Investiture du président du Niger : Mohamed Bazoum promet le changement dans la continuité

Le nouveau président du Niger a juré sur le Coran de respecter et de faire respecter la Constitution et les lois de son pays.

Le nouveau Président de la République du Niger, Bazoum Mohamed, a été investi dans ses fonctions, le vendredi 2 avril 2021, au cours d’une cérémonie solennelle au Centre de conférences Mahatma- Gandhi, en présence de plusieurs chefs d’Etat.

C’est aux environs de 11 heures 48 minutes, heure de Niamey que le président élu, Mohamed Bazoum, a fait son entrée dans la grande salle du Centre international de conférences sous les acclamations du public, mobilisé pour la circonstance. Le premier acte a été le cérémonial d’investiture, dirigé par le président de la Cour constitutionnelle, Bouba Mahamane. Après le rappel du processus ayant conduit à l’élection de Mohamed Bazoum en qualité de président de la République, le président de la Cour Constitutionnelle a, comme de tradition, rappelé les dispositions règlementaires régissant la prise de fonction d’un chef d’Etat avant d’inviter le président élu a prêté serment sur le Livre Saint de sa confession religieuse, le Saint Coran, en qualité de Président de la République du Niger, chef de l’Etat conformément à la Constitution.

Environ 5000 invités ont assisté à l’investiture du Xe président de la République du Niger.

Avant de clore l’audience, le président de la Cour a félicité l’ancien Président Mahamadou Issoufou pour s’être engagé à respecter la prescription constitutionnelle de la limitation des mandats en organisant des élections libres et transparentes au terme desquelles il a effectivement passé la main. En guise de conseils, les sages ont d’abord rappelé au nouveau chef de l’Etat que son élection fait de lui, le président de tous les Nigériens qu’il devrait gérer en serviteur loyal de la nation et se consacrer à la satisfaction de leurs légitimes aspirations. Bouba Mahamane a insisté sur la régularité et la bonne tenue de ces élections comme en témoignent les rapports des nombreux observateurs indépendants déployés sur le terrain.

« La période électorale est terminée. Le pays doit renouer avec le travail pour continuer à avancer vers un développement durable. Vous devez tout mettre en œuvre pour réconcilier les Nigériens en prenant les mesures nécessaires visant à renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale », a conseillé le président de la Cour constitutionnelle. Dans la foulée, le tout juste ancien président de la République, Issoufou Mahamadou, a élevé son compagnon de lutte, le nouveau Président Mohamed Bazoum à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Niger, lui remettant une copie de la Constitution de la République dont il est le garant et qui lui servira de boussole pour la gestion de l’Etat.

Le président Roch Marc Christian Kaboré (1er plan) et ses homologues du Ghana, du Tchad, du Liberia, du Sénégal, de la Guinée-Bissau ont assisté à la première alternance démocratique au Niger.

M. Bazoum a aussi reçu des mains du Grand chancelier des Ordres nationaux, le collier de Grand maître des Ordres nationaux, un des symboles du pouvoir avant de prononcer son discours d’investiture. Dans son adresse, le chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, a annoncé ses grandes priorités notamment le relèvement du système éducatif, la lutte contre la corruption et l’impunité ; la sécurité et la consolidation de l’unité nationale. A l’issue de la cérémonie, le président de la République a été d’abord félicité par les membres de la Cour constitutionnelle, le chef de l’Etat sortant et ses épouses.

Mohamed Bazoum a ensuite raccompagné son prédécesseur Issoufou Mahamadou hors de la salle, avant de revenir recevoir les félicitations de ses hôtes en présence de la première Dame, Hadjia Hadiza. Il faut noter que l’ambiance était au rendez-vous de cet événement historique pour le pays avec notamment les différents groupes artistiques qui se sont relayés sur le podium pour égayer le public ayant effectué le déplacement des sites réservés à la cérémonie d’investiture, à savoir le Centre de conférences Mahatma-Gandhi et le Palais des Congrès de Niamey.

