La culture dans tous ses états

La 20e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC), placée sous le thème « Diversité culturelle, ferment de l’unité nationale », bat son plein à Bobo-Dioulasso. Après la cérémonie d’ouverture inoubliable, présidée par le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, les organisateurs déroulent progressivement le programme des festivités. Les énergies et les compétences ont été mobilisées pour faire de cette édition, initialement prévue en 2020 mais reportée à cause de la COVID-19, une réussite, dans un contexte de crise sécuritaire préoccupante.

L’évènement reste fidèle à ses principales articulations, avec en sus quelques innovations. Outre la foire commerciale, les spectacles du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL), les conférences publiques, les activités culinaires et sportives, la présente édition de la SNC enregistre la participation des Trésors humains vivants (THV) et la mise en tourisme de la ville de Sya avec des circuits bien définis. Au-delà des artistes locaux, la diaspora, qui a signé son retour depuis 2018, répond encore présent, avec la communauté burkinabè de Côte d’Ivoire en compétition dans les arts de la scène.

La SNC 2023 réunit 105 troupes et ensembles artistiques en arts du spectacle, 47 spécialités en art culinaire, 27 œuvres en arts plastiques, 189 lutteurs et archers et 127 manuscrits en littérature française. Plus de 600 000 festivaliers sont attendus à cette grande messe de la culture burkinabè qui n’a jamais démenti sa réputation. La crise sécuritaire, on peut le dire, n’a pas fondamentalement affecté l’engouement autour de la SNC. La biennale de la culture tient la route et montre que le Burkina Faso reste debout malgré l’adversité.

C’est la même résilience qui a été du reste affichée, à travers l’organisation récente du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) et du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). « L’organisation de cette édition montre que notre pays, le Burkina Faso, reste debout dans la résilience. Réunir la communauté culturelle dans toute sa diversité pour célébrer la biennale dans ce contexte, revient à magnifier les idéaux et les valeurs qui permettent de renouer avec l’histoire de notre pays (…) », a déclaré le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo.

La flamme de la SNC est maintenue, en dépit des moments difficiles. Il en sera ainsi les années à venir, vu la détermination des autorités à aller dans ce sens. La SNC est une institution, un héritage à préserver, peu importe les écueils auxquels la Nation fait face. Portée sous les fonts baptismaux en 1983, au début de la Révolution, par le capitaine Thomas Sankara, pour promouvoir la culture burkinabè dans toute sa diversité, la SNC a pris du galon. On est bien loin des réalités de la première édition, tenue du 20 au 30 décembre 1983 à Ouagadougou.

Les acquis de la SNC sont importants sur le plan culturel et économique. La biennale de la culture a révélé à la face du monde, des artistes-musiciens, tels Solo Dja Kabaco, le regretté Victor Démé ou encore le lutteur Athanase Moussiané alias « le taureau du Nayala », pour ne citer que ces noms.

Dans le domaine de la littérature, des plumes comme Bernadette Dao et les regrettés Patrick G. Ilboudo et Jean-Pierre Guingané se sont faits connaitre grâce à la SNC. Sur le plan économique, la manifestation permet de renflouer les caisses de l’Etat à chaque édition. Selon nos confrères de L’Economiste du Faso, la manifestation a généré plus de 250 millions F CFA de recettes, lors de la 19e édition en 2018. Si la SNC n’existait pas, il fallait la créer.

Kader Patrick KARANTAO

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