Foncier au Burkina Faso : la Confédération paysanne du Faso déplore l’accaparement des terres

Le SG de la FEPAB, Marc Gansonré (2e à partir de la gauche), a déploré l’accaparement des terres dû à la pression foncière.

La Confédération paysanne du Faso (CPF) a organisé une conférence de presse sur la « Sécurisation foncière et l’accaparement des terres », le vendredi 16 juillet 2021, à Ouagadougou.

L’insécurité foncière au Burkina Faso, aggravée par l’accaparement des terres rurales, est grandissante. C’est le constat fait par la Confédération paysanne du Faso (CPF) lors d’une conférence de presse, le vendredi 16 juillet 2021, à Ouagadougou sur le thème : « Sécurisation foncière et accaparement des terres ». Selon le Secrétaire général (SG) de la Fédération des professionnelles agricoles du Burkina (FEPAB), Marc Gansonré, si l’on y prend garde, cette situation foncière pourrait saper l’atteinte de la sécurité et de la souveraineté alimentaires au Burkina Faso.

A l’entendre, malgré l’existence de la loi 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural qui avait suscité un espoir chez les exploitants familiaux, le foncier est aujourd’hui problématique. Au lieu qu’elle soit l’un des leviers majeurs de développement durable, la terre, a expliqué Marc Gansonré, est devenue une source d’inquiétudes pour les populations. Pour lui, le foncier ne peut pas être un instrument de développement si les politiques et les pratiques sont antinomiques. Il a également déploré l’absence et la léthargie des institutions de gestion foncière, l’urbanisation accélérée, le fait que les intérêts des générations futures soient bafoués et la relecture en vue de la loi 034-2009 qui inquiète les petits producteurs.

M. Gansonré a aussi pointé du doigt la ruée vers la terre marquée par des acquisitions foncières à grande échelle à des fins de promotion immobilière, d’agrobusiness ou d’exploitation minière. En conséquence, foi du SG de la FEPAB, ces phénomènes portent en eux-mêmes, les germes de risques d’exclusion foncière. Ils sont qualifiés, a-t-il ajouté, de bombe à retardement avec à la clé des conflits, des menaces sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la cohésion sociale et la paix dans un contexte de mauvaise gouvernance
foncière.

Plaidoyer pour le fonds national de sécurisation foncière

La sécurisation des terres au Burkina Faso devrait être une urgence.

Marc Gansonré a, en outre, pointé du doigt le projet « Grand Ouaga » qui va engloutir dans un avenir proche près de 80% des terres agricoles sur lesquelles, les exploitants familiaux n’auront plus droit à l’Attestation de possession foncière rurale (APFR). Il y a urgence, à ses dires, de sécuriser le foncier rural pour sa mise en valeur et non sécuriser la vente du foncier face à la faible application de la loi 034-2009. Car, a relevé le SG de la FEPAB, la loi souffre de l’effectivité de ses organes techniques de mise en œuvre (Services fonciers ruraux, commissions foncières villageoises, etc.).

« Un besoin de renforcement des capacités de ces structures est hautement urgent en vue de leur permettre de mener leurs missions. On estime à peu près à 7 000 APFR délivrées sur environ 25 000 demandes exprimées. Ce nombre n’est qu’une goutte d’eau comparativement aux besoins de
sécurisation foncière en milieu rural où l’on dénombre plus de 3 millions d’exploitations agricoles»,a-t-il recommandé.

Marc Gansonré a exprimé son regret de constater que dix ans après, le fonds de sécurisation foncière peine à voir le jour en dépit de l’article 90 de la loi 034-2009 portant sa création. Il a ainsi plaidé à ce que ce fonds soit une réalité pour promouvoir et subventionner les opérations de sécurisation foncière en milieu rural ainsi qu’au financement d’opérations de gestion foncière rurale. Au regard de ce « tableau sombre », la CPF, par la voix du SG de la FEPAB, appelle le gouvernement à accorder plus d’attention à la sécurisation foncière des exploitations familiales pour promouvoir les investissements.

Ce, a précisé Marc Gansonré, pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et améliorer les conditions de vie des populations. De ce fait, il a suggéré, entre autres, un audit du foncier rural, la mise en œuvre de l’article 218 du Code général des collectivités territoriales, la fin de la « confusion » et du « chaos » qui mine le foncier rural, notamment son accaparement et préserver le patrimoine foncier pour les générations futures.
Mais, en réalité, qu’est-ce qui bloque l’application de la loi 034-2009 ? Face à cette question des journalistes, Marc Gansonré a laissé entendre que la balle est dans le camp de l’exécutif pour assurer réellement l’application de la loi pour une sécurisation foncière rurale efficace.

Par ailleurs, il a salué les actions du gouvernement pour réorganiser le secteur de la promotion immobilière tout en l’invitant à impliquer les acteurs du monde rural dans les concertations nationales sur le foncier. Il a, en sus, souhaité une bonne campagne agricole 2021-2022 à tous ceux qui nourrissent
le Burkina Faso.

Boukary BONKOUNGOU

 

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