Evitons une crise inutile !

Le Burkina Faso, qui vient de sortir des campagnes présidentielle et législatives jugées globalement soft, est en train de rentrer dans celle que l’on pourrait qualifier de judiciaire. Si on en reste là, les Burkinabè pourront toujours critiquer les processus électoraux qui se déroulent sous d’autres cieux avec leurs lots de tristesse et de désolation. Il ne faut surtout pas que la crainte en amont se dévoile en aval.

En d’autres termes, après avoir redouté que les terroristes n’endeuillent la campagne, il est du devoir des Burkinabè d’éviter le pire la période d’après. Si nous ne faisons pas mieux qu’en 2015, où la campagne et l’après campagne ont dévoilé au reste du monde, un peuple burkinabè mature, il est de notre responsabilité de ne pas faire pire. 2020 ne devra pas nous ramener à ces périodes de doute et d’incertitudes. En attendant que les juridictions concernées par les recours statuent sur les avis de fraudes, ou d’irrégularités en lien avec le double scrutin du dimanche 22 novembre dernier, chaque Burkinabè doit pouvoir sortir de sa poche, un miroir. On doit se regarder, se poser les questions qui siéent en pareilles circonstances pour mesurer notre part de responsabilité ou d’irresponsabilité dans les processus électoraux. Ce sera le bilan qui orientera vers des scrutins apaisés. Le Burkina, qui compte plus de vingt millions d’habitants, se mentira si les Burkinabè pensent que nous avons autant de présidentiables.

Ce sera faux, inexact et illusoire. Le Burkina, qui est jusqu’à présent adossé à l’aide publique pour boucler ses chantiers, n’a pas autre modèle de développement. En imaginer plus de cent, ce sera se mentir carrément. Entre nous, le peuple analphabète qu’on transforme, pour les besoins des intérêts égoïstes, en bétail électoral quand ça arrange, sait faire la part des choses. Déjà dans le rétroviseur, en lisant les propos de certains citoyens, cela rappelle une époque proche, avec des morts toujours de trop. Comme pour dire que « nous ne serons plus près de mourir pour les politiques, ou alors, si, mais à condition qu’au devant des marches, en première ligne, en bonne et due place, figurent leurs enfants ». Ce réveil du peuple, cet appel du peuple est bien un autre signe. Le Burkina est bien la tête de proue d’une Afrique où la base en impose au sommet. D’ailleurs, la conjoncture actuelle sur le plan mondial, précisément aux Etats-Unis d’Amérique, montre que souvent, il faut laisser les politiques faire leur bagarre, laisser les juridictions dire le droit, pour permettre au peuple de vaquer à ses occupations au quotidien. Trump a fini par se rendre compte qu’au-dessus de lui, surfent les Etats-Unis d’Amérique, ailleurs dans la sous-région, le peuple a fini par comprendre que les palabres de politiciens regardent politiciens. C’est là que s’écrira notre souveraineté.

Dans tous les cas, il y a un temps pour la campagne avec ses parties de plaisir, il y a un autre temps pour rentrer dans le processus normal d’un pays de droit. L’avènement d’un dirigeant, (nouveau ou reconduit), la reprise des activités au quotidien pour renforcer ce qui existe, et mettre en chantier les promesses électorales. C’est dans ce temps que les visionnaires, songent déjà à la prochaine halte électorale. Dans notre cas, cinq ans, font souvent moins long qu’on ne pense. Alors politiciens du Burkina, aidez-nous à remettre le pays sur les grands chantiers.

Jean Philippe TOUGOUMA

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