L’activité économique en 2022 : des hauts et des bas

Comme sur le plan sociopolitique, l’activité économique, sous l’effet de la conjecture nationale, régionale et internationale, n’a pas été un fleuve tranquille en 2022. Sidwaya, le journal de tous les Burkinabè, revient sur certains faits économiques et des chiffres qui ont marqué l’année écoulée.

A l’instar de nombre d’économies du monde, l’économie burkinabè a connu, en 2022, un certain nombre de contre-performances. La conjecture économique internationale, les tensions géopolitiques, la guerre russo-ukrainienne, les effets continus de la COVID-19, le contexte national par la double crise sécuritaire et humanitaire, la situation sociopolitique (deux coups d’Etat en une année), la hausse de l’inflation, ont eu raison de certains secteurs d’activités économiques au cours de l’année écoulée. D’une manière globale, selon le rapport du comité de suivi de l’économie et du développement, l’activité économique en 2022 au pays des Hommes intègres a connu une décélération de son rythme de croissance ; le taux de croissance projeté au cours de l’année précédente étant de 4,2% contre un taux de 6,9% en 2021.

« Cette performance serait attribuable aux secteurs primaire (+9,5%) et tertiaire (+6,4%). Quant au secondaire, il connaitrait un repli (-2,2%) », indique ledit rapport. Ce recul de la croissance globale par rapport à 2021 a eu un impact négatif sur bon nombre de secteurs. Au niveau du secteur de l’emploi, à fin octobre 2022, le nombre d’emplois créés, hormis les recrutements de la Fonction Publique, est estimé à plus 4 100, soit une baisse de 54% par rapport à fin octobre 2021. Le secteur de la construction s’est également inscrit dans la tendance baissière. Le nombre de dossiers de permis de construire reçus est de 801 à fin septembre 2022, contre 411 licences délivrées. Ce qui représente, en glissement annuel, une baisse respectivement de 8,9% et 32,7%. Mais cette contreperformance, selon le rapport, serait liée à la mise en place tardive des délégations spéciales des mairies. Le secteur de l’hôtellerie, durement affecté par la double crise sécuritaire et sanitaire, est encore loin de ses performances des années fastes. Au troisième trimestre de 2022, les arrivées dans les hôtels ont baissé de 7,7%, les nuitées de 8,9% et les recettes de 2,8%, par rapport au deuxième trimestre. Et en glissement annuel, les arrivées ont connu une hausse de 2,3% contre une baisse de 1,3% pour les nuitées et de 19,1% pour les recettes.

Le panier de la ménagère durement affecté

Au niveau de l’activité industrielle, les indicateurs de performance n’ont pas aussi été au beau fixe au premier semestre de l’année. Et la faible hausse de la production dans les industries de production et de distribution d’électricité et d’eau (+2,4%) par rapport au trimestre précédent n’a pas pu inverser la tendance baissière de l’indice global. L’un des faits marquants de l’année 2022, reste la montée de l’inflation caractérisée par la flambée des prix des produits de grande consommation. Selon le rapport du comité de suivi de l’économie et du développement, le taux d’inflation en moyenne annuelle à fin octobre est de 13,5% contre 3,3% en octobre 2021, soit une hausse de 10 points. Cette situation inflationniste, conjuguée à la double hausse du prix des hydrocarbures de 100 F CFA en mai et de l’ordre 30 F CFA en août 2022, a durement affecté le panier de la ménagère tout au long de l’année 2022.

Les Burkinabè n’oublieront pas aussi de sitôt la pénurie de carburant au cours de la dernière semaine de 2022 et qui a non seulement perturbé les fêtes de fin d’année mais aussi fortement l’activité économique déjà en berne, en ce traditionnel moment de bonnes affaires pour les commerçants. Pour ce qui concerne les échanges commerciaux, si à fin octobre 2022, les importations totales ont connu une augmentation de 89 milliards F CFA, soit un taux de 43%, les exportations totales ont pris la marche inverse en enregistrant une baisse de 19 milliards FCFA, soit un taux de régression de 9,3%. L’exclusion du Burkina Faso du programme AGOA (African Growth Opportunities Act) en novembre 2022 et la suspension du Millennium Challenge Account – Burkina Faso II en mars 2022, décidées par le gouvernement américain à la suite de l’arrêt de l’ordre constitutionnel font partie des faits de l’actualité économique qui ont fait couler beaucoup d’encre au pays des Hommes intègres. En rappel, le second Compact du MCC est un programme énergétique constitué d’une subvention du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique de 450 millions de dollars et d’une contribution du gouvernement du Burkina Faso d’un montant de 50 110 795 dollars.

La bonne performance dans la mobilisation des ressources propres

En dépit de ces différents chocs, l’année 2022 n’est cependant pas à tout peindre au rouge ou au noir. En effet, malgré le contexte national difficile, sur le triple plan sécuritaire, humanitaire et sanitaire, les différentes régies de recettes ont réussi le pari de la mobilisation des ressources internes pour faire face aux défis de la lutte contre l’insécurité et du financement des actions de développement. Sur une prévision initiale de plus de 1 140 milliards F CFA assignée à la Direction générale des impôts (DGI), elle a pu mobiliser plus de 1 240 milliards F CFA au profit du budget de l’Etat, soit une performance de recouvrement de 108%. Comparativement à 2021, le niveau de recettes fiscales a enregistré une hausse de l’ordre de 162 milliards F CFA, soit un taux d’augmentation de 15%. Au profit du budget des collectivités territoriales, la DGI a collecté 39 milliards F CFA sur une prévision de 43 milliards F CFA, soit un taux de mobilisation de 90%.

Quant à la Direction générale des douanes (DGD), pour plus de 772 milliards F CFA de recettes douanières à mobiliser, elle a fait entrer dans les caisses de l’Etat plus de 945 milliards F CFA, soit un taux annuel de réalisation de 122%. La Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) a aussi dépassé les objectifs de mobilisation de recettes qui lui avaient été assignés en 2022. Sur une prévision de 232 milliards F CFA, la DGTCP a mobilisé plus de 238 milliards F CFA, réalisant ainsi un taux de recouvrement de 102%. C’est donc au total, plus de 2420 milliards F CFA qui ont été mobilisés par les trois principales régies de recettes au profit du budget de l’Etat, exercice 2022. Dans l’objectif de booster la croissance nationale, l’année 2022 a également été une occasion pour le gouvernement burkinabè de poursuivre la mise en œuvre de sa politique de promotion de la consommation des produits locaux, en vue d’en faire un levier du développement endogène. C’est ainsi qu’en juin 2022, le ministère en charge du commerce a lancé la phase pilote de l’initiative « consommons local » qui vise à assurer un meilleure positionnement des produits made in Burkina dans les centres commerciaux et supermarchés. Ainsi 90 centres commerciaux, dont 50 centres à Ouagadougou, 20 à Koudougou et 20 à Bobo-Dioulasso, ont été sélectionnés pour conduire cette phase pilote.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

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