Investiture du président du Faso : Roch Kaboré promet réconcilier les Burkinabè

A travers cette prestation de serment, Roch Marc Christian Kaboré s’engage à être le président de tous les Burkinabè pour les cinq années à venir.

Réélu avec 57,74% des suffrages lors du scrutin présidentiel du 22 novembre 2020, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a prêté serment, pour les cinq années à venir, le lundi 28 décembre 2020, à Ouagadougou, lors d’une audience solennelle du Conseil constitutionnel. La cérémonie d’investiture a connu la présence d’une dizaine de chefs d’Etat de la sous-région.

«Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur, de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ». La main droite levée, devant les membres du Conseil constitutionnel, c’est le serment qu’a fait, Roch Marc Christian Kaboré, le lundi 28 décembre 2020, lors d’une audience solennelle que l’institution a délocalisée au palais des Sports de Ouaga 2020.

Le Conseil constitutionnel a invité le président du Faso, à faire des intérêts du peuple burkinabè, sa boussole tout au long de son mandat.

C’est alors, que le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, a donné acte du serment de celui qui se succède, avant de le déclarer installé dans ses fonctions de président du Faso et de le renvoyer à l’exercice de ses fonctions. Comme le veut la Constitution, le président Kaboré a aussi remis la déclaration écrite de ses biens, qui sera transmise à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), dans un délai de sept jours, puis publiée au Journal officiel, dans un délai de 15 jours. Avant que le président du Faso ne reçoive les insignes de Grand maître des Ordres burkinabè, des mains du Grand chancelier des Ordres burkinabè, Roch Compaoré, le président du Conseil constitutionnel a signifié au chef de l’Etat, que loin d’être une simple formalité, le serment qu’il venait de prêter marque le début officiel de son mandat.

« Le contenu de ce serment traduit toute la mesure de votre responsabilité devant le peuple burkinabè», lui a-t-il dit. Kassoum Kambou a fait savoir que cette audience rappelle celle de 2015, au cours de laquelle Roch Marc Christian Kaboré avait pris solennellement des engagements devant le peuple. «Cinq années après, ce même peuple vous a renouvelé sa confiance, soit parce qu’il est satisfait du bilan de votre premier mandat, soit il nourrit beaucoup d’espoir avec le programme de société que vous lui avez proposé pendant la campagne », a-t-il relevé.

Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont fait le déplacement de Ouagadougou
cette investiture.

Il l’a donc invité à être le président de tous les Burkinabè « sans exclusive », puisque, a-t-il poursuivi, de par cette fonction aussi noble que délicate, il incarne la Nation toute entière et ses valeurs. « La sécurité, la santé et le bien-être sont des droits garantis par la Constitution. Il vous revient d’œuvrer à sortir les Burkinabè des pages tristes actuelles de l’histoire de notre pays sur le plan sécuritaire, sanitaire et social », a lancé le président du Conseil constitutionnel. L’unité nationale et la gestion efficiente des richesses et ressources naturelles sont entre autres défis de ce second mandat, a conclu M. Kambou.

Oser le changement

Désormais investi, Roch Kaboré a promis rester attentif aux préoccupations de l’ensemble de ses compatriotes, surtout en ce qui concerne la réconciliation nationale, la paix et la sécurité, gages de toute action de développement. « Pour concrétiser ma volonté d’associer tous les Burkinabè dans la conduite des affaires publiques, je lancerai dans les mois à venir de larges consultations afin de définir les voies d’une réconciliation nationale véritable », a-t-il insisté. Pour lui, avec les crimes de sang, les crimes économiques et politiques de 1960 à nos jours, la réconciliation nationale doit aller au-delà des questions conjoncturelles

Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont fait le déplacement de Ouagadougou
cette investiture.

pour permettre de définir ensemble les bases d’une société burkinabè fondée sur les valeurs cardinales du travail, de la probité, de la dignité et de la défense de l’intérêt national.

Ce pacte social, a-t-il poursuivi, doit être une œuvre mobilisatrice et fédératrice de tous les Burkinabè autour des changements de mentalités, de comportements et d’idées nécessaires pour la défense et la consolidation de l’Etat-Nation, de l’Etat de droit démocratique et de notre modèle de vivre-ensemble. Le président Kaboré a engagé les Burkinabè sur les chantiers du travail pour la mise en œuvre de son programme, pour lequel il a été élu. «Aussi devons-nous oser le changement maintenant pour garantir un futur désirable, fruit de notre engagement individuel et collectif et des perspectives de développement pour notre pays », a-t-il lancé à ses compatriotes.
Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont assisté à la cérémonie d’investiture.

Jean-Marie TOE


Parcours d’un homme au destin national

Né le 25 avril 1957, Roch Marc Christian Kaboré est le fils de Charles Bila Kaboré et Feue Antonine Kaboré, tous deux enseignants de formation. Il fait ses études à l’école primaire publique Centre « A » de Ouagadougou puis à Tougan jusqu’en février 1968. Il revient à Ouagadougou au CM2, à l’école primaire publique centre « B », où il obtient le Certificat d’études primaires. Il fait ensuite ses études secondaires au collège Saint Jean-Baptiste-de La salle à Ouagadougou où il obtient en 1972 le BEPC.

Il décroche par la suite le Baccalauréat en 1975. Le président Kaboré est un sportif émérite. Ancien scout, il a pratiqué le basket-ball lors de sa scolarité, notamment au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle à Ouagadougou. Selon ses proches, l’homme est toujours calme et tempéré. Il étudie les sciences économiques à l’Université de Dijon où il obtient, en 1979, une maîtrise en sciences économiques et gestion, puis en 1980, un DESS en gestion qui lui confère le Certificat d’aptitude en administration et gestion des entreprises. Rentré au Burkina Faso, il milite en pleine révolution sankariste au sein de l’Union de lutte communiste-reconstruite (ULC-R). En 1984, Roch Kaboré, âgé de 27 ans, est nommé Directeur général de la Banque internationale du Burkina.

Il occupe ce poste jusqu’en 1989, date à laquelle il est nommé par le chef de l’État, Blaise Compaoré, ministre des Transports et de la Communication. En 1991, il devient ministre chargé de l’action gouvernementale. En mai 1992, il est élu député de la province du Kadiogo au sein de l’Organisation pour la démocratie populaire – Mouvement du travail (ODP-MT). Entre 1992 et 1993, il occupe successivement les postes de ministre des Finances, puis chargé des Relations avec les institutions. Du 22 mars 1994 au 6 février 1996, il est Premier ministre du Burkina Faso.

En mai 1997, il devient Premier vice-président de l’Assemblée nationale. Il est reconduit lors des élections législatives de 2002 et le 6 juin de la même année, il remplace Mélégué Traoré à la présidence de l’Assemblée nationale. Il dirige l’institution jusqu’au 28 décembre 2012. Secrétaire exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Roch Kaboré en devient le président en 2003. Le 4 janvier 2014, lui et deux autres piliers du CDP, Simon Compaoré et F. Salif Diallo démissionnent en signant une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent la « caporalisation » du parti et « ses méthodes de gestion fondées sur l’exclusion ». Ils seront suivis le lendemain par 72 autres membres du parti. Ensemble, ils créent le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et Roch Kaboré prend la tête. Lors de l’élection présidentielle de novembre 2015, il est élu au premier tour du scrutin avec 53,49% des voix. Le président Kaboré est marié et père de trois enfants.

Gaspard BAYALA

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