Hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko : Tristesse, pleurs et douleurs à Abidjan

Le président Alassane Ouattara s’est incliné devant la dépouille de Hamed Bakayoko

L’atmosphère était intenable, hier, sur le parvis du Palais de la Présidence au Plateau. La plupart des hommes présents en ce lieu, à la vue du cercueil drapé du drapeau national, contenant la dépouille du défunt Premier ministre Hamed Bakayoko, n’ont pu s’empêcher de fondre en larmes. La douleur était plus vive chez les femmes qui tentaient vainement de retenir leurs pleurs. A l’image d’une dame à forte corpulence, la quarantaine révolue, qui a éclaté en sanglots quand les porteurs, en tenue militaire, ont posé la caisse du corps sans vie du chef du gouvernement sur l’esplanade, juste devant les bâches où de nombreuses personnes étaient massées.

« Eh Dieu, la mort de Hambak est réelle alors ? Comment un homme aussi bon peut partir ainsi. Je ne voulais pas croire et pourtant, il est vraiment parti », s’est-elle lamenté, en pleurs. Tout comme celle-ci, des personnalités, les yeux rougis par l’affliction, essuyaient maladroitement leurs larmes avec des mouchoirs jetables. C’est dans cet environnement de tristesse que le couple présidentiel, autour de 10 h, sera accueilli sur le parvis du Palais présidentiel. Après les honneurs militaires, le Chef de l’État ira s’incliner sur la dépouille de son ‘’ fils’’. La Première dame, Dominique Ouattara, accomplira le même geste.

Les chefs d’État des pays frères sont venus apporter leur soutien à leur homologue

Le Président de la République, accompagné de son épouse, se dirigera ensuite vers les bâches pour saluer les personnalités, les présidents d’institutions, les membres du gouvernement, les ambassadeurs et représentants des organisations internationales, les amis, proches et parents du disparu. La démarche lourde et le visage fermé, il prendra place, après ce tour d’honneur, dans la loge officielle où étaient déjà installés la veuve Yolande Tano Bakayoko et ses enfants. Les chefs d’État des pays frères venus apporter leur soutien à leur homologue feront ensuite leur entrée sur l’esplanade.

Ainsi, Roch Marc Christian Kaboré du Faso, Alpha Condé de la Guinée, Nana Akufo Addo du Ghana, Umaro Sissoco Embalo président de la Guinée Bissau et le vice-Président de la Guinée Équatoriale Teodorin Obiang recevront successivement les honneurs militaires. A l’instar de ces chefs d’État africains, le Premier ministre du Mali, Moctar Ouané, et celui du Gabon, Rose Christiane Ossouka Raponda, ont représenté leurs pays à cette cérémonie solennelle. Il en était de même pour le Bénin et le Liberia, qui étaient présents à travers leurs ministres des Affaires Étrangères. Quand la ministre de la Culture et de la Francophonie, Raymonde Goudou Coffie, dans son témoignage, dépeint Hamed Bakayoko comme un homme généreux, à la main facile et à l’écoute des démunis et des orphelins, l’assistance vibre sous le coup de l’émotion.

La veuve du Premier ministre, Yolande Bakayoko(gauche) a reçu le drapeau national.

« L’homme avait le flair de capter dans la foule compacte ce regard perdu, celui de la jeune fille pleine d’espoir, ce jeune homme volontaire. Oui! Hamed Bakayoko savait les détecter et il transformait leur vie, encore l’Amour ! Toujours l’Amour », cette phrase à peine lâchée que les pleurs, les cris mal étouffés se faisaient entendre çà et là dans la foule. L’on voyait des imans remuer la tête, signe certainement de leur incompréhension devant le destin qui leur arrachait ainsi leur bienfaiteur dont les œuvres constantes et immenses sont innombrables en direction de la communauté musulmane. Les traits tirés des guides religieux chrétiens et leur regard hagard fixé sur le corps enveloppé de drapeau de Côte d’Ivoire d’Hamed Bakayoko laissent entrevoir le drame qui les frappe en cet instant, à l’idée qu’ils ne verront plus la silhouette de cet homme généreux à leurs côtés, lors des cérémonies.

Cette cérémonie d’hommage a été marquée par un défilé militaire. Une manière pour l’armée, et comme cela se fait en de telles circonstances, de rendre hommage au Premier ministre qui a servi l’État au prix de sa vie et surtout pour les actions qu’il a engagées pour moderniser, équiper et rendre plus aguerrie la grande muette. Hamed Bakayoko, à la faveur de cette manifestation solennelle, a été élevé à la dignité de la Grande Croix de l’Ordre national, à titre posthume. C’est la distinction la plus importante du pays. Le Président de la République, Alassane Ouattara, en sa mémoire, a remis à la veuve le drapeau national, l’un des symboles les plus importants de la République.

Kanaté Mamadou
(Fraternité Matin)


Sa loyauté saluée et reconnue

Hamed Bakayoko était non seulement un humaniste, un homme d’ouverture, mais aussi une personne d’une grande loyauté. Ce sont quelques propos tenus hier par Touré Mamadou pour présenter le chef du gouvernement arraché à l’affection des tiers.
« Attaché à un homme, Alassane Ouattara, Hamed Bakayoko assumait ses ambitions dans le respect de sa loyauté à Alassane Ouattara qui lui a tout apporté. (…) la loyauté du Premier ministre se manifestait dans la gestion des différentes fonctions que vous lui avez confiées. Ministre d’État, ministre de la Sécurité, et ministre de la Défense. Il était un rempart pour vous. Il était une forteresse pour vous », a-t-il indiqué. Touré Mamadou a affirmé que la disparition de Hamed Bakayoko, dans cette perspective, constitue un coup dur pour le Chef de l’État. « C’est pour cela je voudrais me faire le porte-parole de l’ensemble de ces jeunes.

Nous vous savons durement éprouvé. Nous vous savons effondré. Monsieur le Président de la République, comme hier pour Amadou Gon Coulibaly, aujourd’hui pour Hamed Bakayoko, votre fils, vous devez rester debout. Pour la jeunesse ivoirienne, vous devez rester debout. Pour la Côte d’Ivoire, vous devez rester debout. Pour la sous-région, vous devez rester debout. Et nous prenons l’engagement, l’ensemble de ces jeunes que Hamed Bakayoko a mobilisés toutes ces années autour de vous, de constituer une forteresse autour de vous pour les batailles à venir », a-t-il rassuré le Président Ouattara.
Touré Mamadou a exhorté l’épouse du défunt à être fier de son mari pour ce qu’il a apporté à la Côte d’Ivoire et à la cause de leur formation politique.

 Kanaté Mamadou

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