard de la vétusté des latrines. « Vu la dangerosité de l’état des bâtiments, j’ai jugé bon de les fermer pour limiter les risques. Pour dire qu’à ce jour, nous avons une école sans latrines », soutient Désiré Sanou. Par conséquent, il est difficile pour le corps enseignant et les élèves de se soulager actuellement dans cette école. Pour les besoins des enseignants, c’est la croix et la bannière.

« Il faut négocier les toilettes de l’école voisine ou au cas échéant, chercher à joindre la maison afin de pouvoir faire ses besoins », fait-il savoir. Quant aux élèves, M. Sanou soutient avec amertume qu’ils défèquent à l’air libre dans les endroits herbeux autour de l’école ou au bord d’un canal à côté de l’établissement. « Cela est très déplorable. Le premier besoin naturel, si l’on ne peut pas le faire, ce n’est pas la peine », regrette le directeur et de préciser que l’espoir était permis dans cette école.

Des latrines, explique-t-il, étaient en construction, mais « brusquement » les travaux ont été suspendus sans préavis. « Nous déplorons de ne pas être généralement associés aux projets communaux de construction de latrines au profit des écoles », fait-il comprendre. Cette suspension, a-t-il souligné, est due au fait que l’équipe de contrôle des travaux venue de Ouagadougou a estimé que les dalles confectionnées ne répondaient pas aux normes. « Après le départ de la mission venue de Ouagadougou, je n’ai plus eu de leurs nouvelles », déplore M. Sanou.

La situation des toilettes dans les établissements scolaires mérite donc des actions concertées. Au lycée municipal Vinaman-Tiemounou-Djibril de Bobo-Dioulasso, le président de l’APE, François-Xavier Kalmogo, souligne que des actions ont été entreprises pour l’amélioration du cadre d’études des élèves. « Nous avons construit deux grandes jarres en ciment, que nous remplissons d’eau. Il y a également des bouilloires et tout cela est mal utilisé par nos enfants.

On renouvelle même les bouilloires à chaque fois car ils disparaissent », poursuit-il. A l’entendre, l’APE est chargée de l’entretien des latrines. Un prestataire de services est recruté pour nettoyer l’administration, la salle des professeurs et entretenir les toilettes des élèves. « C’est ce prestataire qui s’occupe de ce volet en plus du nettoyage de la cour de l’école, même si souvent les élèves organisent des journées de salubrité », fait savoir M. Kalmogo. Des élèves nettoient leurs salles de classe respectives, mais le président de l’APE dit refuser systématiquement qu’ils nettoient les toilettes, car il y a un personnel recruté à cet effet.

Des séances de sensibilisation

Au début de la rentrée scolaire, Aminata Remdé, élève et représentante de l’association « Action pour le changement positif des comportements au Burkina Faso » au lycée et ses camardes s’étaient organisés pour souvent entretenir les latrines. « Je suis arrivée l’année passée au lycée. Lorsque j’ai découvert l’état des toilettes, j’étais vraiment stupéfaite au regard du nombre important d’élèves, comparativement à celui des latrines dont l’entretien se fait avec peine.

Cela ne fait pas l’honneur du lycée municipal », raconte-elle, l’air déçu. Et Gemima Aminata Yago, déléguée générale adjointe du comité des élèves du lycée Vinaman de renchérir qu’en tant qu’élèves, ils s’étaient organisés à la rentrée scolaire dans le souci d’entretenir les toilettes afin de se prévenir et protéger les autres des maladies liées à l’insalubrité des latrines scolaires. Poursuivant, elle déplore que deux à trois jours après le nettoyage, on remarque que l’état des toilettes était déplorable. « Cela nous décourageait énormément. Au final, nous avons décidé d’abandonner », dit Yago.

Par la suite, un cadre de rencontre a été initié entre l’administration, l’APE et les représentants des élèves afin de discuter des difficultés qui minent le fonctionnement du lycée. Selon Mlle Yago, il faut sensibiliser les élèves aux effets néfastes des comportements irresponsables. C’est pourquoi, elle souhaite que son école mette en place des séances de sensibilisation au profit des élèves.

« Comme nous ne pouvions pas rencontrer tous les élèves, nous avons réuni les délégués de classe, nous les avons sensibilisés, espérant qu’ils relayent l’information à leurs camarades de classe », a expliqué François-Xavier Kalmogo. Il souhaite donc que les élèves sachent que leur passage au lycée est pour un temps donné. « J’appelle les élèves à être disciplinés, à être à l’écoute de leurs encadreurs et surtout avoir conscience des efforts que fournissent les parents pour leur scolarisation », lance-t-il.

Boudayinga J-M THIENON

Sosthène SOMBIE (Stagiaire)

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