 

Honoré Kirakoya


Les coulisses de l’investiture

Investiture 2.0

L’observance des mesures de distanciation contre la COVID-19 a mis à rude épreuve les capacités d’accueil du Centre international de conférences Mahatma-Gandhi. Pour permettre au maximum d’invités de suivre en présentiel l’investiture historique à travers les 12 chaînes nationales ayant relayé la cérémonie, le comité d’organisation a déployé les grands moyens techniques sur des sites différents, grâce à un multiplex sans couac. Grâce à la magie de la technologie, le public du palais du Congrès où se produisaient les artistes ainsi que la maîtrise de la cérémonie et du Centre Mahatma-Gandhi, ont suivi de manière simultanée toutes les activités qui se sont déroulées par écran interposé. De la célèbre troupe Albichir de Tchiro en passant par l’orchestre Tal National, la troupe Shawa et autres, le public a eu droit à des prestations de qualité, contribuant ainsi à la réussite de l’investiture. Les artistes ont, à travers leurs prestations, loué la vitalité de la démocratie du Niger faisant du pays une référence sur les plans régional et international.


Le président sortant ému jusqu’aux larmes

Dans son discours d’investiture, le nouveau président a évoqué la rencontre « a priori banale », le 1er août 1990, dans un quartier ordinaire de Niamey, entre un jeune professeur de philosophie à Maradi (lui-même) et le directeur d’exploitation de la Société des mines de l’Aïr (le président Issoufou) ayant abouti à la création, cinq mois plus tard, du Parti national pour le développement et le socialisme, le PNDS TARAYYA à partir de deux groupes clandestins que chacun dirigeait. La suite, on la connaît, Issoufou Mamadou, secrétaire général du parti, a accédé à la magistrature suprême de son pays en 2011 et Mohamed Bazoum lui a succédé à la tête du pays le 3 avril 2021. Un souvenir dont l’évocation a ému aux larmes le président sortant.


Mohamed Bazoum toujours égal à lui-même

Au fil de sa carrière professionnelle, politique et diplomatique, Mohamed Bazoum s’est bâti une réputation d’homme très cultivé, sans démagogie avec un franc parler notoirement reconnu. Et qui pourrait être modulé avec la fonction présidentielle. Que nenni, le discours d’investiture du nouveau président a montré que Mohamed Bazoum est égal à lui-même. Devant le président de la Transition du Mali, Bah N’Daw, il a dit tout haut ce que ses homologues ont toujours pensé bas. « Le combat contre le terrorisme sera très difficile aussi longtemps que l’Etat malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ses régions. La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays ».


Birgi Rafini, le Premier ministre aux deux mandats

Avec la discrétion et la « très grande sagesse » qui le caractérise, le Premier ministre sortant, Birgi Raffini, est resté aux côtés du président Issoufou durant tous ses deux mandats depuis 2011. Au terme du mandat constitutionnel du président sortant, Birgui Raffini a présenté le bilan de 10 années de réalisations avant de rendre dans la même soirée sa démission ainsi que celle de son gouvernement. La longévité de l’ancien député-maire d’Iferouane dans le département d’Arlit à 1230 kilomètres de Niamey, c’est le Président Issoufou lui- même qui le dit  en évoquant ses « qualités exceptionnelles » lors de la cérémonie de décoration du gouvernement au cours de laquelle le sage d’Iferouane a été élevé à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Niger. Celui qui a toujours préféré la vie nomade aux lambris dorés de Niamey ou même Agadez, se retirera t-il pour vivre à Iférouane où il s’était retiré à la fin de son mandat de député avant d’être appelé en 2011 pour être nommé Premier ministre.


Un président fidèle en amitié

Ami de très longue date de Feu Salifou Diallo et de nombreux autres promotionnaires burkinabè de l’université de Dakar, le nouveau président du Niger, ne rate aucune occasion pour témoigner l’expression de son amitié à ses anciens camarades ou à leurs familles bien que ceux-ci ne sont plus de ce monde. Ainsi, on a aperçu tout au long de sa campagne et le jour de l’investiture, l’épouse de feu Salifou Diallo, Mme Chantal Diallo/Salembéré. D’autres amis du président ont été aperçus à l’investiture.

HK

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