Guinée Bissau : le bout du tunnel ?

Les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle en Guinée Bissau sont attendus, demain mercredi 1er janvier 2020. C’est la porte-parole de la Commission électorale nationale (CEN), Felisberta Vaz Moura, qui en a fait l’annonce. Quelque 700 000 électeurs Bissau-Guinéens ont voté, dimanche, à la faveur du deuxième tour de l’élection présidentielle. En lice, le candidat du parti historique, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée du Cap-Vert (PAIGC), en la personne de l’ancien Premier ministre, Domingos Simões Pereira, 56 ans, ingénieur en génie civil, promet d’accélérer le développement du pays. Face à lui, il y a Umaro Sissoco Embalo, un général de brigade de réserve de 47 ans, représentant le premier parti d’opposition Madem-G15, qui appelle tous les Bissau-Guinéens, y compris ceux de la diaspora, à venir contribuer au développement de leur pays.
L’enjeu de ce scrutin est surtout de mettre fin à l’instabilité chronique qui secoue ce pays depuis plusieurs années. Déjà, le 28 octobre 2019, alors que la Guinée-Bissau s’acheminait vers cette élection présidentielle, le pays s’est subitement enfoncé dans une nouvelle crise politique née du limogeage du Premier ministre, Aristides Gomes, par le président José Mário Vaz. Cette décision avait provoqué une véritable levée de bouclier au niveau régional et international, l’ONU et la CEDEAO, ayant « obligé » le nouveau Premier ministre, Faustino Fudut Imbali, à rendre le tablier sous peine de « sanctions sévères ».

Comme souhaité par la CNE, les candidats, les médias nationaux et internationaux (surtout) doivent s’abstenir de véhiculer des informations liées aux résultats du scrutin, en attendant leur proclamation officielle. Ce temps d’attente, quoi que plein d’incertitudes, gagnerait à entretenir le calme, la sérénité et la vigilance chez les populations. Et pour cause, cette consultation électorale représente pour la communauté internationale et le peuple bissau-guinéen, la fin d’une interminable crise qui a éclaté au grand jour en août 2015, quand le président a congédié son Premier ministre, Domingos Simões Pereira, en poste depuis juin 2014. Alimentées par leur rivalité pour prendre le contrôle du PAIGC lors des élections législatives et présidentielle de 2014, les tensions entre eux se sont encore aggravées après leur ascension au pouvoir en raison du régime semi-présidentiel, qui fait du Premier ministre, le véritable homme fort du pays.

Alors que le président reprochait à son Premier ministre de ne pas le tenir suffisamment informé des affaires en cours et lançait contre lui des accusations de corruption, les partisans de Domingos Simões Pereira affirmaient de leur côté, que la popularité de ce dernier aurait fait de l’ombre au président, qu’ils accusaient également de trop s’immiscer dans les affaires du gouvernement. S’en est suivi, un imbroglio politique qui a longtemps paralysé les institutions de la république et le développement de la Guinée-Bissau. Il y va de l’intérêt de tous, au risque que la communauté internationale « lâche » le pays, parce qu’à bout de patience dans des guerres de personnes qui n’en finissent pas. L’Afrique vit suffisamment de crises et la Guinée Bissau n’a aucune raison d’en rajouter.

Jean-Marie TOE

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