Le long chemin de la souveraineté

Ce 5 août 2021, cela fait 61 ans que le Burkina Faso, ancienne république de Haute-Volta, accédait à la souveraineté internationale. On a encore en mémoire cette voix de stentor de Maurice Yaméogo (premier président) qui résonne comme une piqûre de rappel à chaque date anniversaire. Ces attributs de la colonisation, dont nous nous sommes séparés, demeurent en nous, comme une marque indélébile. Le drapeau, à l’époque le Noir Blanc Rouge, avec pour hymne national La fière Volta, est devenu le Ditanyè, L’hymne de la victoire, par la volonté des fils du pays. Il y a la devise du pays, Unité-Progrès Justice, qui se dispute la prépondérance avec La patrie ou la mort, nous vaincrons. Les descendants de ceux et de celles qui ont refusé de courber l’échine, ont su transmettre ces valeurs de résilience pour un peuple d’hommes dits intègres. Cette expertise de peuple courageux et travailleur est reconnue chez nos voisins tels la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Mali. Aujourd’hui, le monde s’est ouvert aux Burkinabè, si ce ne sont pas eux-mêmes qui sont partis à la conquête du monde pour partager les valeurs humaines. Les Burkinabè cohabitent avec deux maux qui assombrissent leur quotidien et qui font l’actualité internationale : le terrorisme et la COVID-19.

Ces réalités montrent que le peuple burkinabè reste toujours dans l’option de compter sur ses forces, sur la solidarité nationale. La preuve, la posture du Burkina Faso dans cette lutte contre le terrorisme, dans son volet militaire, prend certainement exemple sur les premières décisions politiques de la Haute-Volta, nouvellement souveraine. L’on se souvient que la Haute-Volta avait été le seul pays du giron français qui a osé demander à Paris de « libérer » les camps militaires et refusé un « moratoire » voulu par l’ancien colonisateur. Aujourd’hui encore, les Burkinabè sont fiers de savoir que cette valeur souveraine reste de mise et est appliquée par le premier président civil de la république, Roch Marc Christian Kaboré, plus de cinquante ans après Maurice Yaméogo. Le Burkina Faso, dans le G5 Sahel, est le seul a refusé l’intervention de Barkhane sur son sol. C’est ce peuple-là qui a offert à l’humanité un fils prodige, le capitaine Thomas Sankara, un anti conformiste, l’une des personnes qui sait dire non. Alors les Burkinabè peuvent être fiers de l’héritage de nos devanciers. Mais le meilleur des héritages que nous devons laisser à nos enfants sera cette hauteur de vue sur des questions majeures tels la sécurité, la santé et le développement socio-économique.

Le 5-Août est à la fois ce miroir pour saluer les actes de nos parents, corriger, si ce n’est déjà fait, les travers. Et pour rester dans l’air du temps, la date anniversaire de l’indépendance doit être ce projecteur qui doit nous amener à l’essentiel. Le chemin, dans tous les cas, est long, et le contexte mondial de concurrence, de collusions montre que la lutte sera âpre. Ce qui commande un minimum de consensus, et nous oblige à ne pas regretter les Etats d’exception, parce qu’ils nous auront permis des avancées mieux que dans la diversité et la liberté de l’Etat de droit. Soixante-et-un ans après, les Burkinabè savent qu’ils sont condamnés à faire mieux que leurs devanciers, pour éviter la sanction de l’histoire.

Jean Philippe TOUGOUMA

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