Insécurité, crise scolaire, COVID-19, économie… : Le grand oral du Premier ministre

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a souhaité que les Burkinabè travaillent à renforcer leur vivre-ensemble pour lutter contre l’hydre terroriste.

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a prononcé, son Discours sur la situation de la nation (DSN), conformément aux dispositions constitutionnelles, le 20 mai 2021, à l’Assemblée nationale.

Cinquante-six minutes chrono, c’est le temps qu’a duré le Discours sur la situation de la nation (DSN) du Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré face aux députés. Insécurité, éducation, économie, réconciliation nationale, COVID-19 ont été entre autres points abordés par le chef du gouvernement, le jeudi 20 mai 2021, à l’hémicycle. A propos de la lutte contre le terrorisme, M.Dabiré a reconnu l’ampleur de la situation, eu égard à la recrudescence des récentes attaques terroristes dans les régions de l’Est, du Nord et du Sahel.

« Nous sommes conscients des dysfonctionnements qui persistent dans
notre système de sécurité nationale», a avoué le Premier ministre. Il a, de ce fait, insisté sur le renforcement du maillage du territoire pour sécuriser les villes et campagnes. Toutefois, le Premier ministre a exhorté l’ensemble des Burkinabè à se mobiliser pour lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent, à combattre la stigmatisation et à bannir le repli identitaire qui sont sources de conflits meurtriers. Le chef du gouvernement a néanmoins fait le point des actions entreprises pour lutter contre le terrorisme et renforcer la cohésion sociale.

A l’entendre, le gouvernement a intensifié les réalisations d’infrastructures sociales, économiques et sécuritaires. Le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) et le Programme de développement des économies locales (PADEL) sont des exemples « patents », selon M. Dabiré. Il a précisé que le PADEL a investi plus de 63 milliards F CFA depuis 2017 dans les secteurs cités plus haut tandis que, le PUS y a injecté environ 242 milliards F CFA. « Notre conviction est que la lutte contre le terrorisme ne saurait être exclusivement militaire. Il nous faut certes gagner les combats au front pour stabiliser et sécuriser le territoire, mais il nous faut surtout gagner la bataille du développement économique et social dans ces zones, pour renforcer le ciment de notre vivre-ensemble », a-t-il déclaré.

Parlant des déplacés internes évalués à environ 1,2 million de personnes, le Premier ministre a assuré que son gouvernement met tout en œuvre pour qu’ils regagnent leurs biotopes. Pour y arriver, il a sollicité l’accompagnement de tous les acteurs tels les leaders d’opinion, les religieux, les coutumiers et toutes les autres personnes-ressources de leurs communautés d’origine.

« J’appelle les élèves à cesser les violences »

Concernant la situation sanitaire marquée par la COVID-19, le Premier ministre a rappelé le Plan de préparation et de riposte d’un coût d’environ 160 milliards FCFA adopté par le gouvernement pour endiguer la transmission communautaire de la maladie et assurer la prise en charge hospitalière des cas graves. « Tout en m’inclinant sur la mémoire de ceux que nous n’avons pas pu sauver, je peux affirmer que le Burkina Faso a réussi à sauvegarder l’essentiel, lorsque l’on considère les indicateurs de l’évolution de la maladie ici et ailleurs », a-t-il lancé.

Dans le secteur de l’éducation nationale, il s’est réjoui de l’organisation réussie des examens de l’année 2019-2020 malgré la fermeture de certains établissements dans les zones à défis sécuritaires. Cette performance, a indiqué le Premier ministre, est à l’actif de l’ensemble des acteurs de l’éducation qui se sont investis pour sauver l’année et rouvrir plus de 400 établissements dans les zones à défis sécuritaires. Se prononçant sur les manifestations des élèves qui rejettent en bloc les réformes annoncées dans le secteur de l’éducation, le chef du gouvernement a regretté les actes de violences.

«J’appelle solennellement tous les acteurs du système éducatif et particulièrement les élèves, à cesser les violences inacceptables dans les établissements d’enseignement et à reprendre les cours, afin de terminer l’année scolaire. Je les invite à savoir raison garder, dans la mesure où l’organisation prochaine des assises nationales sur l’éducation offrira l’occasion de penser l’école de demain », a-t-il declaré.

Le progrès à portée de main

Après le discours, les députés ont posé des questions d’intérêt dans divers domaines.

Dans le domaine de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le chef du gouvernement a cité la création et l’ouverture des centres universitaires régionaux comme acquis majeurs à mettre à l’actif du programme du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. En sus, il a informé les élus nationaux, que l’exécutif poursuit le processus d’opérationnalisation de l’Ecole polytechnique de Ouagadougou qui permettra de rendre effectif le basculement vers les formations techniques et professionnelles dans l’enseignement supérieur.

« Nous pouvons nous satisfaire d’avoir engagé l’opération ‘’un étudiant, un ordinateur’’, pour améliorer les conditions d’apprentissage et la qualité de la formation universitaire. Ainsi, en 2020, plus de 8 000 ordinateurs ont été mis à leur disposition », a ajouté le Premier ministre.

Pour ce qui est de l’économie, M. Dabiré s’est réjoui du fait que malgré les différentes adversités, le taux de croissance économique annuel moyen soit de 6,2%, entre 2016 et 2019 même s’il a reconnu une chute de ce taux à 2,5% en 2020. Cette croissance, somme toute positive, doublée d’une maîtrise de l’inflation autour de 1,4%, est une preuve de la bonne tenue de l’économie nationale dans un monde en pleine récession, foi du Premier ministre. Toujours sur le volet économie, il a confié que le secteur aurifère en plein essor a contribué aux recettes du budget de l’Etat avec 168,5 milliards F CFA en 2015 soit 36,5 tonnes d’or à 322,3 milliards F CFA en 2020 soit 60 tonnes d’or.

« Le progrès auquel nous aspirons tous est à portée de main, si nous savons nous unir autour de l’essentiel. L’atteinte de cet objectif ultime nécessite l’union sacrée des filles et fils du pays, aujourd’hui plus qu’hier, pour faire face aux différentes adversités », a affirmé le Premier ministre.
Dans le domaine de l’énergie, il a expliqué que son gouvernement a pu porter la puissance électrique disponible du pays de 325 Mégawatts en 2015 à 800 Mégawatts en 2020 et faire passer le nombre de localités électrifiées de 552 à 1 511 sur la même période. En dépit de ces efforts, a indiqué M. Dabiré, les récents délestages viennent rappeler, que l’offre énergétique reste insuffisante pour satisfaire une demande en croissance continue.

Evoquant les réalisations pour le désenclavement intérieur et extérieur du pays, il a fait comprendre que malgré les arrêts de travaux occasionnés par la situation sécuritaire, le gouvernement a achevé 1028 km de routes en travaux de bitumage, de renforcement ou d’entretien périodique. Dans la même veine, il a annoncé le démarrage du bitumage de 1192 autres km de routes.

Gaspard BAYALA

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