Insécurité au Burkina : Autopsie à l’ONU

Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré (milieu), a détaillé la situation de son pays aux Nations unies.

Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a présenté le jeudi 26 septembre 2019 à New York, la situation de son pays à la Commission de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations unies.

Après la situation du Mali et du Sahel de façon générale, l’Organisation des Nations unies (ONU) dispose désormais d’une vue détaillée de celle du Burkina Faso. En effet, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, était face à la commission de consolidation de la paix de l’ONU, le jeudi 26 septembre 2019 à New York pour donner plus d’informations sur l’insécurité que vit son pays.

Le chef de l’Etat burkinabè a rappelé que son pays traverse une situation sécuritaire et humanitaire «sans précèdent». Saluant l’accompagnement de l’ONU à travers le Fonds de consolidation de la paix dans ce cadre, Roch Marc Christian Kaboré a aussi exprimé sa gratitude à l’ensemble des pays et institutions partenaires pour le soutien qu’ils apportent aux efforts et aux actions de son gouvernement.

«Depuis janvier 2016, mon pays fait face à des attaques terroristes d’une grande ampleur dont les impacts sur les plans humain, social, économique et du vivre-ensemble sont incalculables. Le niveau de violence et l’insécurité ont eu pour conséquence, une crise humanitaire avec pour corollaire, des milliers de déplacés internes, des écoles et des centres de santé fermés», a-t-il détaillé. Et de poursuivre que la volonté affichée par les forces obscurantistes de déstabiliser les pays du Sahel se prolonge à travers l’instrumentalisation des conflits latents entre les communautés qui se transforment en affrontements violents, faisant de nombreuses victimes.

«Les attentes sont fortes et les défis à relever importants», a relevé Roch Marc Christian Kaboré, qui a du coup, demandé le soutien de la communauté internationale en faveur du Burkina Faso en particulier et des pays du Sahel en général par une prise en compte du coût humanitaire que ce fléau fait peser sur les populations. Pour le président Kaboré, la lutte contre le terrorisme, tout en étant une priorité nationale, doit s’inscrire dans une approche sous-régionale mais surtout dans une dynamique de développement économique des zones vulnérables.

«Il faut aider le Burkina Faso»

Le président colombien, Iván Duque, président de la Commission de consolidation de la paix a exprimé la nécessité de soutenir le Burkina Faso.

Dans ce sens, il a salué l’initiative d’Accra et la dernière conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO à Ouagadougou. Au Burkina Faso et afin de faire face à la montée de la violence, a-t-il expliqué, le gouvernement a non seulement décrété l’état d’urgence dans plusieurs régions, et a engagé plusieurs opérations militaires dans l’Est, le Sahel et au Nord du pays, dans le respect des droits de l’homme.

A cela, il a ajouté le Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL) et le Plan d’urgence pour le Sahel (PUS) élargis à l’ensemble des cinq régions touchées par l’extrémisme violent. «Par ailleurs, le Burkina Faso poursuit le renforcement des capacités de ses Forces de défense et de sécurité dans le domaine des Droits humains et du droit international humanitaire», a-t-il fait savoir. En plus de ces actions au niveau national, l’engagement des pays du G5 Sahel pour la Force conjointe tant par son financement et que par son équipement devraient permettre d’éviter un désastre humanitaire, s’est convaincu le président en exercice du G5 Sahel.

Il s’est ainsi réjoui de la mission inter-agences des Nations unies de février dernier conduite par Mohamed Ibn Chambas, celle de juillet conduite par la Sous-secrétaire générale, Bintou Keïta, et la mission conjointe d’évaluation de la prévention et de la consolidation de la paix (ONU, BAD, Banque mondiale et UE) du 1er au 10 juillet 2019 au Burkina Faso.   Le président colombien, Iván Duque, président de la Commission de consolidation de la paix, a fait une comparaison de la situation burkinabè avec celle de son pays, expliquant les voies et moyens dont son pays a usé pour parvenir à la paix.

Pour sa part, le représentant spécial et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Mohammed Ibn Chambas, a salué le procès du putsch, le dialogue national, initié par le président du Faso, avant d’exprimer la disponibilité de l’ONU à accompagner le processus électoral au Burkina Faso. Ibn Chambas a exprimé sa préoccupation au regard de la situation sécuritaire nationale, saluant la riposte du gouvernement et les actions d’atténuation de la tension communautaire.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Fakir Mahamat, a quant à lui, estimé que cette menace plurielle appelle également des réponses similaires (militaire et sécuritaire, renforcement de l’Etat à travers la présence effective de l’administration et le développement économique et social). «Il faut soutenir le Burkina Faso, rétablir la paix et ensuite la maintenir parce que chaque jour qui passe nous éloigne de la solution», a-t-il lancé aux partenaires.

Jean-Marie TOE
Depuis New York

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