Eviter un chaudron

Après le rendez-vous manqué avec le gouvernement, l’Unité d’action syndicale (UAS) a rencontré l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP), le mardi 17 décembre 2019. Les rapports gouvernement-syndicat constituent à l’évidence un enjeu majeur pour la dernière année du mandat du président Roch Marc Christian Kaboré, qui est celle de la reddition des comptes. Le chef de l’Etat voudrait certainement accomplir cet exercice dans le calme, sans les bruits de coups de sifflets et de vuvuzelas du côté de la Bourse du travail.

L’apparente accalmie de cette fin d’année ne signifie pas la fin des revendications. L’exécutif le sait, d’où ses appels fréquents à une trêve sociale formelle. Mais comment parvenir à calmer des travailleurs, dont la déception et l’amertume se mesurent à l’aune des sempiternelles revendications ? La réponse pourrait se trouver dans la franchise dans le dialogue et la question sécuritaire.

Mais suffit-il de le dire, du moment où les acteurs en ont fait leur refrain tout en se mettant dans une posture d’opposition frontale ? Une partie dénonce du dilatoire tandis que l’autre appelle au patriotisme. C’est à croire que nous sommes dans un dialogue de sourd. A l’occasion d’un panel organisé le 16 décembre 2019 par le mouvement associatif « Citoyen du Renouveau », l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Mélégué Traoré s’est désolé de constater une « insouciance dangereuse » des Burkinabè par rapport à la situation de leur pays.

Certes, on ne peut pas demander à des travailleurs de se taire sur des injustices et autres inégalités qu’ils prétendent subir, encore moins lorsque c’est la loi qui leur confère ces droits. Mais il est quand même difficile de concevoir que durant quatre années, la qualité du dialogue soit le problème des différentes concertations au point que toutes les rencontres entre gouvernement et l’UAS fassent des étincelles si elles n’accouchent pas d’une souris. D’abord suspendus deux ans, sans raison officielle selon les syndicats, les rendez-vous de mai, juillet et décembre cette année ont tous été avortés. Le dernier épisode en date démontre à quel point la tenue même de ce cadre de rencontre, pourtant institutionnalisé, est devenue une quadrature du cercle.

D’une part, on dénonce l’indélicatesse d’une invitation frisant le manque de considération, de l’autre on s’impatiente face à un excès de frilosité. Il est temps pour les acteurs du dialogue social de s’élever au-dessus de leurs considérations particulières. Les syndicats donnent l’impression d’avoir pris cette voie lorsqu’ils se sont orientés vers l’APMP, majoritaire au Parlement, pour l’interpeller à mettre les intérêts du peuple dans l’adoption des lois.

Cette démarche est salutaire, surtout quand elle intervient, après que les élus ont adopté la loi de finances 2020 qui instaure l’application de l’Impôt unique sur le traitement des salaires (IUTS), sur les primes et indemnités des fonctionnaires, alors que les syndicats avaient fait de la suppression de cet impôt, un préalable à toute discussion. La loi ayant été adoptée, le gouvernement se doit de tendre une main sincère à ses partenaires sociaux, en examinant par exemple de vieux dossiers qui tiennent à cœur l’UAS, tels que la bonne gouvernance, la relecture de la loi portant Code du travail, l’Assurance maladie universelle, le Check-off, etc.

Fabé Mamadou OUATTARA

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