G5 Sahel : L’engagement de l’UE pour la force conjointe

Les échanges ont permis de convaincre certains pays de l’UE qui hésitaient encore à soutenir le G5 Sahel.

Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays du G5 Sahel et leurs homologues de l’Union européenne (UE) se sont réunis à Bruxelles, le mardi 14 mai 2019. L’objectif était de faire le point des activités du G5 Sahel et de discuter des perspectives de coopération entre les deux organisations.

La rencontre entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays du G5 Sahel et de l’Union européenne (UE), tenue à Bruxelles, en Belgique, le mardi 14 mai 2019 a été fructueuse sur plusieurs plans. C’est ce qu’a affirmé le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération, Alpha Barry, au sortir des échanges qui se sont déroulés à huis clos.

Pour défendre le dossier G5 Sahel dont la présidence en 2019 est assurée par le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, il était accompagné d’une délégation de son département et de la représentation diplomatique du Burkina en Belgique, dont l’ambassadeur Jacqueline Marie Zaba. M. Barry a rappelé que l’UE est le principal partenaire du G5 Sahel et la réunion de Bruxelles a été l’occasion de lui faire le point des activités, afin d’engager des perspectives communes face aux défis de plus en plus énormes.

Mentionnant la dégradation progressive de la situation sécuritaire dans la zone du G5 Sahel, Alpha Barry a fait savoir que les échanges ont été enrichissants et font entrevoir de belles perspectives de coopération. L’idée étant, selon lui, d’arriver rapidement à doter la force conjointe du G5 Sahel de capacités opérationnelles afin de la rendre efficace sur le terrain. «Nous avons senti un engagement fort de chacun des pays et de l’UE. Tout le monde a conscience que la situation est préoccupante et nous devons la gérer nécessairement ensemble, parce que si nous n’avons pas la garantie de la paix au Sahel et en Afrique de manière générale, l’Europe sera touchée», a-t-il détaillé.

En outre, le ministre Barry a fait savoir que la question de soutien conséquent des Nations unies au G5 Sahel a encore été posée. Et cet appui se traduit, entre autres, par la révision de l’accord technique de coopération entre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la force du G5 Sahel.

Il a annoncé qu’en attendant la révision de l’accord, cette mission sera bientôt renouvelée. «A ce niveau, nous avons senti en la France, pays membre du Conseil de sécurité, un engagement fort. Les membres européens non permanents y sont aussi favorables. Cela a convaincu les autres pays à adhérer à l’idée de renforcer la coopération UE-G5 Sahel», a-t-il confié.

La lutte s’intensifie

La délégation burkinabè a plaidé pour un démarrage effectif de la force conjointe.

Le chef de la diplomatie burkinabè a indiqué que la lutte contre le terrorisme s’intensifie, car, au-delà de la coopération avec l’UE, plusieurs autres initiatives sont développées pour intégrer les pays africains qui ne sont pas membres du G5 Sahel. Sur ce point, il a évoqué le Processus de Nouakchott qui s’occupe des renseignements militaires et l’initiative d’Accra qui regroupe le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire dont les chefs d’Etat se sont réunis en février dernier pour discuter des actions à mener ensemble. En sus, a ajouté Alpha Barry, il y a une concertation entre les pays partageant les parcs W, Arly et Pendjari, à savoir le Burkina, le Niger, le Bénin et le Togo pour des actions de lutte coordonnées.

Avant la rencontre de haut niveau qui a réuni les cinq pays africains et les 28 de l’UE, la délégation burkinabè a été reçue par la vice-présidente, Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini. Une audience dont l’objectif était de faire le point de la coopération entre l’UE et le pays des Hommes intègres. «Nous lui avons expliqué la situation délicate du Burkina qui est un verrou entre le Sahel et les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest.

Nous lui avons indiqué que l’enlèvement des deux Français au Bénin est une alerte à prendre très au sérieux car, cette zone n’est plus le Sahel. Il en est de même aux frontières sud du Burkina Faso», a confié Alpha Barry qui a dit avoir souligné la nécessité que ce verrou ne craque pas. Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a aussi salué l’engagement de l’UE aux côtés de son pays et du G5 Sahel.

Il s’est particulièrement réjoui de l’initiative de cette rencontre qui a le mérite d’harmoniser les points de vue. Les discussions se poursuivront dans quelques mois à Ouagadougou. Mais dès aujourd’hui, Alpha Barry se rendra à New York où il est prévu, demain 16 mai, l’examen du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel.

Daniel ZONGO
(A Bruxelles, Belgique)

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