Le voleur et le boutiquier chanceux

Après une soirée arrosée dans un maquis de la place, le 8 avril dernier, de 19h à 21h, R.K., un apprenti-chauffeur et le sieur Omar quittent le débit de boisson. « Il m’a demandé de l’accompagner chez son ami pour aller chercher ses habits. Arrivés vers Ouaga 2000, il est descendu de la moto et m’a dit de l’attendre. Quelques minutes après, il est revenu avec un sachet qu’il m’a remis. C’est quand on a voulu partir qu’une patrouille de police est arrivée et il a fui me laisser », a raconté R.K. à la barre de la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, hier mercredi 23 juin 2021.

Ledit sachet, a expliqué le tribunal, contenait 12 chargeurs de téléphones portables, deux paquets de bonbons, 60 boîtes de sardine, 10 paquets de cigarettes et un poste radio. Pour le président du tribunal, R.K. a pourtant reconnu les faits à la police, avouant que le sieur Omar avait même un arrache-clou avec lequel il a cassé la boutique à proximité de l’ambassade du Sénégal. « Il a été pris à 4 h du matin au lieu de 22h comme il le prétend », a-t-il dit. Les marchandises ayant été restituées au boutiquier, le prévenu a été condamné à 24 mois de prison ferme et une amende d’un million FCFA avec sursis.


Trois ans de prison pour un repris de justice

H.B. est docker de 38 ans au marché Sankara-yaaré de Ouagadougou. En 2014, il a écopé de 24 mois de prison pour faits de vol. En novembre 2019, il était encore devant la justice pour détention et consommation de drogue, mais il a été relaxé. Le mercredi 23 juin 2021, H.B. comparaissait une fois de plus, pour vol de deux téléphones portables et de numéraire de 100 000 F CFA, mais aussi pour détention, consommation et vente de cannabis. Les faits remontent au mois d’avril dernier. Ce jour-là, H.B. a accosté un passant pour lui proposer de la drogue en vente. Ayant décliné l’offre, celui-ci s’est vu violenté par deux autres personnes qui, en plus de H.B., lui ont retiré ses deux téléphones et une somme de 100 000 F CFA. Ce dernier va appeler la gendarmerie qui lui a demandé d’appeler la Police secours. De manière discrète, la victime a conduit la police à H.B. qui sera interpellé avec en sa possession, un sachet contenant 37 boules de drogue.

Devant les juges, H.B. à nié les faits. « On a fini de décharger de l’engrais et on était en train de causer au pied d’un immeuble. Quand la police a débarqué, tout le monde a fui. Dans la débandade, un sachet est tombé et je l’ai pris », a-t-il expliqué. « Il n’a pas ramassé le sachet. On ne peut pas fuir et avoir le temps de ramasser un sachet. Il a été pris avec le sachet et a été formellement reconnu par la victime du vol qui a conduit la police à lui », a rétorqué le procureur. Au regard de son passé carcéral, le parquet a demandé au tribunal de sévir « pour protéger notre société contre ces genres de personnes ». Il a donc requis 48 mois de prison et un million FCFA d’amende fermes. Ayant eu la main moins plus lourde que le ministère public, le tribunal a condamné H.B. à 36 mois de prison et une amende d’un million F CFA, le tout ferme.


Il force son père à vendre la cour familiale

R.B. (31 ans), son petit frère et leur géniteur étaient face à la justice, le mercredi 23 juin 2021 à Ouagadougou. Les deux derniers accusent R.B., célibataire sans enfants et menuiser de profession, d’avoir détruit, le 7 avril dernier, dans le quartier Boulmiougou de Ouagadougou, les murs des toilettes familiales, d’avoir menacé son petit frère avec un poignard, s’il ne se joignait pas à lui pour mettre la pression sur leur père afin qu’il vende sa cour. R.B a même blessé son petit frère en le mordant au doigt. A la barre, R.B. a nié tous les faits. Il a expliqué que c’est le vent qui a terrassé le mur des toilettes, qu’il a plutôt effrayé son petit frère et qu’il l’a terrassé dans une altercation, mais qu’il ne l’a pas mordu.

Son père a pourtant expliqué qu’il s’en prend à tout le monde, y compris lui-même et a même proposé de vendre la cour à 40 millions F CFA pour acheter deux autres parcelles ailleurs pour y construire. Quant au petit frère, il a accusé R.B. de consommer des stupéfiants (Tramadol). « Il a même reconnu qu’il a arrêté de prendre la drogue », a précisé le procureur qui a requis que R.B. soit condamné à 36 mois de prison « afin de permettre au papa et au petit frère de respirer ». En premier ressort, il a été écopé de 18 mois fermes, 500 000 F CFA d’amende avec sursis et au paiement de 30 000 F CFA comme frais des soins de son petit frère.


D’une prière de délivrance à la MACO

Ayant amené sa compagne, le 3 avril dernier au stade du 4-Août à Ouagadougou, pour une prière de délivrance, selon son propre témoignage, J.W.S., carreleur, célibataire de 37 ans et père de deux enfants, s’est retrouvé à la barre de la Chambre correctionnelle du TGI de Ouagadougou, le 23 juin 2021, pour vol de quatre téléphones portables. Reconnaissant d’entrée les faits, il s’est ensuite rétracté, expliquant qu’une personne qu’il connaissait, « mais pas profondément », lui a confié un sachet contenant quatre portables, à la porte n°1 du stade pour aller faire ses ablutions, avec la promesse de lui donner un téléphone à son retour. « Trois minutes après, les gens sont venus me dire que j’ai volé le sachet de portables », a-t-il ajouté. Pour le tribunal, ce que J.W.S. dit ne tient pas la route.

« Celui qui vous a remis le sachet n’a-t-il pas de poche ? Pour avoir gardé un sachet, le temps que quelqu’un fasse ses ablutions, suffit-il pour qu’on vous donne un téléphone ? Tantôt vous dites qu’il s’appelle Kôrô Cool, tantôt il s’appelle Ladji … », lui a-t-il reproché. Pour le procureur, J.W.S. n’est pas cohérent dans ses propos surtout que celui qui lui aurait remis les téléphones n’a pas été retrouvé. A l’entendre, J.W.S. est simplement un voleur qui a été pris avec son butin. Ayant requis de le maintenir dans les liens de prévention, il a demandé de le déclarer coupable et de le condamner à 24 mois de prison et une amende de 500 000 F CFA, le tout ferme. Le tribunal, qui l’a effectivement reconnu coupable et l’a condamné à 12 mois de prison fermes et à payer une amende de 500 000 F CFA aussi ferme.

Rassemblés par
Jean-Marie TOE

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