Gouvernement Dabiré II : la lecture des acteurs politiques et de la société civile

Le gouvernement Dabiré II a été rendu public, le dimanche 10 janvier 2021. Des acteurs politiques et de la société civile apprécient la nouvelle configuration de l’exécutif.

Lassané Sawadogo, secrétaire exécutif national du MPP : « La nomination de Zéphirin Diabré est un signal fort ».
« Ce gouvernement est une satisfaction à divers points de vue. Il y a d’abord une attente populaire qui était palpable. La formation du gouvernement est donc intervenue au bon moment. Ensuite, notre parti est fortement représenté à travers des camarades en qui nous avons totalement confiance, à commencer par le chef du gouvernement. Il y a aussi un effort qui a été fait pour prendre en compte toutes les compétences capables de contribuer à la mise en œuvre du programme pour lequel le président du Faso a été élu. C’est pourquoi, en dehors du MPP, ce gouvernement prend en compte d’autres partis politiques, sans oublier la société civile. De plus, le genre n’a pas été occulté avec neuf femmes dans le gouvernement de 33 membres. Le président du Faso avait pris l’engagement de 30%. On est à environ 27% de femmes. La plupart des régions ont été prises en compte et en définitive, c’est un gouvernement de cohésion. La nomination de Zéphirin Diabré est un signal fort, parce que jusqu’aux dernières élections, il était le Chef de file de l’opposition qui nous a donné du fil à retordre en jouant pleinement son rôle. Il a marqué sa disponibilité pour accompagner Roch Marc Christian Kaboré dans la mise en œuvre de son programme, notamment dans le volet réconciliation nationale. C’est une bonne contribution qu’il pourrait apporter. Sur le plan humain et politique, il a des compétences à transcender certaines divergences pour faire prévaloir l’intérêt national. Il est possible que l’entrée du président de l’UPC dans le gouvernement ait un impact sur la configuration des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et sur la majorité ».

Serge Bambara dit Smokey, du mouvement Le Balai citoyen : « Le quota genre n’a pas été respecté ».
« C’est une bonne chose que le gouvernement soit enfin réuni et qu’il puisse se mettre très vite à la tâche. On doit éviter les cérémonies interminables de passation de service et se mettre au travail, parce que c’est le dernier mandat du président Kaboré qui est attendu sur plusieurs chantiers dont le plus important est la sécurité. On s’attend donc à ce qu’il fasse tout pour servir les intérêts du peuple qui lui a fait confiance. On peut regretter que, d’une part, le gouvernement reste aussi pléthorique qu’il l’était parce qu’on estime que pour un pays pauvre comme le Burkina Faso, 33 ministres, c’est quand même beaucoup lorsqu’on sait tous les privilèges qu’ils ont. On peut regretter, d’autre part, le fait que la promesse du président en termes de quota genre n’ait pas été respectée puisqu’il avait promis aux femmes, 35%. Je pense que les postes de ministres délégués ont été créés pour récompenser les partisans et les accompagnateurs pendant les élections. On peut apprécier tout de même le fait que quelques départements aient été fusionnés, notamment au niveau de la justice et des mines et que le ministre en charge de la fameuse affaire qui sent le soufre du charbon fin ait finalement été évincé de ce nouveau gouvernement. Nous espérons que les responsabilités seront situées. Le poste de ministre de la Réconciliation nationale accordé à Zéphirin Diabré est une tâche difficile, mais secondaire parce que je me demande qui doit se réconcilier avec qui ? On remarque que tous ceux qui ont crié réconciliation depuis le début sont ceux-là qui sont suspectés de malversations ou qui ont des dossiers en justice, donc j’espère que le nouveau ministre qui a pendant longtemps fustigé ses anciens camarades du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) va se rappeler qu’il a toujours souhaité une vraie justice sur la terre des Hommes intègres».

Monique Yéli Kam, présidente du Mouvement pour la renaissance du Burkina Faso (MRB) : « Nous leur souhaitons de réussir».
« Nous adressons nos chaleureuses félicitations au nouveau gouvernement de 33 ministres. Nous lui souhaitons de réussir avec efficacité et résultats les nombreux chantiers de la réconciliation, de la paix, de l’éducation, de l’emploi, de l’apurement du passif foncier et de la relance économique. La reconduction de la majorité des ministres de l’ancienne équipe répond à la logique politique de redevabilité envers les cadres du parti MPP longuement débattue entre eux. Ce qui nous a fait attendre. Qu’à cela ne tienne, la reprise du gouvernement permet de mettre notre pays sur la voie du progrès afin, souhaitons-nous-le, de soulager le peuple. C’est l’essentiel. Notre regret est toujours l’absence de volonté politique pour faire progresser la représentativité des femmes (seulement 9/33) et des jeunes ».

Halhassane Sinaré, président du MBF : « C’est un gouvernement de mission »
« C’est un gouvernement d’ouverture, toute chose qui aidera à mettre en œuvre le programme du président dans un de ses engagements majeurs qui est la réconciliation nationale. Le fait de désigner le leader de l’UPC, qui était dans l’opposition pour conduire cette réconciliation, est déjà une ouverture. Quand nous regardons l’ensemble de la composition du gouvernement, nous pouvons dire que c’est un gouvernement de mission, c’est-à-dire qu’il a des objectifs à atteindre à court terme. Pour nous, c’est une ouverture qui peut permettre une cohésion des fils et des filles du pays pour le bonheur de notre nation. La ministre déléguée en charge de la Recherche scientifique est la représentante du MBF au sein du gouvernement. Nous allons donc contribuer à la mise en œuvre du programme du président. Ce qui est tout à fait normal puisque nous sommes membres de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle».

Issiaka Ouédraogo, président du Conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) : « le peuple l’attend de pied ferme ».
« Le fait majeur dans ce gouvernement est la création d’un ministère en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Cela veut dire que le président du Faso a mis en avant cette question afin de réunir les Burkinabè autour des valeurs sociétales. Et la nomination de l’ex-Chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, montre à souhait que la dynamique est déjà bonne. Il faut dire que ce gouvernement est très attendu sur les questions urgentes sur les plans sanitaire, sécuritaire et social. D’ores et déjà, il faut que les acteurs s’accordent sur le mode de réconciliation. Quels sont les problèmes ou litiges qui nous opposent ? Ils datent de quelle année à quelle année ? A ces questions, les uns et les autres doivent apporter des réponses claires y compris ceux qui ont évolué 27 ans durant auprès de l’ancien président Blaise Compaoré et qui, aujourd’hui sont en train de diriger ce pays. Chacun doit pouvoir se prononcer sans aucun calcul politicien, car la réconciliation ne concerne pas que les exilés ou les condamnés. Mais de façon globale, le gouvernement actuel est bien représentatif et le peuple l’attend de pied ferme».

Propos recueillis par
Jean-Marie TOE
Gérard COULIBALY
Nadège YAMEOGO

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